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Projet académique 2016-2019 : de l’idéal à la pratique des élèves mahorais

Nathalie Costantini présentait le projet académique 2016-2019
Nathalie Costantini présentait le projet académique 2016-2019

« Tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser », un extrait du Code de l’Education que l’on peut lire en en-tête, juste en dessous d’une photo emblématique, représentant des jeunes filles coiffées de kishalis : « elle a été prise le 9 décembre 2015 lors de la commémoration de la séparation de l’Eglise et de l’Etat », explique la vice-recteur Nathalie Costantini qui veut mettre l’accent sur l’intégration de Mayotte dans la République, « tout en s’adaptant au contexte et en conservant nos exigences. On ne peut accepter le voile à l’école, mais on comprend les problématiques d’identité. »

Ce projet académique s’est bâti sur une synthèse critique des précédents, annonce la vice-recteur en préambule. Sur la période 2012-2015, les orientations tournaient autour de trois points, la réussite de la scolarité de l’élève, l’affirmation des ambitions de l’école et l’accompagnement des évolutions. Une projection qui reste d’actualité et que n’a pas atteint ce programme, mais il précisait aussi que l’école à Mayotte avait à peine quarante ans.

« Pas le droit de ne pas faire »

Des projets académiques qui sont censés produire de la qualité, mais qui doivent faire face chaque année à de très nombreux nouveaux arrivants, prés de 3.500 en 2015, et qu’il faut apprendre à anticiper, « nous avons eu 4.000 nouveaux arrivants en plus de ce qui avait été prévu », souligne la vice-recteur.

Le premier axe s’intitule « Former autrement et oser innover pour faire de la relation humaine la clé de la réussite de nos élèves » : « Nous sommes partis d’une constatation de lacunes pour travailler sur les outils à mettre en place, nous ne pouvons plaider le manque de moyens pour expliquer un échec. Nous avons le droit de ne pas réussir, pas celui de ne pas faire. » En parallèle, un travail est mené avec les jeunes en réussite scolaire, avec un jumelage et des partenariats avec les grandes écoles.

Le manque de confiance qui est souvent le problème des jeunes mahorais, sera travaillé par la relation adulte-enfant.

Chaque élève à la bonne place

Éviter la déscolarisationLe deuxième axe propose de « Passer de la gestion de flux à la construction d’un parcours », formulation que décrypte Nathalie Costantini : « Compte tenu de la massification du système scolaire, nous ne sommes pas assez performants pour mettre chaque élève à la bonne place. Or, chacun doit trouver son chemin. »

Quatre conventions académiques sont ainsi passées avec Amiens, Nancy-Metz, Nantes et Clermont-Ferrand, « pour que des jeunes puissent suivre des filières professionnelles qui ne sont pas sur le territoire. C’est une forme d’égalité réelle , ponctue-t-elle.

Enfin, on n’est pas loin d’Hamlet avec le 3ème axe, « Etre disposé à… Etre disponible pour apprendre » : « Venir à l’école suppose d’être accompagné, ça ne se fait pas de façon aléatoire. »

A l’intérieur du projet académique qui sera distribué dans tous les établissements et aux partenaires du vice-rectorat que sont notamment les associations œuvrant dans l’éducatif, 25 indicateurs permettent de décliner des actions concrètes : « Ils sont issus des 67 mesures préconisées par le rapport de l’inspection générale, et engagent autant la responsabilité du vice-rectorat, pour la fiche 42 de la formation du personnel de direction, que celle de la CAF pour ce qui est de la 5ème sur la restauration scolaire. » Ils feront tous l’objet d’une évaluation annuelle.

Perte d’attractivité par les mouvements sociaux

Le préfet, la vice-recteur et le principal coupe le ruban du nouveau collège de Majicavo
Le préfet, la vice-recteur et le principal coupe le ruban du nouveau collège de Majicavo

En matière de restauration justement, le vice-rectorat indique avoir systématiquement engagé des travaux de réfectoires pour ses nouveaux établissements, « pour une capacité d’accueil de 300 élèves », alors que des projets de rénovation doivent être menés sur les anciens, « comme c’est prévu au collège de Dembéni. »

Mais en matière de restauration, les maires aussi doivent être impliqués, appelle-t-elle : « Ils doivent demander aux administrés de payer une quote-part, et que les impôts des uns servent aux autres. » C’est déjà le cas en raison d’une fiscalité locale de droit commun déficiente, et il faudra certainement attendre une régularisation avant de pouvoir envisager ce modèle.

Un point était fait sur les perturbations de la journée, « seuls 20% sont grévistes dans le premier degré, 5% dans le second, mais sous réserve que les autres aient pu arriver jusqu’à leur poste », indiquait la représentante de l’Education nationale, qui mettait en garde, « nous aurons 350 contractuels dans le 1er degré à la prochaine rentrée scolaire, et 987 dans le second degré, avec des jeunes très diplômés, de master 1 minimum. Dans le premier degré, nous avions un solde positif d’arrivée de 22 personnes, mais nous avons du créer 110 postes. Un solde qui se maintiendra, sous réserve que les mouvements sociaux en cours n’en incitent pas à annuler leur mutation ! »

Tous les postes de personnels de direction sont pourvus, indique-t-elle, « beaucoup de cadres sont satisfaits de l’accompagnement personnalisé que nous proposons pour leurs enfants, à mettre en lien avec le travail remarquable de beaucoup d’enseignants. » Les tire-au-flanc sont d’ailleurs prévenus, « j’utilise des moyens de coercition, nous n’avons jamais eu autant de retenues sur salaires. Et si j’ai la preuve que certains partent avant la fin du trimestre, ils ne seront pas payés pendant leurs vacances. »

Elle avait d’ailleurs rendez-vous après la conférence de presse avec Moïse Issoufali, le représentant d’Air Austral à Mayotte…

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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