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L’envahissante Lantana Camara, épineux enjeu pour l’îlot M’Bouzi

Si ses fleurs sont jolies, ses épines sont redoutables. Lantana Camara est une plante exotique envahissante qui pullule sur l'îlot M'Bouzi, donnant des lianes à retordre aux Naturalistes, gestionnaires du site protégé.

La journée d’échanges organisée par les Naturalistes avec l’association Jardin de Mtsangamouji le conservatoire botanique de Mascarins et la Deal aura été précieuse pour la biodiversité de l’îlot M’Bouzi, ou île aux chèvres. Ce (pas si) petit caillou qui sort de l’eau en face de la pointe Mahabou est connu pour sa population de lémuriens abrités là pendant des décennies, ou plus anciennement pour sa léproserie. Beaucoup moins pour ses sentiers de randonnée, soumis aux strictes règles d’une réserve naturelle, mais surtout difficiles à emprunter.

Si l’îlot a été choisi pour cette rencontre entre services et associations, c’est qu’il s’agit d’un « terrain expérimental » selon François Beudard, directeur des Naturalistes. Il s’agissait d’y partager des savoir-faire en termes de lutte contre les espèces invasives, d’entretien des équipements tels que les chemins, mais aussi de sensibilisation.

Se frayer un chemin est une gageure

Classé réserve naturelle nationale, l’îlot est une oasis de biodiversité, mais aussi un vaste champ de bataille entre les Naturalistes, gestionnaires du site par délégation de service public, et les espèces envahissantes qui menacent les espèces endémiques. Le paille-en-queue par exemple y est menacé directement par la population de rats noirs, friande de ses oeufs. Quant à la végétation, elle peine à s’épanouir entre les enchevêtrements de lianes de Camara Lantana, que l’on distingue des autres à ses petites épines acérées, qui laissent peu de chances aux habits du marcheur imprudent.

Pour se frayer un chemin dans la forêt, pas d’autre choix pour la douzaine de personnes embarquées, « il faut arracher ». Armés de gants et de machettes, c’est donc la tâche à laquelle ils se sont assignés. Plusieurs centaines de mètres carrés défrichés plus tard, le résultat est à peine visible de loin, mais flagrant sur le terrain. Et, ô chance, cette liane ne reprend pas facilement, contrairement à la Vahibé, tout aussi envahissante, qui doit, elle, être brûlée sur place. Mais attention à ne pas se tromper, entre les lianes épineuses, d’autres sont, elles, à préserver. « Il faut se faufiler un peu » sourit un salarié de l’association, gants et machette en main.

Ses épines traitres distinguent la liane des espèces à préserver

Après ce moment sportif à flanc de colline, les membres des deux associations se sont retrouvés sur la plage pour y remplir une demi douzaine de grands sacs poubelles des déchets échoués là avec la marée. Un petit geste utile mais qu’il faudra bien vite renouveler.

La gestion de l’îlot est en effet un travail de tous les jours, et il faudra encore plusieurs décennies pour que le site retrouve sa biodiversité d’antan. Et l’enjeu est considérable.

« 75% de la biodiversité de Mayotte se retrouve sur l’îlot M’Bouzi » assure le docteur en biologie Mohamed Thani Ibouroi, salarié des Naturalistes.

Riche de sa faune et de sa flore, l’îlot abrite 75% des espèces de Mayotte

Une étude doit démarrer en septembre pour déterminer le nombre et la répartition des rats présents sur l’îlot. Un chiffre communément avancé parle de 20 000 individus, « il n’y a pas de données qui justifie cela » selon le Dr Thani Ibouroi.

Dans un mois, les journées du patrimoine seront l’occasion pour les personnes intéressées de se rendre compte de la réalité de ce site riche en histoire, mais surtout en quête d’une vie sauvage à reconstruire.

Y.D.

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