A la fin de la pièce « Mtoro Dongo », jouée devant un parterre d’enfants, on se dit que les professionnels que sont Jeff Ridjali et El-Madjid Saindou, méritent mieux que les plus de 30 degrés ambiants de la MJC de Kawéni. Conçue dans un esprit de ventilation naturelle vendue par des concepteurs qui n’y mettront certainement jamais les pieds, elle ressemble davantage toutes portes fermées à un mouroir qu’à une salle de spectacle. Heureusement, la lumière venait de l’intérieur, et pas seulement des spots positionnés par la compagnie Ariart qui a conçu la pièce.
Nous n’allons pas en « divulgâcher », comme le dirait un esprit noble, le scenario, mais la petite pièce conçue pour recueillir les rires d’enfants, a fait mouche. El-Madjid Saindou au visage poupin colle à la perfection au jeune Kaïs, surnommé Mtoro Dongo, en raison de son côté sauvage (Mtoro) et de sa peau noire (coloration du Dongo). La grande majorité des grandes sections des écoles T6 et T9 de Kawéni, et des CP, CM2 et CLISS de T12, découvraient ce qu’était une pièce de théâtre et le côté amplifié et exagéré de sa gestuelle. Les rires ont fusé pour accueillir cette « première ». La connivence aussi, puisque les enfants ne se sont pas fait prier pour garder le secret.
Mtoro, giflé par sa sœur parce qu’il avait désobéi, s’enfuira dans la forêt, où elle le cherche, puis le retrouve, après avoir fait des rencontres, dont certaines inquiétantes, qui finissent pas délivrer de bons conseils à ces enfants rêveurs et turbulents. L’idée géniale de l’ombre chinoise laissait pantois jusqu’aux plus grands, tant la légende des djinns est tenace au point de déstabiliser. Avec en feu d’artifice final, les déhanchements du chorégraphe Jeff Ridjali.
Une création Ariart dans le cadre du Quartier d’été culturel 2021, cofinancé par l’Etat à travers la Politique de la Ville, la Direction des Affaires Culturelles (DAC) et le Fonds de Coopération de Jeunesse et d’Education Populaire (FONJEP).
« Mtoro Dongo » parcourra le territoire pour les scolaires, à Dzoumogne, Tsoundzou, Nyambadao et Bandrélé, avant de proposer des représentations pour le grand public.
Anne Perzo-Lafond