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mercredi 22 janvier 2025

Rites funéraires: les cadis appellent au respect des musulmans

Les autorités religieuses se sont réunies ce mardi matin pour évoquer la question des enterrements et particulièrement le cas des enfants morts-nés à l’hôpital. Les cadis veulent des compromis entre la loi française, la religion et les traditions.

Une réunion sous l'autorité du grand Cadi
Une réunion sous l’autorité du grand Cadi

Les cadis continuent de se faire entendre sur la question des rites funéraires à Mayotte et particulièrement au sein du CHM. Une dizaine de ces autorités religieuses s’est réunie, ce mardi matin, autour du Grand Cadi et du président du CREMM, le conseil représentatif des musulmans de Mayotte pour débattre de la question.
La question des onze enfants morts-nés qui n’ont pas été récupérés par les familles au CHM continue de remuer les consciences. Alors que cinq d’entre eux ont été enterrés à l’initiative de l’hôpital, six autres sont encore en attente d’une inhumation.
Tous les cadis sont d’accord pour dire «plus jamais ça». «Il n’y a pas lieu de débattre pour les musulmans, soulignait l’ancien Grand Cadi. Que le décès concerne un bébé ou un adulte, il faut respecter les rites religieux musulmans.» Et l’enterrement doit être confié à un musulman.

Sur le nombre de ces enfants mots-nés non réclamés, un nombre beaucoup plus important que les six évoqués par le CHM était évoqué. Les cadis ont sollicité leur avocat pour éclaircir cette question.

Une convention avec le CHM

Pour Bacar Ahamada, le président du CREMM, le défunt est "prorpiété absolue de la famille"
Pour Bacar Ahamada, le président du CREMM, le défunt est « propriété absolue de la famille »

Concernant les enfants mots-nés déjà enterrés, les cadis ont convenu qu’aucun pêché n’a été commis. «En temps normal, on devrait déterrer ces morts pour leur faire suivre les ablutions et le rituel, soulignait Mohamed El Mamouni. Mais le temps a passé et nous avons considéré que ces enfants sont morts dans des conditions particulières et qu’ils vont bénéficier des invocations que nous allons faire.»

La question se pose maintenant des nouveaux cas qui se présenteront. Une convention est en cours de rédaction, le CHM planche sur les aspects juridiques alors que les cadis rédigent les protocoles religieux. Mais les autorités spirituelles souhaitent que cette convention s’élargisse à l’ensemble des décès qui interviennent à l’hôpital y compris la question sensible des autopsies.
L’absence de chambre funéraire à l’hôpital où les rites peuvent être effectués a été également soulevée.

Le président du CREMM rappelait que «le défunt, quel qu’il soit, adulte, enfant, fœtus, est la propriété absolue de la famille. Il ne doit ni être déplacé, manipulé ou enterré sans l’accord de sa famille et si elle est absente, la communauté musulmane doit prendre le relai, pas une autre communauté.» Les cadis se disent prêts à prendre en charge l’inhumation. «A partir du moment où un décès intervient à l’hôpital, il faut que les autorités médicales appellent les cadis qui viendront faire le rite et s’occuperont de l’inhumation.» Le financement de telles interventions est malgré tout à préciser.

Se soulever pour se faire entendre

Les cadis veulent connaître avec certitude le nombre d'enfants morts-nés concernés
Les cadis veulent connaître avec certitude le nombre d’enfants morts-nés concernés

«Il faut se soulever pour nous faire entendre pour ne pas que la colère monte dans la population», martelait le cadi de Mzouazia. Et ce propos ne concernait pas seulement les inhumations mais aussi d’autres sujets comme l’absence de mosquée, au sein du CHM mais aussi à l’aéroport. Dans la nouvelle aérogare, une «salle de prière» existe mais elle peut accueillir les croyants de toutes les religions. Les Cadis s’indignent que ce ne soit pas expressément une mosquée.

Alors que les autorités cadiales cherchent une place dans la société mahoraise, elles semblent décidées à sortir d’une longue période de silence pour prendre part aux débats sur la mutation rapide du département. «On fait la loi pour une population. On ne façonne pas une population pour qu’elle entre dans la loi», indiquaient fermement certains d’entre eux.

RR
Le Journal de Mayotte

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