Cela faisait déjà plusieurs mois que les dissensions entre la mairie de Chirongui et l’association CinéMusafiri, en charge de l’exploitation du cinéma par délégation de service public, semblaient menacer le fonctionnement de la seule salle obscure fonctionnelle de l’île. La justice a désormais tranché : suite à la demande de suspension en référé de la résiliation du contrat de concession de l’association, l’ordonnance du juge administratif a été rendue le 4 février dernier. La requête a finalement été rejetée, c’est donc le clap de fin pour Musafiri. « Nous avons interrompu nos activités à Chirongui et nous en sommes désolés, principalement pour les spectateurs mahorais qui nous ont suivi depuis 2 ans en très grand nombre.
Nous disons au revoir aux 25000 assidus, aux communes, aux associations, aux écoles, aux enfants, aux parents et à tous ceux qui aiment le cinéma que nous diffusons depuis 10 ans » déclare l’association dans un communiqué, s’inquiétant de l’avenir de ses 4 salariés. Mais la population, jusque-là tributaire de l’unique cinéma de l’île, sera-t-elle une fois de plus la grande perdante de ce conflit ?
« Le cinéma va continuer normalement »
Pas selon la municipalité de Chirongui, laquelle assure reprendre la programmation directement. Youssouf Abdallah, premier adjoint à la mairie, explique que la mairie reprend la main, et qu’un dispositif est déjà programmé pour la continuité. « On attend le projectionniste qui arrivera d’ici peu. Le cinéma va continuer normalement ». M Abdallah assure qu’il n’aura fallu embaucher que deux employés de plus, un projectionniste et une personne pour la billetterie. Les employés du cinéma – en dehors de l’association – étaient selon l’adjoint, confiés par la mairie.
Question tarifs, la municipalité assure que la grille tarifaire votée en août 2021 n’évoluera pas. En revanche, pour les personnes disposant d’abonnements et de cartes cinéma, pas de réponse à l’horizon.
La mairie reprend la main sur son outil culturel donc, mais cela pourrait n’être que temporaire : « On ne s’interdit pas plus tard de faire un appel à projet, une délégation de service public avec une autre association ou structure. Mais pour le moment on reprend notre bien, on verra plus tard ».
L’association CinéMusafiri précise qu’elle ne compte pas en rester là, et fait part de son intention de se pourvoir en cassation : « le jugement sur le fond contre la Mairie de Chirongui reste en cours ». Là-dessus, l’élu déclare que la mairie va « laisser la justice suivre son cours », sans sembler inquiété outre-mesure. Il s’agira maintenant de voir si la municipalité saura se montrer à la hauteur de la qualité des programmations éclectiques de l’ancien exploitant du cinéma…
Mathieu Janvier