C’est en présence du préfet de Mayotte, Thierry Suquet, que le recteur, Jacques Mikulovic a visité hier matin l’école élémentaire de Tsingoni ainsi que le collège. L’objectif était de s’assurer que la rentrée scolaire se faisait dans de bonnes conditions mais aussi de rassurer en dépit des problèmes d’approvisionnement en eau que connait notre territoire. « J’ai invité le préfet à m’accompagner car je sais qu’il est sensible aux question éducatives », indique le recteur. Après avoir visité les deux sites de l’école primaire, le préfet et le recteur se sont rendus au collège où ils ont assisté au discours de rentrée de la principale, Véronique Fabre, rappelant aux élèves leurs droits et leurs devoirs mais aussi que « la République française est laïque et qu’il ne doit y avoir aucun signe visible de la religion au sein des établissements scolaires, seul le kichali est autorisé ».
Le nombre d’enseignants est supérieur à l’année dernière à la même époque
C’était un des objectifs de la Première ministre, Élisabeth Borne, pour cette rentrée scolaire « qu’il y ait un enseignant devant chaque enfant ». Concernant le nombre de professeurs, le recteur assure qu’il y en a assez pour encadrer l’ensemble des élèves. « Cette année, à ce jour, il nous manque actuellement 40 enseignants du 1er degré et environ 80 dans le secondaire, sachant que 68 se sont désistés au cours de la semaine dernière et que nous avons autorisé 35 professeurs à participer aux Jeux des Îles de l’Océan Indien (JIOI). Les chiffres seront stabilisés d’ici fin septembre car d’autres professeurs vont arriver aujourd’hui, demain et les autres jours car tous n’ont pas encore eu leur affectation définitive. Il y a encore quelques petits réglages et ajustements mais je suis confiant ».
Lors de sa présence au collège de Tsingoni, le recteur en a profité pour rappeler aux élèves le rôle de l’école et les principes fondamentaux à respecter. « Le rôle de l’école est d’apprendre des choses, d’être éduqué, et de vivre ensemble au travers de règles communes. Pour cela il faut maitriser la langue française à l’écrit et à l’oral, c’est une exigence indispensable pour la réussite. L’école c’est aussi le savoir-être que sont la politesse, la ponctualité et les règles de vie collective ». Thierry Suquet y est allé aussi de son petit laïus : « Vos professeurs s’intéressent à chacun d’entre vous… Il faut avoir de la constance et de l’abnégation pour se lever tous les matins afin d’aller en classe, car c’est important pour vous, a-t-il dit aux élèves. L’école c’est aussi un endroit où l’on vit ensemble et où l’on apprend à se connaître ».
L’approvisionnement en eau dans les établissements, une source d’inquiétudes
« La situation est très compliquée mais nous allons tout faire pour maintenir les écoles ouvertes et accueillir les enfants. Aussi, nous avons équipé les établissements en cuves afin de pouvoir fournir de l’eau pour les sanitaires. C’est en moyenne 3.000 litres d’eau qui sont stockés pour permettre de tenir la journée », explique le recteur. Concernant l’approvisionnement en eau potable, le préfet Thierry Suquet assure que tous les établissements se trouvant sur « le chemin de l’eau » ne seront pas coupés. Pour les autres établissements, le préfet indique « qu’il n’y aura pas de coupures dans les établissements du secondaire ainsi que dans une grande partie du primaire autant que possible. Notre objectif est d’éviter les coupures pour maintenir la continuité scolaire et éducative qui est une priorité. Si la situation devait se dégrader, des distributions de gourdes seront organisées dans les établissements touchés par les coupures, en fonction des besoins. Enfin, une distribution de bouteilles d’eau dans les écoles concernées pourrait être envisagée en cas d’extrême nécessité, en fonction de l’avancement de la situation, mais ce n’est pas encore à l’ordre du jour », a-t-il ajouté.
Le collège de Tsingoni expérimente de nouvelles façons d’enseigner
Des mesures spéciales ont été mise en place au collège de Tsingoni pour favoriser la réussite des élèves comme l’a expliqué Véronique Fabre, la principale. « Nous voulons amener et accompagner chacun de nos élèves au plus haut niveau, vers l’excellence. Pour cela nous avons recomposé les classes en groupes de besoins avec des heures supplémentaires », raconte-t-elle. Ainsi toutes les classes de 6e ,5e et 4e auront des heures en plus sur l’apprentissage des savoirs fondamentaux en mathématiques et en lettres. Les élèves seront accompagnés sur leur travail personnel et auront l’obligation de lire des contes au moins deux heures par semaine. Pour favoriser cet apprentissage le CDI (centre de documentation et d’information) et des salles de classe ont été aménagés à cette fin. En plus de cela, les classes de 5e et 4e seront des classes avec des options comme le théâtre, la robotique, etc. Les élèves auront ainsi plus de choix et pourront approfondir leurs spécificités.
Pour les classes de 3e, un travail sera fait sur l’orientation professionnelle et générale. Les élèves qui ont été « repérés » en 4e pourront découvrir certains métiers de la filière professionnelle, ils auront ainsi des cours spécifiques et pourront choisir leur orientation en fin de 3e. De plus, toutes les classes de 3e générales auront deux heures de « devoirs personnels maison » en plus dans leur emploi du temps. « Le but est de les préparer pour le lycée et de les aider à gagner en maturité et en autonomie », explique la principale. Enfin, le dispositif « excellence mathématiques » sera reconduit pour les élèves volontaires avec des ateliers dédiés le mercredi ainsi que la mise en place de demi groupes dans certaines matières, notamment les sciences. La volonté de l’État et de l’Éducation nationale est de reprendre ainsi les fondamentaux et « d’en finir avec l’absence de maitrise du français et des maths au lycée », souligne Thierry Suquet.
Enfin, même si le recteur n’a pas encore pu s’entretenir directement avec le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, il rencontrera prochainement, le 7 septembre, sa directrice de cabinet. « J’ai eu sa directrice de cabinet mardi au téléphone pour faire un point sur la rentrée et nous avons convenu d’une rencontre officielle le 7 septembre. Après sa nomination le ministre a regroupé l’ensemble des recteurs… Il est dans la continuité politique du Président de la République, avec toutefois une appétence plus forte pour l’ordre et la rigueur. Il souhaite également impliquer davantage les parents dans la réussite éducative et l’accès à l’école », précise le recteur.
Quant aux propos du ministre tenus à La Réunion la semaine dernière sur « l’immigration mahoraise », Jacques Mikulovic, en bon ancien rugbyman, botte en touche : « Le ministre a eu l’occasion de s’expliquer là-dessus. Il faut remettre les choses dans leur contexte, le discours qu’il a tenu est sans doute le reflet de ce que pense un bon nombre de Réunionnais qui s’inquiètent de la présence d’autres personnes, souvent étrangères, sur leur territoire. Là-bas aussi la densité de la population augmente fortement ». Mais au-delà de cette polémique Jacques Mikulovic déplore surtout que les Mahorais désertent Mayotte pour faire leurs études. « Certains Mahorais envoient leurs enfants à La Réunion ou en métropole pour leurs études car ils n’ont pas confiance dans le système mahorais. Je souhaite que les Mahorais puissent poursuivre tout leur cursus scolaire à Mayotte ».
B.J.