Début du recensement annuel après une année de démographie record

En 2021, Mayotte avait été le seul département à réaliser le recensement annuel partiel, pour la première fois de son histoire. Ce jeudi commence la 2e édition de cette démarche d'envergure, censée durer plus d'un mois, et indispensable à toutes les politiques publiques.

Finis les recensements tous les 5 ans comme celui de 2017. Désormais, Mayotte applique la méthode nationale du recensement partiel annuel, qui a lieu tous les ans donc, et dans une partie seulement des communes. En 2022, 12 communes sont recensées, dont seulement deux, Kani Keli et Chiconi, comptent moins de 10 000 habitants.
Particularité de ce recensement, il ne concernera pas toute la population. En effet, la règle est de recenser 8% des logements en dur et 20% des logements en tôle, pour atteindre 100% au bout de 5 ans pour ces derniers, et un échantillon suffisant pour les logements en dur.

Un recensement partiel qui fait le tour de l’île en 5 ans

Le recensement ne s’intéresse pas à la situation administrative des sondés, il prend donc en compte la population totale, régulière ou non. Et l’Insee l’assure, des agents se rendent dans des lieux « improbables » tels que forêts ou lieux reculés, pour y dénicher le moindre banga à recenser.
Trois modes de recensement sont proposés. Le plus répandu en France est le questionnaire en ligne, qui ne représente à Mayotte qu’une infime partie des répondants. Les agents recenseurs, qui sont une centaine à parcourir le territoire, proposent également un questionnaire papier, et une interview, qui leur permet de remplir le questionnaire pour les habitants non scripteurs en leur posant les questions en tête à tête. En tout, ce sont pas moins de 11 000 logements qui doivent être ainsi recensés.

Le recensement, porté par l’Insee, est une opération menée en partenariat avec les communes. Ce sont elles qui recrutent les agents, qui sont ensuite formés par l’Insee. C’est un des arguments qui pèse en faveur de la fiabilité des chiffres de l’Insee que vous avez été si nombreux à décrier sous notre précédent article. En effet, les chiffres officiels de l’Insee sont la base légale d’attribution des dotations des communes. Ces dernières ont donc tout intérêt à bénéficier d’un recensement le plus complet possible. Et si l’Insee reconnaît une marge d’erreur « difficile à évaluer », celle ci serait limitée. Notamment en raison des nombreux départs de l’île, qu’il s’agisse de jeunes qui partent étudier ou travailler, ou des reconduites à la frontière.

Loup Wolff, directeur inter-régional de l’Insee, défend une méthode qu’il juge « fiable »

Par ailleurs contrairement à une idée reçue, les habitants les plus précaires se trouvent être parmi les plus enclins à répondre. Notamment car certains espèrent, en étant recensés, obtenir plus facilement un titre de séjour, et être a minima mieux pris en compte. En résumé, les chiffres fantaisistes qui doublent ou triplent les données de l’Insee sont balayés par le directeur interrégional Loup Wolff. « On entend beaucoup de chiffres alternatifs, mais on fait notre possible pour avoir des chiffres les plus fiables possibles, on ne subit pas d’influence des pouvoirs publics, ce serait dangereux car c’est le recensement qui fonde les pouvoirs publics » indique-t-il. Selon lui, même la consommation de riz et d’huile corrobore ses chiffres. Vu la démographie galopante et la progression des ventes de riz, « si la population était deux fois plus élevée, ça voudrait dire que chaque habitant a réduit sa consommation par deux depuis 10 ans » selon lui. « Le recensement est fiable car on y met beaucoup d’énergie », assure le responsable. « C’est d’abord un travail de repérage exhaustif du bâti, en dur, en tôle, qu’on renseigne et que l’on cartographie. Une centaine d’agents recenseurs sont recrutés par les communes pour opérer le recensement » poursuit-il.Avec un taux de réponse de 96% en 2021, « les personnes en situation légale ou non répondent majoritairement au recensement, c’est peut-être aupès des mzungus que les conditions sont les plus compliquées » regrette-t-il. « Dans seulement 3% des logements on n’a pas réussi à trouver les habitants, dans ce cas on estime selon la taille de l’habitation » explique-t-il. Une manière de réduire la marge d’erreur.

La centaine d’agents sur le pied de guerre ce jeudi matin va donc sillonner jusqu’au 5 mars les communes de Chiconi et Kani-Keli pour les moins peuplées, et jusqu’au 12 mars les communes de Bandraboua, Bandrele, Dembeni, Dzaoudzi, Koungou, Mamoudzou, Ouangani, Pamandzi, Sada et Tsingoni.

Y.D.

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