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Mouvement des transporteurs scolaires : une difficile négociation

« Des échanges musclés ». C’est ainsi que Ali Siaka Djoumoi, délégué FO Transports chez Matis qualifiait non pas le début de la rencontre, mais sa fin, avec la préfecture, le conseil départemental et le rectorat. En jeu, que les élèves de Mayotte ne voient pas leur année définitivement perdue.

De son côté, le syndicaliste rappelle sa position : Ali Siaka demande moins l’accompagnement des bus scolaires par les forces de l’ordre, « on a vu que ça servait pas à grand chose, et même, que ça attise l’envie des jeunes d’en découdre », que la judiciarisation renforcée des auteurs des caillassages et de leurs familles. Absent, le procureur ne va de toute façon pas revoir à lui tout seul l’ordonnance de 45 sur la délinquance des mineurs, revue récemment, mais toujours peu adaptée à Mayotte.

Notre interrogation porte sur la situation qui risque de perdurer au delà de l’échéance visée par les grévistes, c’est à dire la fin de l’année scolaire. Alors que beaucoup d’élèves sont en examen, pourquoi envisager de reprendre fin août et non pas maintenant ? Qu’est ce qui va changer entretemps? « Si en raison des examens, on met en place un service minimum, ça sera pire, car tous les élèves qui ne seront pas transportés vont se révolter », répond Ali Siaka. Et selon lui, des mesures seront mises en place à la rentrée, qui n’existent pas actuellement, « des mesures de sécurisation, notamment la géolocalisation des véhicules qui pourront se signaler en cas de problème. Ce qui permettra une intervention plus rapide de la sécurité. » Une amélioration à souligner, une mesure déjà mise en place en métropole.

En février 2018, les gendarmes embarquaient à l’improviste dans les bus. Une mesure qui ne peut être que provisoire

Des propositions du côté de l’Etat

Sa solution reste la même, « en passer par les parents qui devront accompagner leurs enfants. Au moins, ceux qui s’en fichent d’habitude, ils seront obligés de s’en occuper. » Le degré de conscientisation des problèmes de leurs progéniture n’étant pas également réparti entre les parents, des jeunes vont se retrouver sur le carreau.

De leurs côtés, le rectorat et la préfecture étaient force de propositions : « Nous avons proposé de déplacer les lieux de ramassage vers des secteurs plus sécurisé, d’accompagner les véhicules par des escortes, ou encore de décaler les horaires de ramassage. Nous voulons avant tout que ces jeunes puissent passer le Bac et les autres examens prévus à l’agenda », rapporte Laurence Carval, directrice de cabinet du préfet.

L’entreprise Matis ayant une mission de service public, le préfet pourrait réquisitionner. Cela a été fait par le passé, et qui se justifierait dans un contexte de période d’examens, « nous attendons que l’autorité de gestion des transports qu’est le conseil général nous le demande », souligne la préfecture. Une mesure qui n’est pas du goût du syndicaliste, en colère contre cette alternative, « attention de ne pas réquisitionner sans sécuriser, car les conséquences seront encore pire en cas d’agression ». Contactée, Fatima Souffou, conseillère départementale Chargée des Transports, nous a indiqué attendre le retour de sa DGS sur le sujet.

En attendant que le conflit trouve une issue avant ce jeudi, date clé pour les écrits de français et de philo du Bac, et puisque les parents sont sollicités, seul un covoiturage à l’échelle territoriale pourrait minimiser les dégâts.

Anne Perzo-Lafond

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