Accompagnée des ses collègues élus, dont Zaïdou Tavanday, l’adjointe au maire de Mamoudzou Nouraniya Loutoufi, a visité les zones touchées par les actes de vandalisme menés dans la nuit de dimanche à lundi dernier. Sous le prétexte de vengeances tournantes entre bandes de Kawéni, de Doujani et de Majikavo, des habitants ont vu leur quartier s’embraser au propre comme au figuré. Ils ont pu faire remonter à l’élue leur terreur lorsque le feu a été mis à des commerces, des habitations, avec comme point d’orgue, le garage Caza où 80 voitures ont été incendiées. Comme le montrent les photos, des coups de machette ont été systématiquement porté dans la tôle des habitations. Fait aggravant, les tuyaux d’eau potable ont été sectionnés pour empêcher toute action des pompiers.
La forme prise par la délinquance, des jeunes cagoulés caillou dans une main, machette dans l’autre, décapitant tout ce qui se trouve à leur portée, relève de la barbarie, par le fait même d’être dénué de repères et de valeurs propres à la civilisation. Nous ne sommes donc pas en « guerre civile », mais dans une situation où quelques centaines de voyous sèment la terreur sans qu’aucune réponse adaptée soit apportée. Il suffit de sortir de la zone d’emprise de ces bandes au Nord et au Sud, pour comprendre qu’on est en train de galvauder le terme de guerre. La population des zones en souffrance attend a minima des interpellations qui ne viennent pas.
Première remontée unanime des habitants, la présence de l’éclairage public a joué, « ça nous a sauvés la vie », ont-ils expliqué en remerciant Zaïdou Tavanday qui avait initié leur mise en place. Ensuite, ils ont signifié vouloir s’organiser en association pour monter des dispositifs de prévention de la délinquance, de type gilets jaunes floqués « Accueil, prévention, médiation », pour surveiller leur quartier. Nouraniya Loutoufi a indiqué qu’elle allait recevoir une délégation en mairie.
La « terreur psychologique » non chiffrée
Des habitants qui n’ont pas pu reconnaître leurs agresseurs, « ils étaient cagoulés », mais sont certains qu’ils ne sont pas du quartier, possiblement de celui de Kawéni. Des évènements comme ceux qui nous sommes en train de vivre, Mayotte en a connu par le passé. Et sur cette zone étendue de Doujani, Cavani, Kawéni et Majikavo, les passages des agresseurs d’un village à l’autre se font par les hauteurs, c’est là qu’il faut agir et positionner des forces, en même temps que la sécurisation de l’axe routier. Agir en hauteur et en contrebas permettra de contrôler les déplacements. Cela suppose d’avoir des forces de l’ordre en nombre. Et enquêter avec l’aide des locaux qui savent mieux que quiconque ce qui se trame sur ce petit territoire.
Agir, c’est le message qu’a fait passer le maire Ambdilwahedou sur les ondes de France info ce mercredi matin. Il avait déjà été invité au journal télévisé de France 24 ce mardi. Des propos alarmants au micro, provoqués par la sous-estimation de la situation qui est systématiquement minimisée quand elle est remontée à Paris. Ce qui explique l’absence de réaction du gouvernement alors qu’une agression mortelle a été commise la semaine dernière à Mtsapéré. Pour le maire, « cela fait 15 ans que Mayotte a basculé », et rapportait « des terroristes qui se déplacent en bandes armées, armés de machettes, qui s’attaquent aux symboles de la République. » En prenant pour exemple l’incendie de la mairie de Koungou il y a deux ans et celui de la PJJ (Protection judiciaire de la Jeunesse) ce mardi. « Ils sont là pour déstabiliser Mayotte ».
Le maire suit le même axe que le député Kamardine, du même parti LR, jugeant que ce sont des violences organisées et orchestrées, « ils prévoient leurs déplacements d’un quartier à l’autre ». Il revenait sur les agressions contre les bus scolaires, qui sont parfois le fait de jeunes scolarisés, donc pas exclus des services publics : « Les enfants qui ne veulent qu’aller à l’école sont agressés et leur bus massacré. Le vrai bilan qui n’est pas mesurable par le baromètre délinquance de la préfecture, c’est la terreur psychologique. Il demandait que la volonté des mahorais d’être « français pour être libres », soit entendue, et que la sécurité soit garantie.
Anne Perzo-Lafond