En bordure de falaises, il est menacé par l’érosion. En bordure de plage, il est menacé par les feux divers. Et partout, le succès culinaire de ses fruits l’empêche de se reproduire. Le baobab est une victime méconnue de l’activité humaine, et un symbole fort de l’impact de l’Homme dans son environnement. En 2018 déjà, des scientifiques alertaient sur une mortalité soudaine des baobabs d’Afrique australe, une mortalité accélérée par les sécheresses et la hausse des températures.
A Mayotte, seules deux espèces de baobab coexistent, et certains spécimens sont peut-être plus anciens que la présence humaine sur l’île. Arbre imposant et à haute valeur symbolique, il a été choisi comme fer de lance du programme de reconquête de la biodiversité de l’interco de Petite Terre. « On a choisi le baobab car c’est un symbole de l’Afrique et qu’on en trouve peu en Petite Terre » explique Faynoussati Ali Hamissi, chargée de mission Gemapi, protection des milieux aquatiques et de la biodiversité à la communauté de commune de Petite Terre. Parmi les menaces qui pèsent sur les arbres-bacocos, elle regrette notamment « les cimetières de baobab » qui jonchent le sol à Saziley où les fruits sont tellement prisés que l’espèce « n’a plus le temps de se reproduire ».
Au secours du philarthron
L’interco souhaite faire de Petite Terre un havre de paix pour ces arbres. Mercredi 15 janvier, 6 baobabs « Adansonia digitata » ont été plantés sur des terrains du Conservatoire du littoral à Moya, dont un au bord du parking. Les lieux choisis sont des terres agraires, exploitées légalement au titre de conventions entre les agriculteurs et le Conservatoire du littoral. Dans quelques dizaines d’années, ils seront visibles depuis les plages de Moya et même depuis le large. Autour, l’interco a fait planter des plantes également menacées qui viennent compléter ce qui était l’écosystème avant que l’agriculture ne recouvre tout. Avec notamment du philarthron (connu ici comme le shivondzé), une plante médicinale menacée par les cultures de banane et de manioc en forêt.
Par ailleurs, arbre mellifère, le baobab devrait alimenter un futur projet de ruches.
19 autres plants doivent être installés autour du lac Dziani et à la Vigie. Si tout se passe bien, ils y couleront des millénaires heureux.
Le projet de l’interco prévoit aussi l’installation de plantes indigènes en ville, avec le concours du conservatoire botanique cette fois.
Y.D.