Après avoir passé la journée de lundi à Mayotte, Bruno Retailleau et François-Noël Buffet sont passés par la Réunion avant de rentrer à Paris ce lundi soir où une conférence de presse était organisée au sein de la préfecture. Pour le ministre de l’Intérieur le constat après le passage du cyclone Chido est sans appel : « Nous avons survolé Mayotte, l’île est totalement dévastée, c’est une désolation », a-t-il dit d’un ton grave et solennel avant d’indiquer qu’elles vont être les actions de l’Etat pour venir en aide aux Mahorais.
Rétablir les infrastructures
Bruno Retailleau, François-Noël Buffet et le préfet de la Réunion, Patrice Latron, ont détaillé point par point les mesures d’urgence et les actions qui vont être mises en place dès ce mardi. Tout d’abord au niveau des infrastructures. « Notre priorité est l’acheminement d’eau, de nourriture et de médicaments… pour cela nous devons remettre en état l’aéroport car pour le moment les avions ne peuvent atterrir que de jour ce qui limite le nombre de rotations. Nous devons réparer les balises afin d’avoir un trafic nocturne et ainsi augmenter nos capacités. Nous allons ainsi disposer dans les tous prochains jours de 13 aéronefs parmi lesquels un Antonov, 2 A400 M, 2 Casa, 2 Dash, mais aussi les avions de 3 compagnies privées pour le transport de fret et de personnels… ».
Le ministre de l’Intérieur a également précisé que le port de Longoni n’avait été que partiellement endommagé permettant l’acheminement dans les prochains jours de plusieurs dizaines de tonnes de nourriture et d’eau grâce à la mobilisation d’un navire de la Marine nationale et du Marion Dufresne. « Un premier bateau arrivera en fin de semaine avec des vivres… », a précisé le préfet Latron. En outre, la continuité entre Petite-Terre et Grande-Terre est assurée pour garantir le transport des secours : « 2 barges à fond plat circulent actuellement, une 3e sera opérationnelle en milieu de semaine prochaine », a indiqué le ministre de l’Intérieur.
Un hôpital de campagne en renfort du CHM
« Le CHM reprend peu à peu son activité, nous sommes aux alentours de 40-45%… Un hôpital de campagne (Escrim) avec 90 personnels soignants devrait être opérationnel d’ici la fin de semaine en plus de modules ». « Il pourra assurer différents services : réanimation, trauma, néonat’, radio, … », complète le directeur général de la Sécurité civile, Julien Marion, qui assure que les moyens mobilisés en termes de logistique sont inédits et considérables. « D’ici la fin de la semaine ce sont 1.200 renforts de la Sécurité civile qui vont être projetés sur Mayotte. Pour cela nous allons accroître considérablement les rotations entre la métropole et la Réunion ; et La Réunion-Mayotte ».
L’usine de dessalement de Petite-Terre remise en route
Même si elle ne fonctionne pas a plein régime, l’usine de dessalement devrait tourner à 50% de sa capacité de production d’ici mercredi et à 95% dans une semaine selon les premières estimations. Par ailleurs, les avions A400M vont acheminer 20 tonnes d’eau et de nourriture chaque jour à partir de ce mardi et jusqu’à nouvel ordre. Le préfet de La Réunion a ainsi expliqué que pas moins de 7 à 10 rotations par jour vont être effectuées à compter de ce mardi pour acheminer les vivres et que les 2 navires mobilisés depuis La Réunion contiendront plusieurs centaines de containers « on va les remplir au maximum ! Il y aura aussi des véhicules de la gendarmerie… La Réunion va être le réceptacle des moyens que nous enverrons à Mayotte ». De plus, une unité de traitement de l’eau va arriver à Mayotte qui permettra de produire de l’eau potable à raison de 250m3/ jour en complément des containers d’eau et de l’usine, et ce dès jeudi.
Les logements et le maintien de l’ordre
Des bâches de la Croix-Rouge, des tentes, et des modulaires vont être acheminés depuis la métropole afin de loger les gens et les personnels sur place. En outre, un fonds d’urgence va être mis en place pour aider les sinistrés, « 10% des personnes sont assurées à Mayotte… nous allons accélérer la procédure de demande de catastrophe naturelle », a assuré Bruno Retailleau. En ce qui concerne l’ordre public, le ministre a indiqué qu’un couvre-feu pourrait être instauré « si nécessaire » et que le préfet pourrait également avoir l’entière autorité sur l’ensemble des services de l’Etat en cas de nécessité (Article 27 Lopmi). Pas moins de 400 gendarmes supplémentaires arriveront en plus des 1.600 déjà présents.
Enfin concernant la reconstruction de Mayotte, les représentants de l’État assurent que les moyens financiers seront mis sur la table mais que cela prendra beaucoup de temps. « Le temps de la reconstruction viendra, pour l’instant nous sommes dans une période d’urgence… Nous devrons reconstruire un habitat plus résistant et plus adapté afin d’éviter les erreurs du passé », a ainsi conclu Bruno Retailleau.
B.J.