« C’est important pour nous d’accueillir tous les arrivants. On a à peu près 800 nouveaux arrivants à cette rentrée », assène le recteur Gilles Halbout d’entrée de jeu, à l’aube de sa quatrième rentrée scolaire sur le territoire. « On a créé 350 emplois supplémentaires : du jamais vu sur cette île. Évidemment on fait face aussi à une augmentation sensible du nombre de nos élèves ». Une hausse des effectifs à saluer face aux traditionnelles questions d’attractivité du territoire.
C’est donc au milieu d’un « village partenaires », parmi les stands tenus par les différents partenaires (office de Tourisme, Taambati, Baobab Tour) et structures (syndicats, CSSM etc.) que se dresse l’estrade d’où le recteur allait faire passer ses messages de rentrée. Une tablée évoquant presque la Cène de De Vinci, en espérant que la comparaison s’arrête là, mais idéale pour cette grand’ messe du rectorat.
Et de message, la présence affichée du DTPN, du procureur de la République, du commandant de gendarmerie, du directeur de l’ARS et du préfet en dévoile déjà un. « Je vous remercie pour cette invitation qui pour ceux qui arrivent sur cette île en tant qu’enseignant, peut paraître assez étonnante. Inviter le procureur de la République à la rentrée dans un département, je pense que cela ne se fait nulle part ailleurs. L’étonnement qui peut-être celui d’un enseignant, c’est vrai que l’an passé, cet étonnement je le partageais un petit peu (…) et aujourd’hui après presque deux ans sur place, je comprends plus facilement cette présence », déclarait Yann Le Bris.
Selon le recteur, « le premier message, qu’on va transmettre à ces nouveaux arrivants, c’est d’abord d’aimer l’île, de s’y intégrer, de profiter de sa culture, de sa langue, de la richesse de ses traditions, d’échanger aussi avec ses habitants ». Sans grande surprise, le deuxième message du recteur relèvera de l’obligation d’exemplarité du corps enseignant face aux jeunes : « On leur dira d’être exemplaires et en même temps qu’on sera là pour les accompagner ».
Embrasser le corps syndical ?
Le séminaire de rentrée aura été marqué par une forte présence des syndicats, qu’elle soit physique (via les stands) ou immatérielle, invitée dans le discours du recteur d’une façon des plus « iconoclastes » tel qu’il le qualifie lui-même.
« Syndiquez-vous ! Vous avez vu, nous avons ici un panel large d’organisations syndicales. Nous avons ici des associations partenaires. C’est aussi pour vous un moyen de ne jamais être seul. Dans vos interrogations et aussi parfois dans les combats que les uns et les autres pourront mener. Nous travaillons très bien avec l’ensemble des organisations syndicales, nous avons besoin d’elles, et j’ai envie de dire vous aurez aussi besoin d’elles ».
Un besoin qui là encore trouvera une résonance dans l’organisation même du séminaire. Confrontés à une coupure de courant, les officiels devront utiliser un micro prêté par la CGT elle-même : ou quand les syndicats donnent la parole au rectorat…
« C’est le meilleur moyen pour faire remonter vos soucis, vos revendications, le meilleur moyen aussi pour nous d’y répondre. Un message peut-être iconoclaste : syndiquez-vous, c’est très important », reprenait un Gilles Halbout salué d’une salve d’applaudissement.
« Il nous reste encore certainement des marches à franchir »
Interrogé sur une année sociale potentiellement agitée, le recteur rappellera le travail partenarial mené entre le rectorat et les syndicats, saluant la qualité du dialogue et rappelant la nécessité de conserver des échanges « nourris réguliers et constructifs ».
Et Gilles Halbout de rappeler les dernières avancées : « cette année à la rentrée une nouvelle marche a été franchie avec l’alignement de l’indemnité du remboursement partiel de loyer sur les critères les plus hauts, c’était une revendication. Encore un point supplémentaire validé sur la feuille de route. On a déjà fait beaucoup de chose notamment sur l’accompagnement vers une retraite décente des anciens fonctionnaires territoriaux, on a travaillé sur les contrats longs pour les contractuels, et là il reste une marche à franchir avec l’Ircantec, (ndlr la caisse de retraite complémentaire des agents non titulaires de l’Etat ou contractuel) je pense qu’on va la franchir dans les prochains mois ça c’est sûr. On a aussi travaillé sur les mesures d’attractivité, que ce soit pour les contractuels et les titulaires, on a travaillé aussi sur les mesures de carrière, la possibilité d’aller vers les collectivités d’Outre-mer ».
« Il nous reste encore certainement des marches à franchir », conclura-il enfin. Et sur ce point au moins, il est certain que les syndicats tomberont d’accord.
Mathieu Janvier