Les élèves de maternelle et de primaire du groupe scolaire T12, situé en face de la MJC de Kaweni, ont pris très au sérieux leur travail de représentation devant la mission sénatoriale venue leur rendre visite ce lundi 15 avril au matin. Les 7 sénateurs issus de l’hexagone et de La Réunion ont en effet été accueillis, après une visite éprouvante du bidonville de Kaweni, par la Marseillaise chantée par des élèves enthousiastes et par une autre chanson vantant les valeurs de l’école de la République : « liberté, égalité, fraternité ». Un spectacle bien huilé qui a séduit les sénateurs. « J’ai été très émue d’entendre chanter la Marseillaise dans cette école d’outre-mer avec les enjeux de droit du sol qu’il y a en ce moment et auxquels notre groupe n’est pas forcément favorable d’ailleurs. Nous avons pu voir ici que le personnel de l’Education Nationale faisait tout pour que les valeurs de la République soient correctement enseignées », a déclaré Marion Canalès, la sénatrice du Puy-de-Dôme.
Cette dernière a également été frappée par la jeunesse du quartier à laquelle l’Education Nationale doit garantir l’instruction et la connaissance de ces valeurs justement. « Nous sommes conscients des enjeux que représente toute cette jeunesse et on nous a expliqué le système mis en place pour pouvoir scolariser un maximum d’élèves avec le système des rotations et des classes itinérantes, c’est très impressionnant ! », a-t-elle affirmé tout en notant que les associations (Wenka culture notamment où la délégation s’est rendue avant de visiter l’école) avaient envie de faire avancer les choses en mettant en place des systèmes innovants pour intégrer la jeunesse des quartiers défavorisés de l’île à la société.
Une visite qui pourra peser dans la balance lors du vote pour la loi Mayotte
Même si ce déplacement à Mayotte dans les quartiers les plus difficiles de l’île étaient une volonté des sénateurs du groupe SER eux-mêmes, cela n’a pas empêché le sénateur Thani Mohamed Soilihi de les accompagner dans leurs pérégrinations. « J’estime que cette visite est très positive pour que les sénateurs issus des autres départements se rendent comptent de la réalité de Mayotte. Ainsi, lorsque chacun sera amené à s’exprimer sur la question de la loi Mayotte, ils pourront le faire en connaissance de cause », estime-t-il. Même s’il ne nie pas le côté « représentation » inévitable lors de cette visite de groupe scolaire, il pense que le seul fait d’avoir pu visiter la classe itinérante et de s’être fait expliquer les trésors d’ingéniosité nécessaires pour scolariser un maximum d’élèves dans des bâtiments qui ne sont pas conçus pour cela à l’origine, devrait suffire aux sénateurs à se rendre compte des difficultés auxquelles fait face le 101ème département dans le domaine de l’Education.
« Cette visite est la preuve que les collègues nous ont pris au sérieux lorsque nous leur faisions part des difficultés de Mayotte. Hier, nous avons visité un quartier difficile de Petite-Terre, aujourd’hui nous sommes montés sur les hauteurs de Kaweni. Je pense qu’ils n’ont pas été épargnés lors de cette visite », explique le sénateur Thani. « Ces collègues pourront désormais être autant de relais de nos revendications. Suite à cette visite, il y aura un rapport qui servira à éclairer la situation à ceux qui n’ont pas pu se déplacer sur le territoire. Lorsqu’une loi concerne une collectivité, elle commence normalement par être discutée au Sénat et je pense que cet ordre sera respecté, sauf si le gouvernement en décide autrement », précise-t-il.
En tout cas, cette visite est un pas de plus vers la concrétisation du projet de loi Mayotte tant attendu par les Mahorais. La stratégie de Thani Mohamed Soilihi est de faire en sorte de s’entendre avec ses collègues issus de tous les groupes politique, car pour lui seuls les résultats concrets pour l’évolution de son île comptent et non « la castagne », comme il le glisse avec humour en fin d’interview.
N.G