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Cancer du col de l’utérus : le dépistage progresse

L’association Rédéca lance sa 2e campagne de dépistage du cancer du col de l’utérus. 16.500 examens ont été effectués. L’expérience va permettre de mettre en place le dépistage du cancer du sein.

REDECA le livret d'informations«Nous avons mené la première campagne de trois ans dans un pays où il n’y avait pas dépistage.» La satisfaction du docteur Abdou Madi, président de Rédéca, le réseau de dépistage des cancers, est à la hauteur des enjeux de santé publique qu’a relevé l’association. Alors qu’elle lance sa 2e campagne, Rédéca organisait un point sur le travail accompli depuis sa création. «Avant 2009, moins de 1.000 frottis et biopsies avaient été effectuées à Mayotte. En trois ans, nous en avons fait plus de 16.500.»

Dans la ligne de mire de l’association, le cancer du col de l’utérus, le 2e cancer le plus décelé à Mayotte. Comme c’est souvent le cas, un dépistage précoce offre des chances de guérison beaucoup plus importantes. Ce sont les femmes de 25 à 65 ans qui sont concernées. Elles sont plus de 41.000 à Mayotte.

Un laboratoire métropolitain

Une fois le frottis réalisé, c’est un laboratoire de Métropole qui effectue les analyses avec des résultats qui sont obtenus en quinze jours. «Mayotte ne dispose pas d’un médecin anatomo-pathologiste qui permettrait d’effectuer ce travail sur place», précise Aminata Cimmino, la directrice de Rédéca. La présence de ce spécialiste allègerait pourtant considérablement la logistique de l’association.

L’ensemble de ce dispositif coûte 300.000 euros entièrement pris en charge par l’ARS, l’agence régionale de santé. A signaler que ce dépistage est gratuit pour les femmes qu’elles soient affiliées ou non à la sécurité sociale.

Dépistage et suivi médical

Clémence Georges, sage-femme coordinatrice, Aminata Cimmino, directrice de Rédéca, Le Dr Abdou Madi, président de l'association et Diane Rakotonanahary, de l'ARS
Clémence Georges, sage-femme coordinatrice, Aminata Cimmino, directrice de Rédéca, Le Dr Abdou Madi, président de l’association et Diane Rakotonanahary, de l’ARS

L’association collabore avec une soixantaine de professionnels de santé, en libéral comme au CHM et dans les PMI. Une sage-femme coordinatrice travaille également au sein de la structure et assure des consultations dans l’ensemble du département. Elle fait partie des neufs salariés comme les trois agents de terrain qui vont au plus près des femmes, dans les villages, pour expliquer la maladie, le dépistage et vaincre les réticences en particulier religieuses. «On a d’abord commencé à parler aux hommes, explique le Dr Abdou Madi. Nous avons réuni tous les cadis de Mayotte pour leur expliquer. Et ils ont compris que c’était important pour la vie de leur femme, de leurs filles ou de leur mère.»

En plus du dépistage, Rédéca assure aussi le suivi des patientes en cas de résultats anormaux du dépistage, que ce soient des lésions bénignes, précancéreuses ou des cancers. Les examens complémentaires et les traitements sont alors réalisés par le CHM. 334 femmes étaient concernées en 2012.

Objectif : 50% de femmes dépistées

REDECAAvec la première campagne, 38% des femmes concernées ont consulté et onze cancers ont été découverts dont sept à un stade précoce. L’objectif de la 2e campagne est de faire monter ce taux à 50%. «Nous comptons beaucoup sur les femmes de moins de 40 ans pour qu’elles nous amènent leur maman. Car à Mayotte, les femmes qui ne sont plus en âge de procréer pensent qu’elles ne sont plus concernées. Or ce n’est évidemment pas le cas», relève le Dr Abdou Madi.

Pour parvenir à ses fins, l’association s’est dotée de nouveaux outils comme un livret d’information et un carnet de suivi. De petits films pédagogiques, en français et en mahorais, ont été réalisés. Et jusqu’à la fin du mois, toute une série d’actions de sensibilisation va être menée dans le département*.

Après le cancer du col de l’utérus, Rédéca souhaite travailler à la mise en place du dépistage du cancer du sein. «On espère y arriver d’ici un ou deux ans», annonce Aminata Cimmino.
RR
Le Journal de Mayotte

*Des matinées d’information sont programmées dans les lieux suivants :
-marché de Coconi, le samedi 7 juin
-marché de Mamoudzou, le mardi 10 juin
-Caisse de sécurité sociale, le mercredi 11 juin
-Plateau sportif de Mtsamboro, le samedi 14 juin, conjointement avec le madrassati Hayria, suivie d’un debah traditionnel
-Caisse d’allocations familiales, le mercredi 18 juin
-marché de Mamoudzou, le vendredi 20 juin

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