« Les soutiens arrivent tous seuls ». Interrogé sur sa stratégie pour l’entre deux tours, le patron de la société IBS semble surfer sur une popularité presque spontanée.
« Il m’a fallu 15 jours pour avoir le résultat que j’ai eu, alors que je n’ai jamais fait de politique. Quand un groupe s’est déplacé en me disant Patron, il faut que tu viennes, j’ai mis beaucoup de temps. Je n’ai même pas pu voter pour moi-même car je n’ai pas pu transférer mon vote sur Mayotte » relate le candidat éligible au second tour. Dès ce lundi, ce dernier devait rencontrer « quatre poids lourds » de la politique locale, « ils se reconnaissent dans ce que je dis et intelligemment ils se sont rapprochés de moi, Les soutiens arrivent tous seuls » salue l’entrepreneur qui précise qu’il « n’y aura ni carton de mabawas, ni enveloppe ».
Interrogé sur sa stratégie pour l’entre-deux tours, il marque aussi sa différence avec l’ancienne journaliste Estelle Youssouffa, piquante sur les questions migratoires et identitaires. « Concernant Mme Youssouffa, elle m’a manqué de respect et je n’aime pas ça, j’ai été élégant à son égard, car une belle compétition c’est de la démocratie. Mais sur Mayotte Première, elle a dit que j’étais Réunionnais et donc pas légitime. Mme Youssouffa ne vit pas à Mayotte, ne parle pas mahorais, elle n’a pas le monopole de la mahorité » poursuit le candidat, en référence au débat entre Giscard et Mitterrand en 1974 avec le désormais célèbre « vous n’avez pas, M. Mitterrand, le monopole du coeur ».
Un député sans « aucun états d’âme »
S’il est élu, Théophane Narayanin, dit Guito, se voit en élu sans « aucun états d’âmes ».
« Je n’ai pas de famille politique, mon parti s’appelle Mayotte, j’irai là où ce sera intéressant pour Mayotte. Je ne tiens pas à rester au fond de la classe avec une bougie, je suis plus un entrepreneur, donc c’est gagnant gagnant. Si je gagne Mayotte gagne, si je perds Mayotte perd. J’ai un programme, je le présente, celui qui s’en rapproche, j’irai avec lui défendre la cause mahoraise. Il faudra voir après le deuxième tour avec qui on peut travailler ». Quand au côté de l’échiquier, le candidat donne peu d’indice. « J’étais plutôt majorité présidentielle, mais je ne suis encarté avec personne, je peux aller là où l’alchimie nous le commande pour l’intérêt de Mayotte ».
« Mon salaire ce sera pour des associations »
Néanmoins le candidat a déjà une liste de priorités, et de combats qu’il a déjà plusieurs fois évoqués par le passé. « Je suis dégoûté de la corruption à Mayotte, de voir des élus se vendre pour des peaux de banane. Mon salaire ce sera pour des associations » promet-il. Il dit notamment rêver d’une meilleure utilisation des fonds publics pour l’île, encore peu efficace en programmation notamment de fonds européens. « Ce que je veux c’est me battre, je suis époustouflé de voir la quantité de pognon qui arrive sur Mayotte et qui n’est pas utilisée. Si on arrive à mettre la zone franche globale on éliminera une bonne partie de la misère et de la délinquance, les mamans présentes depuis 25 ans et qui n’ont toujours pas de papiers, les jeunes qui galèrent, il faut démater cette situation, la rendre plus humaine et apprendre à cohabiter à l’image de ce qui se fait à La Réunion. Mayotte a beaucoup d’argent mais les gens ne savent pas le dépenser. Le port est une catastrophe économique, le prix de l’eau est un scandale, la mission est importante mais elle n’est pas insurmontable ».