Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « L’endométriose toucherait près de 10 % des femmes et des filles en âge de procréer à l’échelle mondiale, soit 190 millions de personnes ». C’est une maladie gynécologique inflammatoire et chronique. Actuellement il n’y pas de traitement pour soigner cette pathologie car elle demeure encore méconnue du monde médical et des professionnels de santé, comme le rappelle le docteur Maxime Ransay-Colle, représentant de l’ARS de Mayotte. « Sur notre territoire il n’y a pas de chiffre. L’endométriose est un problème complexe. Nous avons une méconnaissance de cette pathologie. Nous ignorons les origines et les causes. Actuellement il n’y a pas de traitement pour guérir de cette maladie mais seulement des moyens pour soulager la douleur avec des médicaments comme les antalgiques, des moyens contraceptifs ou encore des opérations chirurgicales », explique le médecin.
Selon lui, la maladie est sous diagnostiquée car les professionnels de santé ne sont pas assez formés sur ce sujet. Pour pallier cette carence, il est donc nécessaire de prendre en charge les femmes qui sont atteintes et de ne pas les laisser seules devant les difficultés. Aussi comme le souligne Maxime Ransay-Colle, « Il y a un travail important pour sensibiliser la population, former les professionnels de santé et les hospitaliers pour qu’ils puissent repérer les femmes touchées par cette maladie et les orienter afin qu’ils puissent proposer des solutions adaptées. Il est aussi essentiel de structurer la filière, cela passe notamment par une collaboration avec les associations comme Endo Mayotte. Promouvoir la santé de la Femme est un axe prioritaire de la politique de santé de l’ARS dans le département. Pour cela nous devons développer l’offre sur le territoire en mettant en place des démarches car nous avons un retard concernant l’accompagnement qui est largement insuffisant », a-t-il plaidé.
Du côté du CHM, même son de cloche comme l’explique Aynoudine Salime, directeur des soins au CHM. « La population de Mayotte est confrontée à cette pathologie et cela entraine des problèmes dans les familles. Cette maladie est encore mal diagnostiquée, déplore-t-il. Nous devons travailler pour permettre l’accès aux soins de cette pathologie ». En effet, les personnes qui sont touchées ont extrêmement mal et connaissent des difficultés dans leur vie de tous les jours, comme l’a exprimée Abouchirou Mattoir, présidente de l’association Endo Mayotte : « Je vais vous parler avec le cœur… Avec cette maladie, vous avez le corps plié en deux par la douleur, vous êtes clouée au lit, vous devez renoncer à votre vie de famille. Pour lutter efficacement contre cette maladie nous devons en savoir plus sur les causes, les traitements, l’accompagnement. Comme l’ont rappelé les représentant du CHM et de l’ARS il y a un déficit d’accompagnement sur le territoire de cette pathologie ». Aussi le représentant du CHM assure que l’établissement va développer des actions de santé publique autour de cette maladie en défendant le droit des usagers et en facilitant l’accès aux soins. « Je m’engage à vos côtés et je vais adhérer à l’association Endo Mayotte dès maintenant », a indiqué Aynoudine Salime.
La nécessité de sensibiliser les professionnels de santé mais aussi le grand public
Parmi les personnes présentes lors de cette matinée, des femmes touchées par l’endométriose qui ont parlé de leur douleur, de leur calvaire et qui ont interrogé les autorités sur les solutions à apporter. « En janvier 2022, le gouvernement a adopté une stratégie nationale concernant l’endométriose à travers la mise en place de filières sur tout le territoire français y compris à Mayotte. Cela concerne l’accueil, l’orientation, les soins, … Où en êtes-vous ? Qu’est-ce que vous allez faire ? Interroge une femme atteinte par cette maladie. Quelles propositions faites-vous pour la prise en charge ? On doit tout prendre en charge nous-même à l’heure actuelle. On ne veut pas que des mots, on a mal tous les jours, 24h /24. J’ai besoin d’avoir des réponses concrètes », a -t-elle insisté. Pour cet autre témoin l’endométriose est « une véritable cochonnerie, une maladie vicieuse, explique-t-elle. On souffre en douce, à petit feu, lentement et surement. L’information est essentielle pour avancer. Nous devons regarder vers l’avenir… Nous devons avoir des professionnels de santé formés sur cette problématique à Mayotte, c’est essentiel ! Actuellement il n’y en a pas, nous devons mettre en place des formations nécessaires pour soigner les femmes sur notre territoire ».
Pour Maxime Ransay-Colle, il y a un fort besoin à ce que les acteurs s’engagent sur cette problématique en menant un travail de réflexion sur l’organisation d’une filière et sur sa coordination. « L’ARS apportera son soutien financier et médical. Nous affirmons notre soutien aux actions et nous collaborerons avec l’ensemble des acteurs présents, institutionnels et associations. Mais sachez que nous ne sommes pas indifférents. Malheureusement, nous n’avons pour l’instant qu’une faible compréhension de cette maladie. La construction d’une filière de santé prend du temps, cela ne se fera pas du jour au lendemain, c’est une implication de longue haleine », a-t-il soutenu. Le directeur de soins du CHM assure, quant à lui, qu’il fera tout pour trouver des solutions et accompagner les femmes touchées. « Nous pouvons nous rencontrer dès la semaine prochaine pour en discuter », s’est-il engagé.
Aussi, une réunion devrait normalement se tenir cette semaine entre les professionnels du CHM, de l’ARS et les membres de l’association Endo Mayotte pour essayer de trouver des solutions rapides afin d’accompagner les femmes atteintes d’endométriose.
B.J.