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Redoublement, groupes de niveaux… : le « Choc des savoirs » à l’école de Gabriel Attal

C’est une révolution qu’engage le ministre de l’Education nationale en revenant sur des dogmes acquis au fil des années. Pas de démagogie : l’élève suivra un parcours qui colle à son niveau. Plusieurs mesures pour cela, présentées ce mardi 5 novembre.

Partant du constat que parmi les 98% des élèves passant chaque année du CP au CE1, 15% ne maitrisent pas la compréhension des textes à l’oral, et 8% ne lisent pas correctement les nombres entiers, le ministre Gabriel Attal engage une véritable révolution dans l’Éducation nationale, « Le choc des savoirs ». Autre diagnostic douloureux, le rapport PISA 2022, pour Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves, la plus grande étude internationale auprès d’élèves dans le domaine de l’éducation. Alors que l’Asie notamment grâce à Singapour, est en tête, la France fait partie des pays qui descendent dans le classement. Le ministre de l’Education nationale y voit l’échec de la réforme du collège de 2013, menée par Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale du gouvernement Ayrault, « qui a conduit a fragiliser le niveau des élèves (…) il y a une vraie urgence nationale ».

C’est pourquoi Gabriel Attal avait nommé une mission « Exigence des savoirs », composée de 4 experts dont l’ancien recteur de Mayotte Gilles Halbout, lancée le 5 octobre dernier, qui avait 2 mois pour rendre sa copie. 230.000 enseignants ont été consultés. Et ce sont eux que le ministre met en avant dans son premier axe : « D’année en année, de réforme en réforme, l’autorité de votre expertise pédagogique a pu être progressivement affaiblie ». Pour redonner de la valeur à leur expertise, « c’est l’avis de l’équipe pédagogique – et non plus des familles – qui aura le dernier mot s’agissant du redoublement de l’élève (…) certains élèves ont besoin de plus de temps pour acquérir certaines connaissances ou compétences. Loin d’être un choix social, promouvoir un passage quasi-systématique en classe supérieure peut condamner des élèves à l’échec scolaire durant toute leur scolarité. »

« L’État financera désormais des manuels scolaires des CP et CE1 »

Recentrage sur les savoirs fondamentaux à acquérir en groupes de niveau

Les professeurs pourront désormais prescrire à leurs élèves des stages de réussite durant les vacances scolaires conditionnant leur passage dans la classe supérieure. « Ces stages constituent une réelle plus-value pour les élèves en difficulté. L’an passé, 40.000 professeurs volontaires les ont animés. Leur rémunération sera désormais doublée dans le cadre du pacte enseignant, à 156 € pour 3 h. »

Fini aussi le « correctif académique » qui rehaussait les notes, et ce, dès la session 2024 du brevet et du baccalauréat : « Ce sont désormais les notes que vous attribuez, et elles seules, qui détermineront leur obtention par nos élèves », indique le ministre aux enseignants.

De nouveaux programmes s’appliqueront à l’école primaire dès septembre prochain, des programmes clarifiés, simplifiés, dotés d’objectifs à remplir. Grande avancée notamment pour Mayotte, « l’État financera désormais des manuels scolaires en lecture et mathématiques des élèves de CP et de CE1 ». Tous les élèves pourront ainsi en bénéficier.

Les élèves de 6e et de 5e seront désormais répartis en 3 groupes de niveaux pour leurs enseignements de français et de mathématiques. « Des créations de postes permettront de limiter le groupe des élèves les plus en difficulté à une quinzaine d’élèves. La même organisation s’appliquera pour les classes de 4e et de 3e à compter de la rentrée de septembre 2025. »

Les collégiens qui ne maitrisent pas encore les savoirs fondamentaux en français et mathématiques pourront bénéficier d’une scolarité aménagée, « le volume horaire de ces disciplines pourra être sensiblement augmenté, avec une réduction temporaire des cours dans d’autres disciplines. »

Le brevet, pass obligatoire pour le lycée

« Petit lecteur, petit scripteur », un dispositif d’aide pour les élèves en difficulté qui fait ses preuves à Mayotte

Pour ce qui est du brevet, les épreuves terminales représenteront 60 % de la note finale, au lieu de 50 % aujourd’hui, et son obtention conditionnera l’accès direct au lycée. « Les élèves en difficulté et qui n’obtiendront pas leur brevet ne feront pas leur entrée au lycée l’année suivante, mais rejoindront une classe « prépa-lycée » pour consolider leur niveau, rattraper leur retard et être mieux armés pour la suite ».

Tous les élèves entrant au lycée seront désormais accompagnés, à la maison, d’un outil d’Intelligence Artificielle de remédiation ou d’approfondissement en français et en mathématiques. « Il sera généralisé à l’ensemble des élèves de 2de à partir de septembre prochain », et la France sera leader dans ce domaine. Un plus pour poursuivre la scolarité à domicile, et là encore, on pense à Mayotte lors des confinements Covid bien sûr, mais aussi en cette période de crises hydrique et insécuritaire comme actuellement.

Enfin, un « grand sursaut mathématique » est attendu, avec notamment l’entrée de la matière en fin de 1ère comme épreuve anticipée aux côtés du français, « à compter de l’année scolaire 2025-2026 ».

Filière qui nous intéresse aussi, le lycée professionnel sera réformé, avec notamment les cours de mathématiques et de français en 2de et en 1re professionnelles, en petits groupes.

Mayotte territoire d’innovations

Un Grand sursaut mathématique

A Mayotte, jusqu’à présent, notre territoire a été novateur, notamment sous la houlette du précédent recteur, pour avoir mis en place le dispositif Dire-Lire-Ecrire, basé notamment sur une méthode de lecture identique à tous, et pour avoir mis en place le plan « Petit lecteur-petit scripteur », à destination des élèves en difficulté.

Plusieurs actions ont été récemment menée par le recteur Jacques Mikulovic, comme le « Mois de l’écriture » sur l’écriture d’un texte mettant « en mots ses maux », qui s’est déroulée dans tous les établissements de l’île, ou comme le club de mathématiques du collège de Dembéni qui a pour ambition d’engager une véritable progression des élèves et une dynamique collective professionnelle des enseignants de mathématiques de l’établissement.

Mais ce qui est proposé par le ministre est un réel changement de vision à grande échelle. Reste à savoir comment le décliner à Mayotte où manquent déjà des salles de classe et des enseignants, avant même de penser aux redoublements ou au fractionnement en petits groupes.

Anne Perzo-Lafond

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