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Débat autour de la liberté d’accès à la salle d’audience quelque soit la météo sociale

Les habitants de Chiconi devant le tribunal ce mercredi 21 juin
Les habitants de Chiconi devant le tribunal ce mercredi 21 juin

Un Tribunal de grande instance sous une protection efficace ce mercredi, puisqu’il était impossible d’entrer sans montrer patte blanche, un comble à Mayotte !, sous la forme d’une carte de presse, papier d’identité ou autre. Plus tard à l’audience, l’avocat Me Kamardine, dont le visage de nouveau député s’affiche sur tous les médias depuis dimanche soir, interviendra : « Quand je suis passé, on m’a demandé de décliner mon identité ! »

Ce qui posait le problème du libre accès à une audience correctionnelle publique. Si le JDM a pu pénétrer dans l’enceinte ce mercredi, et vous relater les affaires en cours, c’est que nous avons eu un laisser-passer de premier choix en la personne du commissaire Jos, qui d’un « on la connaît ! », ouvrit toute grande les portes du tribunal qui ne nous sont jamais fermées d’habitude.

Deux groupes de soutien étaient présents, banderoles en main. Le premier, maintenu à l’extérieur des murs du Tribunal, représentait les habitants de Chiconi venu défendre les 3 justiciers de délinquants. Le Collectif « Fandzaria Maicha Chiconi Sohoa » (Bien-être des habitants de Chiconi et Sohoa), n’avait pas fait les choses à moitié, puisque ils arboraient des tee-shirts floqués « La délinquance tue Mayotte », et au dos, « L’Etat absent », et brandissaient des affiches qui en disaient long sur le malaise vécu par la population, tout en ironisant : « A quand un vaccin contre l’insécurité ? Faites vos dons, que la recherche avance vite ».

Côté cour, côté jardin

Les policiers d'Alliance police nationale à l'intérieur
Les policiers d’Alliance police nationale à l’intérieur des bâtiments

Le second était formé par une vingtaine de policiers du syndicat Alliance Police nationale, en soutien à leurs deux collègues jugés ce mercredi : « C’est un soutien moral plus qu’une pression. Nous n’arrivons déjà pas à leur mettre la pression quand on leur présente des délinquants multirécidivistes ! », répondaient-ils, caustiques. Ils s’étaient faufilés tôt le matin au tribunal.

Seules différence entre les deux groupes, le premier était maintenu à distance, alors que les seconds pénétraient dans la salle d’audience. Une inégalité de traitement que ne manquaient pas de dénoncer les avocats, pendant que le tribunal se retirait pour délibérer sur ce sujet de publicité des débats. « Nous ne bénéficions d’aucun privilège d’accès », glissaient-les policiers. Ils ont d’ailleurs été priés à 3 reprises de quitter les lieux, mais ont refusé.

Par le passé, les bouénis, souvent plus virulentes que le groupe de Chiconiens, ont toujours pu pénétrer dans la salle d’audience, quitte à en être renvoyées si elles manifestaient bruyamment.

Garantir la publicité des débats

Le collectif de Chiconi a pu pénétrer peu à peu dans la salle d’audience, aux tee-shirts floqués "L'Etat absent"
Le collectif de Chiconi a pu pénétrer peu à peu dans la salle d’audience, aux tee-shirts floqués « L’Etat absent »

Me Nadjim Ahamada avait demandé que l’injustice soit réparée, intervention approuvée par l’avocat de la partie civile Me Simon, « bien que ces personnes soient hostiles à mes clients », par le procureur Camille Miansoni « il n’est pas question de s’opposer à la publicité des débats », alors que Laurent Sabatier, le président de l’audience qui est aussi celui du TGI, abondait : « L’entrée libre du tribunal est une garantie de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. »

Et après s’être retiré pendant plus d’une demi-heure, le tribunal tranchait en faveur d’un accès libre à la salle d’audience pour les deux comités, « sans banderole, dans le respect de la tranquillité des débats, et en fonction de la place assise disponible ».

Preuve que quand on sait faire passer le message, il est respecté : seul le bruit des engins du chantier voisin venait perturber le réquisitoire du procureur.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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