Le récit du fonctionnaire témoigne du dilemme avec lequel la plupart des policiers se lèvent chaque jour : la crainte de ne pas rentrer chez soi, ou de finir soi-même en garde à vue. Celui qui a fait usage de son arme de service mercredi dernier semble bien avoir agi en légitime défense, puisque la procédure a été expédiée en comparution immédiate pour les trois cambrioleurs, là où l’on aurait pu s’attendre vu la tournure des événements, à l’ouverture d’une instruction.
Ce procès, mené donc en procédure d’urgence, a permis au policier qui a ouvert le feu -sans faire de blessé par balle- de raconter sa version des faits. Quelques minutes plus tôt, la BAC intervenait à la station Total de Tsoundzou pour une tentative de cambriolage.
« On a reçu un appel radio de la BAC qui disait avoir fait fuir 3 individus, le temps de mettre en place un dispositif pour les intercepter, on a réussi à interpeller un premier individu, et on a eu l’information qu’un véhicule Partner se dirigeait vers Vahibe avec 2 occupants ».
Dès lors, plusieurs véhicules de police se positionnent à Passamaïnty, et attendent, à la sortie du village, non loin du collège. Au bout de 10 minutes interminables, les policiers du barrage apprennent que leurs collègues du GSP ont pris en chasse le fameux Partner, qui se dirige vers eux. La voiture de police derrière le Partner met son gyrophare et sa sirène 2 tons, mais la voiture ne s’arrête pas et approche du barrage de police.
« A ce moment, je vois aux loin le véhicule arriver au niveau du collège, j’entends le grondement du moteur, nous on est en barrage sur 1 voie pour laisser une échappatoire. je me place sous le lampadaire bien en vue, en tenue police, le gyrophare était mis pour qu’ils puissent bien nous voir. Le principe du contrôle routier c’est d’être vus » relate le policier, qui a alors encore l’espoir que la voiture s’arrête. Mais le conducteur fait tout l’inverse, et la scène qui suit ne dure que quelques secondes. « Là je vois vraiment une accélération du véhicule Partner, j’accentue mes gestes et je sens le danger, j’essaye de me dégager mais le véhicule change de voie et se retrouve face à moi, ça s’est passé super vite, j’ai crié et fait usage de mon arme, j’ai senti le véhicule me frôler, j’ai sauté, il y a eu un choc, peut être avec le rétroviseur, et le véhicule est parti en tonneau ». L’instant d’après, « je me relève je récupère mon arme et avec les collègues on avance vers le véhicule ».
Prison ferme pour les trois comparses
La suite se passe plus calmement. Le passager de la voiture, identifié plus tard comme le cerveau du cambriolage raté, sort du véhicule et se rend sans résistance. Le conducteur, inconscient, est extrait du Partner et reçoit les premiers secours des policiers. « Un individu est sorti, a levé les mains et on l’a interpellé. L’autre était inconscient, on a fait les gestes de secours, je lui ai déchiré le vêtement pour m’assurer qu’il n’était pas blessé par balle » relate l’auteur des tirs. Quelques minutes plus tard, le conducteur se réveille et est interpellé à son tour. « Je n’avais pas l’intention de faire du mal aux forces de l’ordre, j’ai paniqué » explique ce dernier à la barre du tribunal. Où sa tentative pour paraître de bonne foi sera ruinée par ses accusations envers les policiers, qu’il accuse de l’avoir frappé au sol notamment.
Les trois individus, déjà connus notamment pour des faits de vols mais aussi pour certains mis en cause dans des affaires criminelles, quitteront le tribunal sous bonne escorte, direction Majicavo.
Le premier interpellé, qui a eu un rôle mineur en étant arrêté près de la station Total sans participer aux violences qui ont suivi, écope d’un an de prison ferme. Le conducteur, un exécutant, s’est vu infliger 2 ans de prison avec mandat de dépôt, au lieu des 4 ans requis par le procureur. Quant au passager, qui a un casier long comme le bras et aurait orchestré cette folle soirée délinquante, il écope lui de 4 années de détention, également avec incarcération immédiate.
Y.D.