Depuis lundi soir, La Réunion était en pré-alerte cyclonique en raison de l’approche d’une dépression tropicale située à environ 470 kilomètres au Nord-Ouest de l’île mardi matin. Lors d’une conférence de presse, au regard de l’évolution défavorable du système dépressionnaire, le préfet de La Réunion a décidé de déclencher l’alerte orange cyclonique à partir de ce mercredi 26 février à 14h sur l’ensemble du territoire.
« Une menace importante et très sérieuse »
« C’est une menace importante et très sérieuse pour La Réunion« , a affirmé la directrice inter-régionale de Météo France pour l’Océan Indien en conférence de presse. D’après les météorologistes, cette dépression se déplace toujours en direction de l’Est-Sud-Est et pourrait se rapprocher lentement de l’île Maurice, avant de plonger en direction du Sud vers La Réunion. La dépression, baptisée Garance, pourrait se transformer en cyclone tropical intense, menaçant directement l’île de La Réunion. « Le futur cyclone tropical Garance est prévu de petite taille. Ces systèmes de petite taille, connaissent des variations rapides d’intensité », a déclaré Météo France. Plus de 48h avant l’arrivée du futur cyclone, le Préfet de La Réunion estime que l’île pourrait passer en alerte rouge dès jeudi.
« Garance » : une trajectoire incertaine, mais des prévisions inquiétantes
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En effet, si la trajectoire du météore est incertaine, les prévisions ne sont pas bonnes. Selon les prévisions météorologiques actuelles, la dépression devrait se déplacer lentement vers l’Est, et atteindre le stade de tempête tropicale dans la nuit de mardi à mercredi, avant de se renforcer. « Un virage vers le Sud est envisagé entre mercredi et jeudi, avec une poursuite de l’intensification. Le système pourrait alors se rapprocher du secteur Réunion-Maurice à un stade mature (atteignant le stade de cyclone tropical, plutôt jeudi) selon une chronologie encore incertaine à l’heure actuelle », a rapporté Météo France. Dans la journée de jeudi et de vendredi, au plus près des côtes, le futur cyclone devrait se déplacer à 70 kilomètres de l’île.
Une dégradation progressive des conditions climatiques est donc attendue dès aujourd’hui, et principalement de jeudi à vendredi, avec des vents forts, des pluies abondantes, et une houle importante sur l’ensemble de l’île. Les autorités réunionnaises, en collaboration avec Météo-France, suivent de près l’évolution de la trajectoire du phénomène, qui pourrait se renforcer davantage dans les jours à venir. « La tendance n’est pas vraiment bonne pour La Réunion […] La situation est à prendre au sérieux« , a déclaré le responsable de la prévision cyclonique Météo-France. Bien que l’issue ne soit pas encore totalement certaine, les premiers signes d’intensification laissent envisager un passage à une alerte orange, voire rouge, selon l’évolution de Garance. Les habitants de La Réunion sont donc invités à se préparer à de possibles coupures de courant, inondations et autres impacts liés aux vents violents.
« Cela ne peut pas être pire que Chido »
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« Cela ne peut pas être pire que Chido. À La Réunion, les infrastructures ne sont pas les mêmes. Le contexte n’est pas pareil. Je ne suis pas inquiète », confie Aïcha, une habitante de Mayotte, en déplacement à La Réunion, en faisant allusion au cyclone dévastateur qui a frappé Mayotte le 14 décembre 2024. Plus de deux mois après le passage de Chido, le souvenir de cette catastrophe, qui a ravagé l’île, est encore très présent dans son esprit. Les destructions massives, l’isolement de nombreuses zones, et la lutte pour se rétablir après la catastrophe l’ont marquée à jamais. Mais face à la pré-alerte cyclonique Garance, Aïcha se sent plus sereine, consciente que les infrastructures de La Réunion sont plus résiliantes et les systèmes de prévention plus ancrés dans les esprits.
La population réunionnaise se prépare
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Mais bien qu’habituées à ces phénomènes, à chaque nouvelle alerte cyclonique, les autorités réunionnaises rappellent la nécessité d’une préparation sérieuse. Dès lundi 24 février à 19h, le préfet de La Réunion, Patrice Latron, a donc activé la pré-alerte afin de préparer la population à une éventuelle intensification du phénomène météorologique. « On n’est pas inquiet, ce n’est pas la première alerte que l’on vit. On suit les informations. On se prépare. On met de l’eau de côté, des bougies, pas de frais, des choses qui se conservent, pour manger quelques jours s’il n’y a plus d’électricité. Les autorités mettent bien cela en avant, nous sommes prévenus à l’avance, c’est bien organisé », déclare Alexandre, un habitant des Avirons.
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Dans les restaurants, même anticipation. « On rapatrie tout dans le restaurant, on ferme les robinets d’eau pour éviter les fuites après le cyclone, à notre retour, on fait un grand nettoyage du restaurant avec les responsables. En période d’alerte orange, le restaurant peut fonctionner, mais cela dépend des cas de figure, généralement on travaille jusqu’au déclenchement de l’alerte rouge », déclare un restaurateur de Saint-Leu.
Les autorités locales, en collaboration avec Météo-France, rappellent qu’il est crucial pour la population de ne pas attendre la dernière minute pour sécuriser son domicile. En période d’alerte cyclonique, la sécurisation des espaces extérieurs, la vérification des systèmes de drainage, ainsi que la préparation d’un kit d’urgence sont des gestes essentiels. Les cyclones passent, mais la mémoire collective de La Réunion, forgée par les nombreuses alertes et passages de phénomènes météorologiques violents, fait de l’île un modèle en matière de gestion des crises naturelles.
Mathilde Hangard