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Mamoudzou

ADIM : Ils sont acteurs du développement de Mayotte

Pour sa 4ème édition, « Mayotte acteur de son développement » a eu droit à quelques discours volontaires. Peu habituels dans ce type de manifestation d’alignement des stands, surtout que, nous avons pu le vérifier, ils étaient suivis d’effets.

Ils et elles s’appellent Charabati, Issihaka, Emiline ou Nassima, et ont en commun d’être entrepreneurs à Mayotte. Ils présentaient leur activité ce jeudi 21 septembre à l’appel de l’Agence de Développement et d’Innovation de Mayotte (ADIM) du conseil départemental, à l’origine de « Mayotte acteur de son développement ». Un évènement destiné à « mettre à l’honneur les entreprises qui façonnent notre territoire, qui sont source d’emplois, et susceptibles de répondre aux axes de consommation du fonds européen régional INTERREG », expliquait au micro sa présidente Zamimou Ahamadi depuis le chapiteau de la place de la République.

« Coopération entre les acteurs » et « partenariat », répondait Rachadi Saindou, président de la CADEMA, qui égrenait les infrastructures sortant peu à peu de terre pour épauler les entreprises : la Technopôle de Dembéni,  le PLUI d’aménagement des communes de Mamoudzou et Dembéni, le FabLab à Kawéni, la darse de Mtsapéré, etc.

A droite, Bibi Chanfi et Zamimou Ahamadi, lors de l’inauguration de « MAD »

Le relationnel, c’est en effet ce que la majeure partie des 40 entreprises, associations ou collectivités représentées font valoir, « ‘Mayotte acteur de son développement’, c’est une vitrine pour faire connaître les services de nos communautés de communes, alors que beaucoup d’habitants vont encore voir le maire », indiquaient les représentants de la 3CO. Les moins connus comme Maison Snoezelen, du concept hollandais d’apaisement sensoriel, ou le cabinet. Conseil Pepites Optimum côtoient Oudjerebou, l’Adie, la BGE, la CC Sud, le GIP Europe à Mayotte, les banques.

Faire le touriste, un défi à Mayotte

Un secteur à la fois porteur et victime de nombreux freins, le tourisme, était représenté, où beaucoup reste à faire, témoigne Harouna Attoumani, gérant et fondateur de Baobab Tour. « Les projets à l’international de l’ADIM nous intéressent en raison du potentiel touristique de Mayotte, toujours sous-valorisé dans la région. » Rappelons que le concept des Iles Vanilles avait été créé en regroupant 6 îles de l’Océan Indien, Les Seychelles, Maurice, La Réunion, Mayotte, Comores, et Madagascar, pour booster des activités notamment en binôme d’activité (rando et lagon, par exemple), mais les deux premières largement plus structurées que nous dans ce domaine, règnent en maître pour l’instant. Seules les croisières nous permettent d’exister au sein de la structure, « à ce sujet, nous recevons notre premier paquebot de 2.000 passagers le 17 novembre », rapporte celui qui est aussi président de l’office de tourisme intercommunal au bureau de la 3CO. Qui cherche à proposer des solutions touristiques contournant la délinquance tout en boostant son territoire : « Il faudrait mettre en place des pontons flottants tout autour de l’île, à Musicale Plage, à la Cascade de Soulou, etc. Ça permettrait aussi de développer les navettes maritimes. »

L’encaissement en un clic, avec MayGestCaisse, explique Nissoiti Halidi

Pour la vice-présidente du conseil départemental Bibi Chanfi, chargée du Développement économique et de la Coopération décentralisée, la crise de l’eau doit être un prétexte, elle lançait un appel : « ‘Mayotte acteur de son développement’ arrive à point nommé pour mobiliser nos ressources territoriales, régionales et nationales, et croiser nos idées pour faire sortir Mayotte de cet enlisement social et économique. Je demande à tous ceux qui ont un projet structurant de production d’eau de se faire connaître, le département est là pour vous accompagner, nous avons des outils financiers ». Nous avons cherché à en savoir plus : « Nous sommes en train de figer l’enveloppe de notre budget dédiée à ça, pour financer ou cofinancer ces projets ».

Les petits commerçants découvrent la caisse numérique

Une entreprise MayExperinfo, a bénéficié d’accompagnements du CD et de l’ADIM qui l’ont aidé à se développer. Créé en 2013 par l’ingénieur Issihaka Halidi et sa femme Nissoiti, son cœur de métier est la création de logiciel, et la programmation pour l’automatisation des tâches, nous explique la chef d’entreprise : « Nous avons fait le constat qu’à Mayotte, les commerçants utilisent toujours les cahiers de recettes. Mon mari a donc eu l’idée de créer un logiciel de caisse sécurisé, MaygestCaisse qui facilite l’encaissement et automatise tout un tas de données, les ventes, les référence d’articles, le chiffre d’affaires journalier, etc. Tout ce que demande le comptable ! »

L’entreprise a déjà équipé une cinquantaine de professionnels un peu partout dans l’île, des petits doukas, des boutiques de vêtements, des superettes, des quincaillers, des restaurateurs, des artisans, « nous les formons dans leur langue de prédilection étant donné que le logiciel propose le français, le shimaore, le kibuchi, et prend également en compte les caractères arabes. » Un partenariat est également noué avec la couveuse d’entreprises Oudjerebou. Pour l’acquérir, deux options, le louer à raison de 45 euros par mois, ou l’acheter (650 euros).

Une quarantaine de stands sont déployés jusqu’à ce soir place de la République

Et le jeune couple d’entrepreneurs ne s’est pas arrêté là, en créant un logiciel de facturation pour sensibiliser les entrepreneurs à la digitalisation. Trois types de forfait sont présentés, de petits services pour une petite structure à des bons de livraison ou des relances clients automatisées pour les plus gros. Ils proposent également un cyber espace en Petite Terre et espèrent en créer un en Grande Terre.

Pour coller aux discours des élus, elle rapporte que MayExperInfo a été retenue à un « appel à projets internationalisation » de l’ADIM, et a ainsi pu se rendre à Madagascar, « nous avons pu rencontrer des revendeurs de logiciel qui vont nous servir de relais sur place », avec une opération identique lancée sur Grande Comore. Ils ont également gagné un prix du Challenge national du Commerce et des Services de CCI France, et ont reçu un avis favorable du CD sur un appel à projet innovation.

Heureusement que le relationnel entre les entrepreneurs est privilégié car peu de visiteurs de l’extérieur du moins pour cette première matinée.

Plusieurs tables rondes sont organisées jusqu’à ce vendredi soir sur l’accompagnement et la montée en compétence des entrepreneurs mahorais, et sur les financements disponibles aux niveaux local et international.

Anne Perzo-Lafond

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