Electricité de Mayotte (EDM) montre l’exemple pour mieux convaincre. Depuis le mois de février, le parking du siège de l’entreprise à Kawéni est éclairé exclusivement avec 26 lampadaires inédits mais probablement plus pour longtemps. Nous pourrions en effet les retrouver bientôt dans tout Mayotte. Ils fonctionnent avec un panneau solaire qui recharge une batterie. Et lorsqu’ils s’allument à la nuit tombée, les lampes LED n’utilisent rien d’autre que l’énergie stockée durant la journée.
«Non seulement ces lampadaires éclairent, mais ils éclairent très bien», explique Yacine Chouabia, le directeur d’EDM. Depuis 5 mois, on a vérifié tous les soirs et à toute heure de la nuit et les études ont montré qu’avec le climat de Mayotte et même pendant la saison des pluies, avec une grosse couverture nuageuses pendant plusieurs jours, ça fonctionne très bien.» Il faut dire que ces lampadaires n’éclairent pas toute la nuit de la même façon. Ils peuvent moduler l’intensité lumineuse qui devient par exemple un peu moins importante entre 3h et 4h, au moment où les rues sont les plus calmes.
Éclairer enfin nos villes
Ce matin, EDM rendait compte de son expérimentation aux collectivités et à la DEAL qui sont particulièrement intéressées. Car le moment de cette expérimentation n’est pas un hasard. Elle intervient au moment où toutes les communes veulent, enfin, doter leurs rues et leurs places d’éclairage public. Selon la bonne vieille maxime, en matière d’éclairage public, «nous n’avons pas des lacunes, nous avons des lagunes !»
Pour autant, compte tenu des budgets des communes, pas question de se lancer dans des chantiers très lourds et d’engendrer des factures ingérables. «Certaines communes nous expliquent que l’éclairage public représente déjà 60% de leur facture totale d’électricité», précise Yacine Chouabia.
Des lampadaires vite rentabilisés
Avec ces lampadaires, pas besoin de tranchées, de kilomètres de câbles et d’un raccordement au réseau. Un trou suffit et ils sont autonomes. Et même leur coût n’est pas prohibitif. Ceux installés sur le parking d’EDM coûtent 2.700 euros l’unité. Ils sont relativement bas et sont prévus pour éclairer une place ou un parking. Les éclairages pour une grande route de type nationale pourraient coûter jusqu’à 4.000 euros.
Mais pour qu’ils poussent partout à Mayotte, EDM propose une aide de 1.000 euros par lampadaire ce qui diminue d’autant la facture. «Toutes les études montrent qu’ils peuvent être rentabilisés très rapidement compte tenu du fait qu’ils ne consomment pas d’électricité du réseau».
Comme pour chacune des opérations «citoyennes» que mène EDM, la question se pose de l’intérêt d’un électricien de favoriser des dispositifs qui ne vont pas consommer l’énergie qu’il produit. «Le coût de l’électricité à Mayotte est payé pour un tiers par les consommateurs et pour les deux tiers par la solidarité nationale. Mon intérêt économique est de faire baisser la facture de tout le monde et de maintenir voire de baisser la pression sur le réseau électrique», précise Yacine Chouabia.
Des aides à utiliser avant qu’elles ne repartent
La commune de Dembéni est sur les rangs pour se doter d’une centaine de ces lampadaires solaires. Les études sont même déjà réalisées. La DEAL a lancé un appel d’offre pour éclairer la traversée de Kawéni et pourrait se montrer intéressée par la technologie. «On essaie d’impulser une dynamique et de sortir de la logique de l’éclairage classique lourd à installer et énergivore. Ça nous tient vraiment à cœur d’être au centre des enjeux sociétaux du territoire», souligne Yacine Chouabia.
Et il y a des aides disponibles pour 2016 qu’il serait bon d’utiliser sous peine de les voir repartir. Si les acteurs publics sont concernés, les entreprises peuvent également déposer des dossiers. Leurs demandes seront examinées au cas par cas.
RR
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