Au cours des débats menés pour définir quels sont les projets et infrastructures à inscrire au Schéma d’Aménagement Régional (SAR), certains se sont étonnés de ne pas y voir la piste longue. « On a vu qu’il y avait des études en Grande Terre, mais l’investissement n’est pas mentionné », indiquait un intervenant. A relier avec une autre intervention, celle d’un directeur de Service technique du Département, « on n’aura bientôt plus de financement pour le STM. Il faut construire un pont entre Petite et Grande Terre et l’inscrire au SAR ».
Alors que d’autres s’exclamait dans l’hémicycle, « si la piste aéroportuaire se fait en Grande Terre, c’est la mort de Petite Terre ! ».
Avec le port, il s’agit d’infrastructure qui « dépassent la compétence des communautés de communes, et ne sont donc pas inscrites au Schéma », rassurait Ismaël Zoubert, chef de projet SAR au conseil départemental. Mais dans les couloirs, la piste alimentait de nouveau les conversations.
On sait maintenant que le scénario 2 est retenu, c’est à dire la création d’une nouvelle piste convergente s’appuyant sur l’extrémité sud de la piste actuelle. Comme nous l’avions expliqué, les dernières études indiquent qu’elle serait construite sur un remblai-digue d’une longueur de 2.780 mètres, avec une surélévation rendue nécessaire face aux risques naturels de quasiment 9 mètres à l’extrémité Sud et 7,5 mètres à l’extrémité Nord. Considérable. La carapace d’enrochement du remblai-digue nécessitera de 2,5 à 3 millions de m3 de matériaux nécessaire, alourdissant la facture du projet estimée entre 550 et 700 millions d’euros.
Il faut faire carrière
Après avoir lâché, « on le fera ! », en parlant de la piste longue, le président Emmanuel Macron avait rajouté, « mais il faut sécuriser l’approvisionnement de matériaux pour ne pas faire comme la route du Littoral à La Réunion. »
Or, si le volume de terre et gravats utile à la piste longue est exponentiel, il faut déjà sécuriser les projets inscrits au SAR. Un acteur du BTP mettait en garde : « Attention à ménager une disponibilité des matériaux de construction à Mayotte. Il faut dès maintenant réserver des espaces pour des futures carrière, et c’est un long processus, cela demande plusieurs années. »
Une étude était lancée sur sa faisabilité en Grande Terre, comme nous l’avions révélé, mais il s’agit de « border le projet juridiquement », nous avait assuré Christophe Masson, délégué de la direction du transport aérien de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) à la piste longue.
Pour ne pas que les finances et les contraintes techniques aient raison du projet, il faut se poser les bonnes questions dès maintenant.
A.P-L.