30.8 C
Mamoudzou
samedi 27 avril 2024
AccueilEnvironnementOn touche le fond à Mtsapéré et c'est tant mieux !

On touche le fond à Mtsapéré et c’est tant mieux !

Intervention en fin de semaine dernière de la société Ceres, spécialisée dans les conjointes recherche et expertise sous-marines qui avait pour mission de cartographier de manière globale le chenal d’accès ainsi que les moindres contours de la darse de Mtsapéré. 

Connu pour la densification de ses embarcations, son activité halieutique et traditionnelle de manière globale mais également son impressionnant envasement à marée basse, on peut dire que la mouvance des pêcheurs de Mtsapéré est plutôt restreinte et complexe au regard de la configuration actuelle de leur petit port. C’est très simple, dès que les eaux de notre lagon commencent à tirer leur aquatique révérence, le temps s’arrête et plus personne ne bouge. Une délicate configuration que la Cadema a également inscrite dans son plan modernisation et rénovation grand tout, propre à son littoral, qui implique donc l’élaboration future d’un vrai ponton de pêche tenant justement compte des problématiques actuelles.

Vu du dessus, on se rend bien compte que la darse de Mtsapéré mérite un gros coup de fraicheur mais surtout un vrai accès maritime et ce, même à marée basse pour aussi faciliter le développement économique et portuaire de la zone
(Vision satellite/Google Earth)

Pour patauger dans la gadoue…

Avant d’envisager quoi que ce soit comme grandes lignes d’un chantier maritime, il est évident qu’une complète visibilité se doit d’être, partie immergée de l’iceberg mahorais inclus. Du moins partie vaseuse et ce, grâce à un précis état des lieux. Pour ce faire, c’est là que l’entreprise d’origine normande Ceres intervient.

Pendant que certains mouillent le maillot, les équipes Ceres s’enfoncent dans la vase…

Plutôt coutumière des courants revigorants du Grand-Nord hexagonal, il n’en demeure pas moins que son expertise est sollicitée à travers les eaux chaudes et internationales du globe et Mayotte n’est pas une première : « Nous étions déjà venus l’an passé pour sonder toute la partie portuaire de Longoni et assurons d’ailleurs 2 missions distinctes cette fois-ci, dont celle de Mtsapéré. Nous rentabilisons légitimement les déplacements et condensons au maximum notre travail. Nous avons été notifiés en mai dernier de l’obtention de ce marché. Au regard des besoins, il a été évalué qu’il serait bien plus pertinent pour nous d’attendre ce calendrier des hautes marées pour justement pouvoir mettre en place tous les moyens techniques dont nous avons besoin » nous explique Marie Sciboz, directrice de l’entité concernée et hydrographe 1er classe.

L’équipe Ceres au complet (de g. à d.) Eliott Majorel, Alexandre Chesne, Marie Sciboz et Djamil Attoumani

C’est donc les pieds bien enfoncés dans le fertile limon, et plus si affinités, que nous retrouvons notre équipe en train d’installer le matériel. Il n’y a pas intérêt à être fangophique*, c’est moi qui vous le dit ! Au programme de ce vendredi après-midi qui suscite l’interrogation des badauds — ça n’est tous les jours qu’on voit des mzungus jouer les Petula Clark** dans la bouillasse du lieu-dit— c’est atelier acoustique et sondage de sédiments.

Ce sondeur de sédiments sera immergé à une vingtaine de centimètres en dessous de la surface. La complexité de cette cartographie portuaire de Mtsapéré étant la faible profondeur alliée à des obstacles plus ou moins invisibles, notamment les déchets et racines de mangroves. Pour naviguer et mesurer ces fonds, une personne de l’équipe est bien souvent obligée de se mettre à l’eau.

Le but étant de cartographier au plus précis tous les pourtours de la darse, respectant de surcroit l’écosystème ambiant composé de petites aires de mangroves. Une configuration très loin d’être facile y mêlant également les embarcations amarrées çà et là sur zone qui, ’’normalement’’, auraient dû être déplacées/retirées le temps de l’intervention. C’est un peu dans les starting-blocks, attendant les premières rentrées d’eau qu’Alexandre Chesné, chef de projet, finit les derniers préparatifs : « En plus du calcul évident de la hauteur de l’eau, notre travail se porte là sur l’évaluation de celle de la vase. Le sondeur de sédiments enregistre en continue en même temps qu’il envoie des fréquences, il dessine des lignes qui permettront de tracer un profil des fonds. Le but étant justement de trouver la partie dure sous tout cela ». Une mission qui n’est pas des moindres et qui relèverait presque de l’approche archéologique au regard de l’aspect trouble voire parfois visqueux de l’eau et de tout ce qui se trouve en dessous…

Exemple de cartographie de sédiments réalisée par ondes acoustiques. Les ondes se réfléchissent sur l’obstacle (illustration / DR Ifremer)

Et c’est pas fini !

