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Mamoudzou

« Décasés » : Hébergés en gîte, ils devront être relogés dans les 3 mois après l’Ide

Les "décasés" ne voulaient pas entendre parler de la solution du gîte ce mercredi matin
Dernière réunion entre les « décasés » et certaines associations qui les accompagnent sur la place de la République hier

Est-ce l’action en justice des associations qui a ainsi incité la préfecture à déclencher cet hébergement d’urgence ? Difficile de le savoir, le propriétaire du gîte, Michel Ngoma, ayant fait part de sa proposition il y a une semaine déjà.

Le préfet, dans un communiqué, motive sa décision par les conditions de vie dégradées des « décasés » de la place: « A l’évidence et malgré les efforts déployés par les services de l’État, force est de constater que les personnes qui se sont installées sur cette place ne bénéficient pas de conditions de vie satisfaisantes. »

La pression des commerçantes, relayée par les Femmes leader aussi: « Des tensions de plus en plus vives ont fait jour entre les commerçants du marché et les personnes installées sur cette place. »

« Voir les choses du bon côté »

Michel Ngoma, propriétaire du gîte de Bengalé, était présent à l'audience
Michel Ngoma, le mari de Naïlani Hafousati, se disait confiant de l’évolution de la situation au sein de leur gîte

C’est pourquoi, le préfet de Mayotte a décidé de procéder au relogement de ces personnes dans un gîte situé dans la commune de Mamoudzou, « dont le propriétaire a spontanément proposé un hébergement. »

Nous avons contacté Naïlani Hafousati, la gérante du gîte, une femme plein d’entrain : « Je voulais qu’on arrête de voir ces personnes comme des étrangers, mais qu’on prenne les choses du bon côté, pas négativement. » Elle est donc passée plusieurs fois sur la place de la République pour essayer d’imaginer une solution qui soit sécurisante pour les familles.

Elle avance cent places sous tentes, cent sur la partie hôtellerie, « et nous avons aussi des chalets en bois et des bungalows en terre battues. «  Au total, la capacité se monte à 272 places. Du côté des anciens occupants de la place de la République, les listes sont en cours de finalisation, « certains n’avaient pas leurs enfants auprès d’eux hier. Ils pourraient être 160 environ. »

Labellisé Jeunesse et sport

Les occupants de la place de la République avaient rassemblé leurs affaires hier
Les occupants de la place de la République avaient rassemblé leurs affaires hier

Le gîte est habituellement destiné à l’accueil collectif des mineurs, pour le département et pour les mairies, « mais nous pourrons poursuivre cette activité tout en accueillant sur un deuxième site, les nouveaux arrivants. » Le gîte a été labellisé cette année Jeunesse et sport.

Une solution sans limitation de durée, avait précisé la préfecture à la barre du tribunal administratif hier, mais qui doit permettre néanmoins aux familles de s’organiser: « Cette solution digne et humaine doit permettre à chacune des familles présentes sur place de trouver, à court terme, une solution d’hébergement plus pérenne, en liaison avec les services sociaux et les associations en charge de ces questions », confirme la préfecture qui rajoute que « la Place de la République sera rendue à son fonctionnement habituel. »

Jusqu’à trois mois après la fin du ramadan

La satisfaction prudente de Me Ghaem hier, lors de l'annonce de relogement par la préfecture
La satisfaction prudente de Me Ghaem hier, lors de l’annonce de relogement par la préfecture

Une convention est en cours de préparation entre les services de l’Etat et le gîte Bengali : « Nous avons échangé hier à 14h et à 21h. Nous prenons en charge l’hébergement jusqu’à la fin du ramadan, et la préfecture la restauration. Ensuite, la préfecture prendra intégralement le relais, sur une durée de 3 mois après la fin du ramadan. Ils vont travailler sur place à l’examen de relogement de chaque dossier. » Un travail qui n’a pu être mené efficacement jusqu’à présent, « mais là, ils seront au calme, je suis optimiste », nous confie-t-elle.

Elle avance aussi un appui scolaire pour les enfants qui n’ont pas pu retrouver les bancs de l’école depuis un mois et demi, « nous montons notre effectif à 12 salariés pour ces grandes vacances ». Son mari et elle n’ont pas encore d’enfants, « mais hier, j’en ai eu 70 d’un coup ! », lance-t-elle dans un grand éclat de rire. Un vrai souffle d’optimisme, Naïlani Hafousati.

L’action en justice des associations pourrait donc s’éteindre avec un non-lieu, on le saura aujourd’hui à 14h.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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