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Pourquoi les chiffres du Covid incluent-ils des patients dépistés hors de Mayotte ?

Le nombre de cas positifs bat des records à Mayotte comme ailleurs en France. Les données fournies concernent toutefois les personnes "domiciliées à Mayotte" indépendamment du lieu de dépistage. Ce qui peut être trompeur sur la circulation réelle du virus dans l'île. Un choix qui ne doit rien au hasard.

Y a-t-il autant de cas positifs que l’affirme l’Agence régionale de santé à Mayotte ? Dans chaque bilan, cette dernière précise bien que les données fournies concernent les « patients domiciliés à Mayotte », peu importe où ils ont été dépistés. Ainsi sur la semaine écoulée, l’explosion des cas qui a conduit au retour du couvre-feu reposait sur des chiffres qui incluaient les habitants de Mayotte en vacances à La Réunion ou en métropole, et qui y ont été testés positifs. Des cas absents du territoire donc.

Impossible donc, malgré nos demandes, de savoir combien de cas positifs ont été effectivement dépistés à Mayotte. « En fait, la méthode utilisée par Santé publique France pour calculer les indicateurs épidémiologiques partout en France DROM compris, est basée sur le lieu de résidence. Donc on ne peut pas distinguer les cas dépistés à Mayotte et les cas ayant une résidence à Mayotte mais dépistés hors territoire » explique Hassani Youssouf, médecin épidémiologiste à Santé Publique France.

Pour ce dernier, la méthode retenue présente « des limites », mais elle se justifie pleinement.

« Bien sûr cette méthode présente quelques limites mais la méthode de basée sur le département de laboratoire , l’autre méthode alternative,  présente aussi quelques inconvénients » précise le praticien.

En effet, « la méthode basée sur le département de domicile du patient pourrait entrainer une sur-estimation des niveaux réels d’incidence sur les territoires en comptabilisant des personnes résidant en outre-mer et prélevées en métropole. À l’inverse, l’indicateur d’incidence par département de domicile pourrait également sous-estimer le niveau réel en ne comptabilisant pas les touristes et personnes vivant en outre-mer sans changement du département de résidence sur leur carte vitale ».

Par ailleurs, « la méthode basée sur le département du laboratoire présente également des limites. Tout d’abord, les touristes ou les personnes vivant en outre-mer sans changement du département de résidence sur leur carte vitale ne sont pas pris en compte dans les dénominateurs de population des OM., ce qui pourrait sur-estimer les taux d’incidence. De plus, un cas testé positif à son arrivée en métropole et qui a probablement été contaminé en outre-mer ne sera pas comptabilisé dans le numérateur du nombre de cas ce qui pourrait alors sous-estimer le niveau de circulation virale sur un territoire » poursuit l’épidémiologiste.

30% des mahorais contaminés depuis 2020 l’ont été ces dernières semaines

30% des mahorais contaminés depuis 2020 l’ont été ces dernières semaines

Ainsi d’une manière globale, « les deux méthodes de calculs des taux d’incidence permettent de suivre la dynamique de circulation sur les territoires », chacun avec leurs avantages et leurs inconvénients. Il fallait donc faire un choix. « Au vu des dynamiques similaires observées et afin de maintenir une cohérence méthodologique sur l’ensemble du territoire français pour les indicateurs virologiques communiqués en externe par Santé publique France national , les productions des Cellules régionales de Santé publique France de métropole et d’outre-mer vont se baser uniquement sur le lieu de résidence. C’est pour cette raison que nous ne pouvons pas faire cette distinction » conclut le médecin.

Chose sure, les chiffres sont désormais tellement élevés qu’on ne peut remettre en cause la circulation active et massive du virus à Mayotte. En un mois, le nombre total de cas positifs à Mayotte depuis le début de l’épidémie a grimpé de 30%. Bien trop pour que la méthode de calcul ait une quelconque influence sur les conclusions à en tirer.

Y.D.

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