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Sénat : 3ème mandat pour Thani Mohamed Soilihi qui prend la vice-présidence de la Commission des Lois

Dix jours après les dernières sénatoriales qui ont vu sa reconduction et sortir des urnes son nouveau partenaire Saïd Omar Oili au Palais du Luxembourg, nous faisons le point avec le sénateur Thani Mohamed Soilihi sur les nouveaux défis qui l’attendent alors que viennent d’être allouées les Commissions thématiques.

En tête aux 1er et second tour, à peine élu, Saïd Omar Oili nous avait livré sa priorité d’action sur une croissance démographique impactant tous les secteurs à Mayotte. Nous n’avions pas encore interrogé le sénateur sortant réélu pour un 3ème mandat sur le profil de ce nouveau binôme mahorais. Un indice : ils sont allés main dans la main rencontrer la première ministre pour en rajouter une couche sur le contexte mahorais, « Nous sommes face à une crise majeure sur un territoire français, avec la crise de l’eau à Mayotte », qui a fait ce jeudi des annonces très attendues par la population, dont le paiement des factures et une livraison plus soutenue de bouteilles d’eau. Une avancée majeure obtenue par le nouveau binôme.

Les dernières sénatoriales ont encore des répercussions dans les appareils politiques à Mayotte. Quelle analyse peut-on dégager des alliances politiques qui ont permis votre élection alors que l’appartenance au parti présidentiel n’était pas un ‘plus’ ?

Thani Mohamed Soilihi : Mon électorat naturel est surtout ancré dans les communes de Ouangani, Bandrélé et Acoua, des MDM qui avaient aussi donné leur voix à Nadjim Ahamada au 1er tour. Le format des sénatoriale est plus compliqué, car l’ensemble de l’île est concerné, contrairement aux législatives où le territoire est partagé en deux cantons. J’ai bénéficié bien sûr du désistement de Nadjim Ahamada, mais j’ai également rassemblé sur mon bilan que j’ai porté à la connaissance des Grands électeurs chaque année. C’est rassurant de savoir que ça compte, malgré tout ce qu’on peut dire, car les avancées sur le foncier par exemple, c’est transpartisan. Enfin, nous avons reçu beaucoup de voix du LR Abdoul Doukaïni, qui a réglé des comptes avec Zaïdou Tavanday.

Un sénateur s’en va, qui, bien que silencieux, a constamment été à vos côtés, un autre arrive. Comment allez-vous travailler ensemble ?

Chaque année, le sénateur publie son bilan. Ici en 2014

Thani Mohamed Soilihi : Nous savons maintenant que Saïd Omar Oili intègre notre groupe RDPI, Rassemblement des Démocrates, progressistes et Indépendants*, au Sénat, donc bienvenu à lui. C’est une bonne chose car au Sénat comme à l’Assemblée nationale, une seule personne ne pèse rien, c’est le groupe qui fait la force, même si nous sommes 4ème en nombre de sénateurs. En termes de collaboration, nous allons vers un format au moins égal à celui que nous avions adopté avec Hassani Abdallah, nous avons toujours œuvré ensemble, aucun n’a jamais piégé l’autre. Tous les deux ont été maire, mais Saïd Omar Oili est un bon connaisseur des collectivités ce qui va encore mieux alimenter notre travail parlementaire.

Vous aviez déjà travaillé ensemble sur le mémorandum de la fiscalité locale lorsqu’il était président de l’association des maires.

Thani Mohamed Soilihi : Oui, mais au Sénat, ce qui donne le « la », c’est l’agenda parlementaire. Or, nous avons le projet de loi Mayotte qui se profile, il faut préparer sa présentation et en profiter pour faire passer des avancées pour Mayotte.

Un travail est en cours sur le projet de loi Immigration ?

Thani Mohamed Soilihi : Quand il avait été déposé au Sénat la première fois, j’avais déposé un amendement sur les titres de séjour territorialisés. Là, je travaille sur un amendement pour rendre plus efficace mon acquis sur la limitation du droit du sol lors de la naissance d’un enfant. Un doute subsiste sur l’obtention de la nationalité pour ceux dont les parents n’ont pas été en situation régulière trois mois avant sa naissance. Si théoriquement il ne peut l’obtenir, il faut voir si concrètement, en restant longtemps sur le territoire, et en donnant naissance à un enfant ensuite, ce dernier ne peut bénéficier de la nationalité française. Il faut vérifier les conditions d’application de ce double droit du sol y compris dans les cas de regroupement familial. D’autre part, il faut une étude d’impact de la mesure, qui n’a jamais été faite.

En 2016 il accompagnait une mission de sénateurs de tous bords politiques sur le foncier Outre-mer

On connaît depuis ce jeudi les composantes des commissions. Où allez-vous siéger ?

Thani Mohamed Soilihi : J’intègre de nouveau la Commission des Lois, et cette fois en tant que vice-président, ainsi qu’à la Délégation sénatoriale aux Outre-mer. Je suis content de poursuivre en Commission des Lois qui voit passer une grande majorité des textes, chaque année et qui est compétente pour l’étude des lois, des libertés publiques, de l’organisation judiciaire ou encore des collectivités. Plusieurs sujets concernant les Outremer et donc Mayotte y sont régulièrement traité. Ce matin par exemple, notre premier texte examiné était une proposition de loi « renforçant, la sécurité des élus locaux et la protection des maires ». Je compte persister dans mon assiduité, car c’est la meilleure manière à mon avis d’être crédible et d’augmenter le ‘taux’ d’écoute de mes collègues quant aux réalités et préoccupations mahoraises. Continuer à représenter nos territoires à la Chambre Haute** en occupant de telles responsabilités est un honneur et une fierté qui m’obligent.

Vous vous installez dans la fonction, toujours avec un pied à Paris et un pied à Mayotte ?

Avec l’éphémère ministre des Outre-mer, Yaël Braun-Pivet, propulsée à la tête de l’Assemblée

Thani Mohamed Soilihi : Le travail, c’est surtout à Paris qu’il se mène pour un parlementaire. C’est là que c’est important d’avoir une bonne suppléante*** ou un bon suppléant, car c’est elle ou lui qui va faire le lien avec Mayotte, qui va travailler sur place et nous faire remonter les priorités.

Propos recueillis par Anne Perzo-Lafond

* Le groupe RDPI est composé de 22 sénateurs, dont 10 sont de l’Outre-mer

** Autre nom du Sénat

***Salama Rabia est la suppléante du sénateur

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