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Le jazz prend un coup de jeune, lancement gagnant du festival Yelewa

Mêlant traditions locales et musique jazz, près de 150 élèves d'écoles élémentaires et de collèges se sont retrouvés à la MJC de Mtsapéré pour un spectacle haut en couleurs, prouvant qu'une musique jugée parfois élitiste peut être jeune et se marier avec les traditions d'ici. Mzindzano pour les uns, paroles revisitées en shimaore pour les autres, séduisant.

Bob Marley ou les Kids United en salouva, et pourquoi pas ? Du Mzindzano (masque de visage traditionnel) pour un concert de jazz ? Super idée ! La rencontre de ce jeudi matin, préambule au festival Yelewa Jazz, réunissait quelque 148 collégiens et écoliers à la MJC de Mtsapere pour une rencontre musicale à la fois improbable et cohérente. Et si les élèves pour beaucoup appréhendaient leur propre trac, celui ci passait inaperçu une fois sur la scène, que ce soit en français, en anglais ou même en shimaore, une recette revisitée à la sauce curcuma que les légendes du jazz n’avaient sans doute pas vue venir.

Le festival Yelewa qui commence ce vendredi ne pouvait trouver meilleur prélude que la prestation de ces élèves

Andy Soudier, référente du festival Yelewa auprès des chorales scolaires, met en partie ce succès sur la « passion » des enseignants impliqués, et bien sur l’important travail des élèves à leurs côtés. Un travail d’autant plus remarquable que le jazz semble assez éloigné du quotidien des jeunes Mahorais. « Les enseignants connaissent pas mal de musiques dans leur cursus, on a choisi le jazz car c’est un style particulier qui est peu écouté par les enfants. C’est une vraie découverte qu’ils ont travaillée toute l’année. On s’est orientés vers des chansons qui ne sont pas toujours vraiment du jazz mais avec comme ligne directrice le jazz ». Pour initier ce style auprès des jeunes « on a travaillé sur des chants assez entraînants comme Mama Africa (Kids United), c’était une belle découverte ».

De la découverte au coup de coeur

Pour y parvenir, « il y a eu beaucoup d’écoutes musicales, les élèves ont travaillé l’histoire du jazz, ses grands noms, et les enseignants sont aussi des passionnés du jazz, en transmettant cette passion, les élèves ont vraiment adhéré ».

En tout, 6 classes, deux de primaire et quatre de collège ont participé à cette rencontre inter-degrés. « La difficulté, c’est que les élèves sont éloignés géographiquement, ils n’ont donc pas eu la possibilité de répéter ensemble » souligne la bénévole.

La rencontre se voulait aussi celle des styles, avec cette classe de Majicavo qui mettait à l’honneur les codes mahorais

De quoi générer un certain stress, mais sur scène, celui-ci s’effaçait rapidement. La jeune Naïssa a notamment dû franchir le pas de chanter en anglais devant près de 150 autres élèves et adultes. « Vu qu’on apprend déjà l’anglais, ça a été facile » sourit l’adolescente après sa performance de « Everything’s gonna be alright » de Bob Marley. La plupart de ses camarades connaissaient déjà la chanson, mais pas tous. En revanche, toute sa classe semble partager un même coup de cœur pour l’exercice. « Les instruments c’est trop bien, parce que quand on écoute l’instrument on a envie de danser », « et de chanter aussi, ça nous plaît vraiment » rebondit une de ses camarades.

Leur prof Baggio Juraver salue la performance. « On y arrive en les aiguillant sur ce qu’ils écoutent, en les sortant de leur zone de confort pour faire découvrir d’autres musiques que ce qu’ils connaissent ». Pari gagné.

Y.D.

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