La conférence de presse du préfet depuis le Centre Opérationnel Départemental lançait la pré-alerte cyclonique pour Dikeledi, et était retransmise en direct sur Mayotte La 1ère. Les propos de François-Xavier Bieuville étaient retranscrits en shimaorais par deux élus, Ali Omar, vice-président du CD et Madi Madi Souf, président de l’Association des Maires de Mayotte.
Le représentant de l’Etat confirmait qu’une « forte tempête tropicale », nommée Dikeledi, arrive dans le ciel régional ce week-end. Elle se dirige d’Est en Ouest et devrait passer sur les côtes malgaches samedi dans la journée, « elle sera dimanche dans le canal du Mozambique ». Selon les prévisions, elle passerait à 140km au Sud de Mayotte, avec des vents de 50 à 60 km/h, et des rafales jusqu’à 110 km/h. « Les cumuls de pluie pourront être de 150mm sur 12h, par conséquent nous considérons l’évènement comme sérieux », annonçait le préfet.
Les sorties à terre ou en mer doivent être annulées, les traitements de maladies chroniques, « notamment rénales ou respiratoires » doivent être prévus en coordination avec les centres de santé. Des réserves d’eau, d’éclairage et de nourriture non périssables, doivent être effectuées, notamment pour ceux, encore nombreux, qui n’ont pas l’électricité. Il faut également mettre à l’abri tout ce qui pourrait devenir un projectile par vent violent.
En fonction de l’évolution de la trajectoire de Dikeledi, une alerte Orange pourra être lancée samedi matin, et Rouge dès dimanche matin.
Suspension de la distribution de bâches
Pour Floriane Ben Hassen, Directrice de l’antenne locale de Météo France, l’évènement passera au Sud de Mayotte et aura des « impacts périphériques » en vent et pluies et « potentiellement sur les villages côtiers de Mayotte ». Lors de son passage sur la côte malgache, « il perdra en intensité, et se régénérera ensuite au-dessus des eaux chaudes du canal du Mozambique ». La population doit s’informer en permanence, « il n’est pas exclu qu’il passe plus au Nord ». Des bandes pluvio-orageuses vont toucher le département, « même si ce n’est pas le phénomène le plus fort qu’on ait connu, on aura des impacts sur le département ».
Des impacts moins d’un mois après le passage de Chido, qui a dévasté l’île. Des habitations qui n’ont pas encore été recouvertes par des bâches vont donc à nouveau subir des déferlements d’eau. Décision a été prise de suspendre la délivrance de bâches, « cela a été décidé en cellule interministérielle de crise », indique le préfet de Mayotte, par crainte que les vents n’arrachent tout et que des toiles en plastique s’envolent et commettent davantage de dégâts. Les bâches déjà installées sur les toitures pourraient donc déjà connaître ce sort, privant des foyers d’abri.
Rareté des hébergements d’urgence
Le problème des hébergements d’urgence pourrait alors se poser, « nous avons commencé à restituer les centres d’hébergement qu’étaient les écoles aux mairies en vue de la rentrée scolaire de janvier », souligne le préfet qui compte sur l’entraide, « comme lors du passage de Chido où il y a eu beaucoup de solidarité entre les habitants. »
Un autre problème va se poser, souligne François-Xavier Bieuville, « la végétation qui a été arrachée ne peut plus jouer son rôle en permettant l’infiltration de l’eau de pluie ». Qui risque donc de ruisseler et de provoquer des inondations.
Il est encore trop tôt pour envisager une perturbation de la distribution d’eau portable comme lors du passage de Chido lorsque le préfet avait fermé les vannes pour éviter les dégradation. La production est revenue à 39.000-40.000m3 d’eau par jour, et un gros travail a été fait sur les fuites, « avec la SMAE et le 5ème Régiment étranger, 150 fuites ont été réparées en trois jours, ce qui permet de récupérer 4.000 m3 d’eau par jour, soit 10% de la production. »
Le phénomène Dikeledi est donc vu comme une perturbation de saison pour l’instant, mais sur un territoire fragilisé, et sans exclure totalement un impact plus fort sur les infrastructures, « auquel cas, nous nous préparons à des interventions les plus rapides possibles avec EDM et la SMAE ».
Anne Perzo-Lafond