Dans cet état des lieux sous-marin relevant donc de la partie intra-portuaire, se greffe également tout le pourtour extérieur définit dans le cahier des charges initial, relatif à la zone d’accès du petit port. Un pourtour et/ou chenal dont il est important d’avoir des éléments précis et actualisés en termes de profondeurs. Pour cette étape, il est utilisé un sondeur bathymétrique qui, grâce à son système acoustique et moderne multifaisceaux permet en un seul passage de tracer et mesurer une cartographie plutôt limpide du relief immergé; hauteur d’eau incluse et ce, quel qu’en soit l’indice de la marée, justement grâce à une correction automatisée des données.

Visualisation graphique et colorimétrique des données bathymétriques

Ce genre de relevés est extrêmement important lorsque l’on décide d’entreprendre des travaux sous-marins mais également en navigation et d’autant plus dans une manoeuvre technique quasi millimétrée comme il est cas à Longoni; unique port commercial de notre territoire qui centralise toutes les arrivées maritimes et massives des marchandises. En ce sens, l’autre mission de ces techniciens Ceres, indépendamment de celle en cours, se centralise donc de nouveau au nord de notre île, afin de mettre à jour toute la cartographie bathymétrique de la zone portuaire dont la capitainerie a indiscutablement besoin. Sans pour autant être marin, si l’on sait qu’à tel endroit le fond est de 30 mètres et que mon tirant d’eau*** plutôt chargé est de 29 mètres, j’attendrai peut-être que la marée soit plus haute ou je passerai légèrement ailleurs !

Cartographie bathymétrique 3D de reliefs sous-marin (illustration/DR/Ceres)

Pour notre pré-étude Mtsapéré destinée aux services de la Cadema, c’est donc un rapport technique, analysé et complet qui sera transmis d’ici un mois afin de pouvoir l’inclure dans le maillage du projet global à venir. Dans cette idée de facilitation d’accès des pêcheurs mais aussi de modernisation et embellissement de la zone, la logique prochaine étape se voudrait géotechnique en vue de curer et draguer ce massif amoncellement vaseux, plutôt paralysant pour nos usagers actuels, afin de leur offrir ce joli port tant espéré, tant aspiré, eau incluse et ce, même pendant la basse marée. À l’image d’un sous-marin, la Cadema poursuit dans l’ombre ses divers et nombreux chantiers pour l’amélioration de la qualité de vie de ses concitoyens mahorais.

MLG

* Fangophique se dit d’une personne qui a une peur viscérale et exagérée de la boue

** Petula Clark était la chanteuse du célèbre titre écrit par Serge Gainsbourg en 1966 : La Gadoue

*** Le tirant d’eau est la profondeur nécessaire à la flottaison normale d’un bateau. Il s’agit de la partie verticale immergée de sa coque

Derniers préparatifs avant l’arrivée des prémices de la marée haute; signal de départ du travail de mesures

En plus du travail bathymétrique de la darse et du sondage de sédiments acoustique, il a également fallu compléter les relevés des données par des mesures manuelles au fer à béton notamment sur les pourtours des mangroves difficiles d’accès à la navigation et pour les outils informatisés

 

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

l'actualité

+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours

Éducation : Poursuivre ses études supérieures à Mayotte grâce au campus connecté

0
La seconde phase de construction du campus connecté d’Hajangoua a été inaugurée hier en présence de représentants de la Cadema, du Rectorat, de la CCI ou encore de la commune de Dembéni. Équipé dorénavant d’une cafétéria et de salles de travail, il devrait pouvoir accueillir 40 étudiants à la rentrée prochaine.
Courses, pneus, Mamoudzou, Mtsapéré

Une course de pneus à Mtsapéré aura lieu dimanche 28 avril

0
Dimanche 28 avril 2024, la Ville de Mamoudzou organise une course de pneus communale de 8h à 12h dans les rues de M’tsapéré

Environnement : La Cadema récompensée lors du concours des « Outre-mer durables »

0
Le 9 avril dernier s’est déroulée la 33e cérémonie de remise des Trophées Éco Actions et du concours des « Outre-mer durables », organisée par l’association Les Éco Maires. La Cadema a été récompensée à deux reprises en obtenant le premier prix du concours « Les outre-mer durables 2023 », ainsi que le prix de citoyenneté de la 33e édition des « Trophées Éco Actions ».
INTERREG VI, Mayotte, Cavani, migrants, port

Stade de Cavani, coopération régionale et tarifs portuaires au programme du CD

0
La séance plénière, c’est le moment où les élus mettent au vote les évènements marquants de la vie du Département. Celle de ce mardi n’a pas dérogé

Bientôt un nouveau faré à Hajangoua

0
Le Président de la Cadema, Rachadi Saindou, a effectué la pose de la première pierre du faré de la rue Mwanzani à Hajangoua hier, jeudi 28 mars. La construction de ce faré s’inscrit dans...

Recent Comments