Nouveau discours volontariste de la part de Manuels Valls à l’Assemblée nationale, en séance publique cette fois, ce lundi soir. En préalable de la présentation, du texte, le ministre des Outre-mer rappelait les conditions de vie de la population : « des lieux aux mains de bandes, des bus caillassés, une situation qui n’a pas attendu Chido », sur un territoire « qui est une partie de la nation ».
Il défendait un texte non plus doté de 22 articles mais de 33. Manuel Valls répète désormais à chaque occasion sa volonté de « refonder Mayotte » en « la débarrassant de ses deux fléaux que sont l’habitat illégal et l’immigration irrégulière ». Un peu pour faire oublier que ces deux chapitres ne sont pas mentionnés dans la loi Urgence, « ce sera dans la loi Programme », rajoutait-il plus tard.
Le ministre revenait sur les 5 avancées récentes : l’aide exceptionnelle aux entreprises jusqu’à 20.000 euros, dont le 1er versement tombe cette semaine, « il faudra aller plus loin », l’harmonisation des aides aux agents publics, « pour éviter l’injustice », les prêts à taux zéro pour la reconstruction des logements jusqu’à 50.000 euros sur 30 ans pour les familles mahoraises qu’elles soient ou non assurées, la mobilisation en cours de finalisation du Fonds de Secours Outre-mer « pour soutenir financièrement les non assurés », et ils sont 94% à Mayotte, jusqu’à 700 euros pour la réparation des biens mobiliers et 1.800 euros pour l’immobilier, enfin, la hausse des crédits de la Mission Outre-mer avec 100 millions d’euros « pour amorcer les dépenses d’urgence ».
« L’urgence c’est d’atteindre les foyers »
Les défis à venir portent sur la rentrée scolaire, « 30% des établissements sont inutilisables », avec des aides aux élèves du second degré qui se rendront en métropole pour poursuivre leur scolarité, sur la gestion des plus de 6.000 tonnes de déchets « à évacuer avant la fin du mois », ou sur le reboisement de l’île.
La loi urgence est là pour prendre le relais, avec donc 33 articles. Les 11 articles additionnels rédigés en commission, permettent d’associer les acteurs mahorais notamment sur les marchés de reconstruction, de renforcer la transparence sur les taux de marge sur les marchés de BTP, ou les contributions sociales au profit des travailleurs indépendants.
Pour la députée et rapporteur du texte, Estelle Youssouffa, le décalage entre les discours et la réalité persiste, « l’urgence c’est d’atteindre les foyers », matraque-t-elle. Elle évoque toujours une frilosité du gouvernement, « Chido est passé à Mayotte mais c’est le Quai d’Orsay qui souffre des dégâts majeurs puisque aphone face aux déclarations d’Azali revendiquant Mayotte la semaine dernière ! » Elle reprochait d’avoir rédigé un texte sans concertation des élus locaux, ce qui explique que le gouvernement ait été obligé de déposer en commission et en urgence des amendements sur son propre texte sur le chapitre immigration clandestine.
Une phrase commune au ministre et à la députée mahoraise : « Le cyclone a exacerbé des problèmes qui existaient déjà », avec l’analyse de fond de la présidente de la commission des Affaires économiques, Aurélie Trouvé : « La catastrophe qui touche Mayotte n’a rien de naturelle, mais découle de choix ou de non choix pleinement politiques ».
Les deux ministres d’État, de l’Outre-mer et de l’Éducation nationale, se sont annoncés pour la semaine prochaine.
Anne Perzo-Lafond