La couveuse Oudjerebou existe à Mayotte depuis 2010 et appartient au réseau national des couveuses d‘entreprises. Ses principales missions sont de soutenir les créateurs et les repreneurs d’entreprises mais aussi d’accompagner les porteurs de projets. Aussi, pour cette deuxième édition du concours « Mon quartier entreprend », dont l’objectif est de mettre en valeur les porteurs de projets issus des quartiers prioritaires, les candidats présélectionnés avaient suivi au préalable une semaine de formation avec différents modules comme la gestion d’un budget, la mise en place d’un business model, ainsi que la présentation de leur projet devant un jury composé pour cette occasion du maire d’Acoua, Marib Hanaffi, d’un représentant de la commune de Mtsamboro, du représentant du préfet de Mayotte, Michel Santoro, et d’une conseillère pôle emploi.
Aussi comme l’a rappelé la présidente d’Oudjerebou, Farrah Hafidou, dans son discours d’introduction, « Grâce à la couveuse, les porteurs de projets peuvent bénéficier d’un accompagnement sur mesure par des professionnels de qualité ».
Accompagner le dynamisme des entrepreneurs Mahorais sur le territoire
L’accompagnement, la proximité, l’engagement et la conviction sont les atouts mis en avant par la couveuse pour soutenir les actions des porteurs de projet car comme l’a souligné Zouhourya Mouayad Ben, 4e vice-présidente chargée des Sports, de la Culture et de la Jeunesse, « Mayotte à des talents, il faut donc accompagner et stimuler la création d’entreprise en aidant ceux qui veulent se lancer et entreprendre ».
Sur les sept finalistes présents tous avaient un projet bien défini. Ainsi la première candidate à s’exprimer devant le jury avait pour projet de créer une épicerie à Bandraboua. « Comment allez-vous faire pour vous démarquer des autres concurrents a demandé un des jurés ? – Je serai ouverte du lundi au dimanche de 8h à 19h », a -t-elle répondu. Ou encore cet autre candidat ayant également le projet d’ouvrir un commerce de proximité mais dont le business plan n’était pas encore bien définit et qui recherchait justement des conseils et de l’accompagnement de la part de la couveuse. Une troisième candidate avait la volonté d’ouvrir des chambres d’hôtes, toujours dans la commune de Bandraboua. « J’ai une formation dans l’hôtellerie, indique-t-telle. Et j’ai travaillé plusieurs mois dans différents établissements hôteliers. J’ai remarqué qu’à Mayotte il y avait un besoin d’hébergements pour accueillir les touristes notamment ». Après avoir discuté avec différents gérants d’établissements, elle compte proposer des chambres « standard » à 90 euros la nuit, petit déjeuner compris. « Pour l’instant je n’ai pas de local, ni de terrain. Je compte sur Oudjerebou pour m’accompagner et me conseiller dans ce projet », a-t-elle dit aux jurés.
Un jeune homme de 25 ans travaillant dans l’immobilier voulait, lui, lancer sa structure dans l’île afin de proposer à la vente et à la location des biens. « J’ai un BTS dans l’immobilier, j’aimerais développer une enseigne à Mayotte qui existe déjà à La Réunion et en métropole. J’ai par ailleurs cinq ans d’expérience dans ce domaine, j’ai déjà un réseau et des partenaires qui m’ont mandaté pour trouver du foncier. Je souhaiterais donc me développer en commercialisant de l’immobilier neuf » a-t-il soutenu.
Une autre personne souhaitait se reconvertir dans une autre activité professionnelle. « Je suis rentrée à Mayotte il y a quelques mois, explique-t-elle. Auparavant j’ai travaillé dans le social en tant qu’aide à la personne. Aussi en venant m’installer à Acoua j’ai vu qu’il n’y avait pas de boulangerie-pâtisserie, je me suis dit que ce serai bien d’ouvrir une boutique sachant que j’ai un BEP dans la restauration et que j’ai travaillé dans plusieurs restaurants en métropole. Ce serait l’occasion aussi de créer un endroit de convivialité et de partage en proposant également un salon de thé avec de la vente sur place ou à emporter ».
L’avant dernier candidat avait pour objectif de s’installer à son compte comme poseur-soudeur. « C’est un projet que j’avais en tête depuis le lycée, explique-t-il. J’ai lancé mon activité il y a cinq mois, je fais du sur mesure pour les clients et j’essaie de trouver le meilleur prix. Je commence à avoir des entreprises partenaires où j’achète mes fournitures comme de la peinture ou encore du PVC et de l’aluminium. Pour l’instant cela fonctionne par le bouche-à-oreille ». Son principal problème est qu’il ne dispose pas, à l’heure actuelle, de véhicule et manque d’outillages pour développer son activité.
Enfin, la dernière candidate était une jeune fille de 19 ans, actuellement en classe préparatoire au lycée Bamana et dont le projet s’appelle « Espoir d’avenir ». Son but est de proposer de l’aide aux devoirs et une remise à niveau en français et en mathématiques pour les élèves en difficultés scolaires ou en décrochage. Elle dispose déjà d’une expérience significative dans les associations en tant que bénévole. « L’idée m’est venue quand je faisais de l’aide aux devoirs dans une association à Koungou. J’ai déjà accompagné des jeunes et en discutant avec eux et leurs parents j’ai eu la volonté de les accompagner durant les vacances scolaires notamment ». La jeune étudiante a bien préparé son projet et elle sait comment le mener à bien. « Il existe des plateformes comme Skype ou Zoom, ce pourra être de l’accompagnement scolaire en présentiel ou à distance. Un diagnostic sera établi au début et à la fin. Le prix sera compris entre 15 et 30 euros de l’heure. Étant issue d’une famille très modeste cet argent me permettra de financer mes études en métropole. Mais au-delà de ça, c’est aussi permettre aux jeunes de croire en eux en garantissant l’égalité des chances pour tous ».
Après un long moment de délibération, le juré a attribué le premier prix à Zidani Abdallah pour son projet d’entreprise de poseur-soudeur. Il s’est vu remettre un chèque de 300 euros, ainsi qu’un ordinateur portable. Le deuxième prix est revenu à Soifiat Saindou pour son projet de création d’une boutique de boulangerie-pâtisserie. Elle a reçu un chèque de 200 euros et une tablette numérique. Le troisième prix a été attribué à Amina Djambae pour son épicerie à Bandabroua. Un chèque de 100 euros lui a été remis. Enfin, le jury a eu un coup de cœur pour le projet de la jeune Tayina Daou concernant l’aide aux devoirs. « Nous allons voir comment l’accompagner dans ce projet », ont indiqué les membres du jury.
B.J.