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La professionnalisation des artistes… tout un cirque

Hip Hop Evolution se diversifie pour le meilleur et pour le rire. Après avoir fait monter en compétences ses Bboy et ses Bgirls (les breakdancers), qui ont décroché quelques titres au national, l’association s’est faite accompagner par trois professionnels du cirque, issus du Centre National des Arts du Cirque de Châlons en Champagne.

On avait l’habitude d’admirer leurs figures sur scène, avec des envolées propres à laisser penser qu’ils étaient montés sur ressort, on les a découvert virevoltant dans les airs sur de nouveaux supports ce samedi : le projet « Notre cirque = Yatrou cirki » met en avant 7 danseurs de Mayotte, qui ont produit un premier travail, avant la grande représentation du festival de Hip Hop Evolution en mars 2022. La hauteur de plafond du hall du collège Zakia Madi d’Iloni se prêtait admirablement à l’exercice.

On reste dans la logique de l’association. Une histoire se raconte, des parcours de vie se rencontrent, entre les jeunes du territoire, et ceux qui ont fui la misère, qui sont « allés chercher une vie meilleure », avec son lot de connivences, et de bagarres aussi, mises en perspectives avec le morceau de François Hardy, « c’est le temps de l’amour… on s’en souvient », sur fond de combats de rue. Avec un dénouement plein d’optimisme. Les jeunes ont participé à l’écriture.

Chapeau bas donc à Abdallah Taenchouki « Maza » (Kaweni), Anli Ahamadi « Sasuke » (Kahani/Mtsapéré), Houssam Djamal (Mtsapéré Cavani), Karim Madi Baco « Kamosse » (Kaweni), Kayoum Bourhane (Kaweni), Nidhoimi Oili « Stoubou » (Kaweni) et Zakariya Yahaya « Zack » (Bandrélé).

Les jeunes de Hip Hop Evolution encadrés par trois circassiens

5 danseurs professionnels

Une création/formation portée par HIP HOP Evolution, soutenue par la DAC Mayotte, la DRAJES de Mayotte et le Conseil Départemental de Mayotte, avec l’accompagnement technique du Centre National des Arts du Cirque (CNAC) de Châlons en Champagne, qui a permis la rencontre des 7 danseurs et des trois circassiens à la mise en scène. Le recteur Gilles Halbout et Stéphanie Simonet, Déléguée du préfet à la politique de la Ville, assistaient à cette restitution.

« Cette représentation, ce n’est qu’une étape de travail. Ils sont arrivés à ce résultat après seulement deux fois dix jours de stage, c’est très prometteur », rapport Sophie Huvet, directrice de l’association qui a professionnalisé le Hip Hop à Mayotte, « nous avons 14 salariés désormais ». Sur les 7 danseurs, 5 sont des professionnels, les autres sont lycéens. Se repose la question de la professionnalisation des artistes, pour laquelle se bat le Collectif des arts confondus à Mayotte.

« Nous voulons créer une filière, mais ce qui pose problème ici, c’est la formation artistique. Pour que l’AFDAS s’installe, il faudrait bénéficier du régime de l’intermittence. Equivalent de l’OPCO, l’AFDAS est l’opérateur compétences des secteurs de la culture, des industries créatives, des médias, de la communication, des télécommunications, du sport, du tourisme, des loisirs et du divertissement.

La convergence des droits… dans les arts aussi

Le Hip Hop encerclé par le cirque

Mais pour mettre en place le régime d’intermittent du spectacle, il faut là encore une convergence des droits en matière de Sécurité sociale, « c’est sur quoi se battent les 21 structures des Arts confondus ». Pour y parvenir, Hip Hop Evolution jongle avec les solutions de compensation. « Sur ce projet, c’est la création-formation pour sensibiliser le territoire aux arts du cirque ».

C’est ainsi qu’Antonin Bailles, Emma Verbèke et Corentin Diana, issus du CNAC, ont formé les jeunes de Hip Hop Evolution lors d’une résidence de création au Centre de développement artistique et éducatif « Paradis des Makis » à Iloni, accompagnés pour la mise en scène de Laëtitia Fourrichon et de Tony Jeanjean aux son et lumière. « Nous nous sommes régalés à les accompagner, et le plus, c’est que le matériel et les agrès, vont rester à Mayotte », nous expliquent-ils.

L’enjeu va au-delà de la formation des professionnels, « il s’agit aussi d’encadrer la pratique amateur, et ainsi, de générer un engouement auprès des jeunes pour ces métiers autour des arts du cirque », conclut Sophie Huvet.

Pour peaufiner le spectacle dont une première version a été livrée ce samedi au collège Zakia Madi de Dembéni, et proposer une représentation aboutie en mars, un travail sera également fait sur la production sonore.

Anne Perzo-Lafond

 

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