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Mamoudzou
samedi 18 janvier 2025

Le défilé pacifique de milliers de Mahorais laisse Paris sans voix

Tamhami M'mami lorsqu'il avait lancé sa pétition autour de l'insécurité
Tamhami M’mami lorsqu’il avait lancé sa pétition autour de l’insécurité

L’île est encore portée par ce rassemblement unique et spontané qui a envahi la place de la République à Mamoudzou avant-hier. Chacun est encore sur son nuage, « ça a fait du bien à tout le monde », témoigne Tamhani M’madi, le porte-drapeau du Collectif des citoyens inquiets qui avait recueilli il y a deux mois 12.642 signatures.

Faute de pouvoir contacter les initiateurs anonymes de la journée « Mayotte Ile morte », et étonnés de l’absence de réaction de Paris, nous lui avons demandé de réagir. Sur la manifestation, il est comme tout le monde ici, très heureux de l’ampleur du rassemblement : « Nous étions tous rassemblés, sans distinction, même si l’évaluation est difficile, c’était énorme. Beaucoup de personnes seraient bien restées plus longtemps ensemble sur cette place. »

Un message clair et fort selon lui, qui a placé haut les enjeux, « ça peut aussi expliquer les tensions de l’après-midi entre le préfet et les élus. »

Un diagnostic de la situation

TV5 Monde relaie comme toute la presse française la mobilisation citoyenne
TV5 Monde relaie comme toute la presse française la mobilisation citoyenne

Une manifestation apaisante après les tensions que Mayotte a subies, que ce soient les barrages de l’intersyndicale de l’égalité sociale, ou les violences de guérillas urbaines. Le relai par la presse nationale s’est poursuivi, et les images de ce long cordon d’habitants ont défilé sur les télés et dans la presse écrite nationale, « quelque soit le média, les gens étaient informés. »

Et pourtant, toujours aucune réaction, ni du président de la République, ni du premier ministre, ni de la ministre des Outre-mer qui a seulement communiqué hier sur un drame survenu en Guyane. « Apparemment, pour eux, toutes les réponses sont dans Mayotte 2025 », lance Tamhani M’madi, « or, ce dont on a le plus besoin, un diagnostic de la situation mahoraise, n’est pas dans ce document. » Il rejoint là un des points de la motion rédigée par les élus : aborder toutes les questions sans tabou.

« Pour se faire entendre, c’est difficile de faire plus ! Une pétition qui rassemble 12.642 signatures, avec une réponse laconique de la présidence, des milliers de gens dans la rue, et tout ça, dans une expression purement citoyenne », s’agace ce jeune chef de famille.

Mayotte dérange

Mettre l'accent sur les jeunes à Mayotte
Mettre l’accent sur les jeunes à Mayotte

Les renforts en hommes sont importants, et il salue le geste du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, « mais est-ce que ça règle le problème de fond de Mayotte ? Est-ce que la justice a les moyens pour réinsérer ? » On sait que non, que les familles d’accueil à la charge du département sont en pleine restructuration, que les Centres éducatifs fermé ou renforcé, ne sont pas budgétisés, « où va-t-on mettre les jeunes interpellés ? »

Il donne raison aux élus qui pointent le problème de l’immigration clandestine qui mange leur budget sans en avoir de compensation, mais les interpelle aussi:  « Occupons-nous déjà de la dizaine de milliers de jeunes nés à Mayotte et qu’il faut sortir de la précarité. On ne peut pas toujours trouver des bénévoles qui bossent ‘à la place de’ »

Un rassemblement qui prouve encore une fois le manque de relai, parlementaire ou préfectoral : « On a l’impression qu’à Mayotte, ce sont les citoyens qui doivent défendre la République et ses valeurs. En chantant la Marseillaise devant les grilles de la Préfecture, on a précisément invité la République à être à nos côtés. »

Ce mutisme, difficile de le comprendre, « s’il y a un souci, il faut le dire. La maire de Sada a bien parlé en évoquant une nécessaire collaboration avec les Comores. Mais tout cela va prendre du temps. Seul le chef de l’Etat peut prendre cette initiative diplomatique, il doit s’exprimer sans tarder. Et avant que la situation ne s’aggrave à nouveau. »

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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