Rassemblement arrosé pour les fonctionnaires en grève. L’intersyndicale avait donné rendez-vous aux abords du tribunal de Mamoudzou où les magistrats en robe attendaient les grévistes sous la pluie, avant l’audience correctionnelle du jour.
«Nous ne sommes que 18» avaient fait valoir les magistrats lors de l’Assemblée générale de l’intersyndicale lundi face à une marée de professeurs. Mais leur nombre compte finalement relativement peu. Leur présence dans le mouvement est particulièrement appréciée et respectée de la part des autres fonctionnaires de l’Etat en grève. L’intersyndicale avait d’ailleurs donné rendez-vous ce matin devant le tribunal de Kaweni pour soutenir à l’ensemble des personnels du ministère de la justice qui suivent le mouvement, comme elle l’avait fait hier pour les hospitaliers au CHM (voir article).
Ils ne sont que 18 et pourtant leur mouvement est loin d’être symbolique puisque le fonctionnement de la justice est fortement perturbé. Mercredi dernier, ce sont par exemple 80 dossiers de pilotes de kwassa qui ont été classés sans suite faute de pouvoir les reconvoquer.
Une indemnité présentée comme non-imposable
«Notre motion de protestation est restée lettre morte» expliquait le président Rieux au début de l’audience correctionnelle du jour. Un de ses assesseurs précisait «qu’il ne s’agit pas de nous soustraire au paiement de l’impôt (…) Cette motion ne consiste pas à conquérir de nouveaux droits ou à obtenir un avantage supplémentaire par rapport à nos collègues des autres DOM. Il s’agit de respecter les engagements avec lesquels nous avons décidé de venir à Mayotte.»
Ce matin, les personnels de l’institution judiciaire diffusaient d’ailleurs la présentation des fiches de poste publiées par le ministère dans lesquelles le régime fiscal est précisé. Il y est encore clairement indiqué que «l’indemnité d’éloignement n’est pas imposable».
«Cette motion de protestation manifeste une inquiétude pour ce jeune département dans lequel il y a un besoin de justice et d’accès au droit, ajoutaient les magistrats. Jeune département, car ça ne fait que deux ans que les institutions judiciaires actuelles sont en place. Jeune aussi par sa population qui est en attente forte de services publics et en particulier en matière d’éducation.»
Comme à chaque rassemblement, c’est la menace de demandes massives de départs anticipés qui est brandie.
Cette explication étant faite, les magistrats ne siégeant pas quittent alors la salle d’audience pour rejoindre les 200 grévistes rassemblés à l’extérieur.
L’audience du mercredi matin pouvait commencer. Comme c’est le cas depuis le début du mouvement, elle ne traitait que les affaires urgentes. Dehors, après deux heures passées sous la pluie, peu à peu, les grévistes se dispersaient. Ils doivent à nouveau se retrouver demain sur la Place de la République à Mamoudzou à partir de 9 heures.
RR