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Face à l’urgence du diabète, un grand chantier régional

Diabète ARSDire que le diabète est une priorité régionale, c’est bien. Faire en sorte qu’il le soit vraiment, c’est mieux. L’Agence régionale de santé a ouvert hier jeudi à La Réunion, un grand chantier à l’échelle de Mayotte et La Réunion, une «conférence du consensus» qui va plancher pendant plusieurs semaines sur les aspects très concrets de la pathologie: «On veut aller au-delà des orientations politiques pour réfléchir au plus près de la réalité de la prévention, du dépistage, des actions thérapeutiques… de ce que vit le patient», explique Etienne Billot, directeur de la stratégie et de la performance à l’ARS.

Ce sont donc une centaine de professionnels de santé, animateurs de prévention, représentants de la société civile et de patients, de La Réunion et de Mayotte, qui se sont retrouvés pour la 1ère fois, pour des échanges «d’une grande richesse», selon Etienne Billot. Car si toutes ces personnes ne se connaissent pas forcément, elles ont pourtant une véritable envie de travailler ensemble et d’apprendre de leurs expériences et leurs initiatives respectives.

Pour cette première journée, une série d’ateliers leur permettait de se rencontrer et de poser les bases de plusieurs semaines de travail qui vont se poursuivre par visioconférence entre les 2 îles. Ce sont plus de 30 actions, menées à La Réunion et à Mayotte, qui seront ainsi analysées pour dégager les facteurs de réussites et identifier les freins.

Beaucoup de différences enrichissantes

ARS Soyons plus forts que le diabète«Réunir Mayotte et La Réunion, ça permet d’avoir une communauté de professionnels plus large et de confronter vraiment le travail de chacun. On est dans une logique de qualité et d’échange de réflexions où les regards différents sont essentiels pour faire surgir une part de critique. Et même si Mayotte et La Réunion sont très différentes, des points de vue culturel, familial, de l’environnement sanitaire… Le diabète, c’est une même maladie».

Et c’est une maladie chronique qui frappe durement nos deux îles. Elle est caractérisée par une concentration en sucre trop forte dans le sang du fait d’une insuffisante production de l’hormone qui régule sa présence dans le corps, l’insuline. La maladie peut s’accompagner de complications graves et invalidantes: troubles de la vision, insuffisance rénale, artérite des membres inférieurs pouvant entraîner des amputations, infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux…

La question des chiffres

On sait qu’à Mayotte et La Réunion, près d’une personne sur dix bénéficie d’un traitement contre le diabète, 2 fois plus que le niveau national. Une situation très inquiétante qui mériterait de disposer de données rafraîchies. La dernière étude complète sur le diabète à Mayotte remonte à 2008.
Car au travers du diabète se jouent de nombreuses questions, qui vont de l’équilibre nutritionnel et de l’accès à une alimentation de qualité, à la lutte contre la sédentarité et l’accès aux soins…

Joëlle Rastami, "Faire sortir la maladie de son côté sacré"
Joëlle Rastami, vice-présidente du collectif inter-associatif sur la santé océan Indien, est membre du jury

Vouloir avancer vers une prévention efficace et une meilleure qualité de vie pour les patients, c’est donc regarder en face beaucoup de sujets qui concernent les habitudes de vie et l’environnement sanitaire.

Une démarche qui aboutit en juin

Pour accompagner ce travail, un jury composé de personnalités médicales, d’universitaires, et de représentants de la société civile et de collectifs de patients, est chargé d’assurer la cohérence des travaux. Ses membres* valideront également les «référentiels», autrement dit, les démarches qui s’imposeront comme les modèles à suivre.

«Fin juin, nous aurons deux réunions de restitutions, une à Mayotte et une autre à La Réunion, pour bien montrer que ces référentiels sont propres à chacune des deux îles», précise Etienne Billot. On saura alors ce qui pourrait changer sur la connaissance du diabète dans nos îles, la prévention, le dépistage et l’accompagnement des personnes atteintes.

RR
www.lejournaldemayotte.com

*Composition du jury :
– Docteur Paul LECHUGA, conseiller médical à l’ARS Poitou-Charente, co-président
– Docteur Estelle NOBECOURT-DUPUY, maître de conférence universitaire – praticien hospitalier, nutritionniste, diabétologue, CHU de Nantes, co-présidente
– Docteur François FAVIER, médecin chercheur, INSERM
– Docteur Irène STOJIC, médecin de santé publique, coordonnatrice DU de Santé publique de l’Université de La Réunion
– Maryvette BALCOU-DEBUSCHE, maître de conférence, Université de La Réunion
– Michèle ANDRE, membre du CESER
– Philippe DOKI-TONON, président de l’association ADN 974 (association de patients diabétiques)
– Nicole MINATCHY, présidente du CISS Océan Indien (collectif des usagers du système de santé)
– Joëlle RASTAMI, vice-présidente du CISS Océan Indien, pour Mayotte
– Andréa RANDRIANJOHANY, Présidente de l’association ADRIAS (association de patients diabétiques)

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