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vendredi 19 avril 2024
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Comment réguler le nombre d’enfants chez des familles en pleine évolution

Coincée entre la métropole au modèle familial très éloignée du sien mais qui l’impacte forcément, et une population migrante à la forte fécondité, Mayotte doit redessiner la famille de ses rêves. Tout un programme pour les futurs candidats aux élections.

La formule fait florès depuis l’accès de Mayotte au statut de département : « la société mahoraise est en pleine mutation ». Face aux valeurs qui évoluent sous l’empreinte métropolitaine, la notion de famille évolue, et peine à trouver son équilibre. C’est un des grands enjeux des futurs élus locaux, selon Jamel Mekkaoui, directeur de l’antenne locale de l’INSEE.

Sa dernière publication sur les familles revêtait un grand enjeu, car elle soulève des questions restées sans réponse. 30% des familles ont plus de 4 enfants, contre 4% en métropole, et dans une famille sur trois, les enfants ne sont gérés que par un seul parent, quasiment toujours une femme. « Ce sont souvent des foyers en précarité, avec des cases en tôles, et de nombreux enfants », note Jamel Mekkaoui.

Comment accompagner ces familles, notamment pour prévenir l’errance des enfants et donc la délinquance ? Comment travailler sur la limitation des naissances, et remettre en place un planning familial, quand les politiques nationales regardent en sens inverse, en réponse à l’infléchissement toujours marqué des naissances en métropole ? Un paradoxe que vit d’ailleurs l’Union Départementale des associations familiales (UDAF), qui fait face à une forte démographie sur place quand sa maison mère, l’UNAF doit inciter à l’accroissement des naissances dans l’Hexagone.

Les jeunes filles rêvent toujours de familles nombreuses

Jamel Mekkaoui lors de la publication sur les familles à Mayotte

Toujours d’actualité, le « 1, 2, 3, bass… ! » (1, 2, 3, enfants, ça suffit !) est pourtant obsolète, selon Jamel Mekkaoui : « Ceux qui l’ont suivi avec succès à l’époque, n’ont pas compris la démarche. Les femmes de 45 ans dont les 3 enfants sont partis étudier en métropole, regrettent du coup de ne plus avoir d’enfants à la maison. On se réjouit quand il y a convergence vers les standards nationaux, mais sans se poser le problème du modèle familial. »

En ressortent d’autres incohérences : alors que la règle est la limitation des naissances pour pouvoir notamment suivre le rythme des constructions scolaires, pour paraphraser la maladresse d’un vice-recteur d’antan, les jeunes filles ne semblent pas avoir pris conscience des enjeux, « lors d’une enquête en 2015, elles répondaient vouloir en moyenne 4 enfants », explique toujours Jamel Mekkaoui. Communiquer sur la maitrise de la fécondité auprès des adolescents semble donc indispensable. Sans partage par la population, le concept de planning familial ne marchera pas.

On ne joue plus collectif

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Les autres DOM partagent certaines de nos caractéristiques, pas toutes, et avec des spécificités historiques différentes. Aux Antilles, les familles monoparentales sont beaucoup plus nombreuses, 60%, nous dit une récente étude nationale de l’INSEE. « Mais cela correspond à leur modèle qui fait porter la responsabilité du foyer sur la femme », commente le statisticien, en soulignant que le nombre d’enfants par famille y est moindre, donc plus facile à gérer.

Historiquement à Mayotte, la mère n’a pas plus de place centrale que le père, « certains demandent qu’il soit désormais plus présent, mais c’est la collectivité qui a toujours pris en charge les enfants à Mayotte, c’est un système villageois. Or, on constate une évolution de ce système. » Que ce soit en raison de l’arrivée de la télévision dans les foyers, ou de l’importation d’un modèle familial métropolitain, ou encore de la responsabilité pénale en cas de délit de l’enfant, « désormais, lorsqu’une maman a un problème avec son enfant, elle ne peut plus toujours compter sur l’appui de la communauté alors que c’était le cas. » On ne peut donc pas associer monoparentalité et délinquance, « tout dépend du modèle de société qu’on se donne ».

La contraception par le riz

Anrafati Djihadi met en place un plan de communication avec ses partenaires

Une chose est sûre, il faut limiter le nombre de naissance pour répondre aux enjeux des politiques publiques en matière de santé et d’éducation notamment. Pour y arriver, il faut aussi toucher la population en situation irrégulière. « Les familles mahoraises ont su baisser leur fécondité, de 8 enfants en 1978 à 4 enfant en 2012, mais cela a remonté à 5 enfants en 2017. Les politiques doivent maintenant s’adresser aux femmes étrangères dont la fécondité est plus élevée. Ce sera tout l’enjeu des débats des municipales. »

C’est un des objectifs de l’UDAF, nous indique Anrafati Djihadi : « Face à la hausse du taux des naissance qui était de 4 enfants par femme en 2012, pour passer à 5 en 2017, il faut relancer les campagnes de sensibilisation. Nous avons d’un côté des familles actives, qui travaillent, et font des enfants par projet, et de l’autre des filles de plus en plus jeunes qui veulent avoir des enfants très tôt. » Un accompagnement différencié à la parentalité s’impose donc pour la directrice de l’UDAF, « nous travaillons en partenariat avec les PMI, mais pour toucher les 75% de femmes étrangères et sans travail, nous devons aussi passer par les associations familiales de proximité. Il faut savoir que les femmes sont souvent volontaires pour diminuer le nombre des enfants, mais face à l’incompréhension de leurs maris, sont obligées de cacher les pilules dans les sacs de riz ! Il faut donc aussi sensibiliser les hommes. »

Anne Perzo-Lafond

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