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Mamoudzou

Au tribunal : « on ne peut même plus cambrioler sans se faire gruger »

C'est l'histoire d'un pied nickelé, un voleur trop cupide pour ne pas se faire prendre. La justice a secoué ce jeune majeur, chopé au début d'une bien mauvaise pente.

Le jeune homme avait tout pour réussir : français, fils de chef d’entreprise, des chances que tout le monde n’a pas à Mayotte. Jusqu’au jour où, en classe de 3e, ce jeune s’est « découragé » en ne trouvant pas d’orientation pour l’année suivante. L’alcool et le bangué (cannabis) ont alors remplacé les cours, et à 18 ans, ce fils d’entrepreneur se retrouvait au tribunal avec le soutien d’un interprète, mais sans avocat.

Le 11 avril dernier, le jeune homme, tout juste majeur, et un complice, décidaient de cambrioler le magasin Volutes à Mamoudzou. A l’aide de barres de fer trouvées à proximité, les deux comparses forcent l’entrée, et faisant fi de l’alarme qui se déclenche, se saisissent de la caisse enregistreuse. Mais dedans, « il n’y avait que de la monnaie » déplorait le garçon face aux enquêteurs, quelques heures à peine après son forfait. « Patatras, on ne peut même plus cambrioler sans se faire gruger » interprète le président du tribunal Laurent Ben Kemoun, avec l’humour qui lui est propre.

Confrontés à ce maigre butin, les deux voleurs décident de retourner dans le magasin, à visage découvert sous l’œil de la caméra, et emportent un coffre fort. Le préjudice est tout de suite plus lourd : 9000€… que le jeune homme ne verra jamais. En effet, tandis que son complice prend la fuite avec l’argent, lui se fait serrer par la police. « Non seulement vous êtes un voleur, mais en plus vous êtes un incapable, j’en ai rencontré des incompétents dans ma vie, mais vous… Pied Nickelé ! » lance d’un ton sec le président d’audience, sans doute soucieux de montrer au voleur en herbe que cette voie ne lui offre aucun avenir.

Laurent Ben Kemoun a mitraillé le jeune homme avec son humour pince-sans-rire et sans concession

« Vous êtes encore jeune, vous êtes à la limite, à l’embranchement. Soit vous vous ressaisissez, soit vous finissez à Majicavo » rebondit, non moins pédagogue, le procureur Ludovic Folliet.

Pour ce jeune qui a su demander à ses juges « un accompagnement » pour rebondir, le parquetier a demandé 6 mois avec sursis et un travail d’intérêt général. Les juges ont suivi l’idée : 140 heures de travail non rémunéré au service de la collectivité, et s’il ne les fait pas, ce sera 3 mois ferme.

Y.D.

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