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Mamoudzou

Le moustique, vecteur du paludisme, porterait-il en lui l’antidote tout compte fait ?

Des scientifiques spécialisés dans la Recherche et le développement de médicaments pour la Santé Mondiale auraient découvert, un peu par hasard, une bactérie naturelle, non génétiquement modifiée, qui vivrait directement dans l’intestin des moustiques et préviendrait la transmission de la malaria.

Ayant, depuis 2007, son internationale mise en lumière tous les 25 avril, la Journée mondiale de lutte contre le paludisme est une occasion de re-mobiliser les politiques publiques en matière de sensibilisation et d’actions de lutte préventive contre cette maladie qui, selon les derniers données officielles de l’OMS, faisaient état d’une estimation portant à 247 millions le nombres de personnes infectées à travers le globe, dont 619 000 décès, rien qu’en 2021. Il est à noter que, toujours selon les études établies, plus de la moitié de ces décès ont été recensés dans 4 pays du continent africain au niveau (par échelle décroissante) du Nigéria, de la République démocratique du Congo, de la République unie de Tanzanie et du Niger. Afin d’éradiquer le noyau central et mortel de cette maladie infectieuse parasitaire, l’OMS va d’ailleurs, d’ici peu, lancer sa toute première et très grande campagne de vaccination antipaludique — le fameux RTS,S/AS01 — à travers 12 pays africains de régions différentes; au moyen de millions de doses. En ce continent, le paludisme demeure l’une des causes majeures de la mortalité infantile emportant annuellement près d’un demi-million d’enfants âgés de moins de 5 ans.

De plus en plus résistante

Hormis ce tout nouveau vaccin précité, il n’existe pas réellement de traitements contre la malaria; les autres approches ayant des visées avant tout préventives et se devant d’être idéalement cumulées. Par exemple, traitement antipaludique par voie orale allié à la mise en place d’une moustiquaire la nuit et l’utilisation de répulsifs… Un cocktail détonnant mais seulement en apparence. Et oui ! C’est bien par l’exclusive piqure de Dame Moustique, rattachée au genre Anopheles, que le paludisme, entre autres, est transmis à l’Homme. Véritable vecteur entre un individu impaludé et un autre, il s’avérait que nos amis culicidés présentent une résistance de plus en plus accrue en termes d’artémisinine (substance médicamenteuse antipaludique) et d’insecticides; et cette surprenante constatation serait tout bonnement due à des mutations génétiques. Donc en plus d’être potentiellement et indirectement mortelle, la bête s’avérerait coriace voire immunisée contre notre panel de solutions anti-bzz…Que la Nature est bien faite sachant que l’individu ailé voyage de plus en plus et le réchauffement climatique appuie fortement son internationale colonisation en ce sens. Et notre territoire mahorais, de par son emplacement, se doit aussi d’être vigilant et de décupler ses initiatives et actions préventives.

Cycle de la vie d’un moustique. Une femelle peut pondre tous les 2 à 3 jours, jusqu’à 150 oeufs par ponte… Selon l’ARS, près de 80% des sites de ponte du moustique sont créés par l’homme autour de sa maison (Illustration/MLGProd®)

Pour rappel 

La malaria est une maladie infectieuse provoquée par l’invasion de micro-organismes parasitaires, de type Plasmodium, au niveau des cellules du foie et des globules rouges. Dans des cas extrêmes, certaines personnes atteintes peuvent même contracter une variante appelée le neuropaludisme, due à l’obstruction de vaisseaux sanguins en charge d’irriguer le système cérébral. Du fait des diminutions de leur système immunitaire les femmes, durant leur grossesse, sont un public plutôt vulnérable pouvant également transmettre le virus à leur nourrisson via des globules rouges infectés s’introduisant à travers le placenta.

Si le paludisme est transmis au nourrisson, celui-ci pourra présenter un faible poids à sa naissance. La maladie en elle même peut entraîner une fausse couche ou fortement favoriser un accouchement prématuré (Illustration/DR/MLGProd®)

Il existe 4 types de Plamodium : l’Ovale et le Malariae, plutôt rares; le Vivax, très répandu mais non mortel; et enfin le plus courant, notamment en Afrique et potentiellement mortel : le fameux Falciparum. Bien que quasiment absent du continent européen, l’Hexagone ’’importe’’ chaque année plus de 5 000 cas de paludisme par le biais de voyageurs ayant contracté la maladie en des zones tropicales.

Un intestin vaut mieux que deux tu l’auras 

Le Docteur(e) Janneth Rodrigues et ses homologues rattachés à la multinationale pharmaceutique GlaxoSmithKline, ont donc découvert dans leur laboratoire en Espagne que les intestins de certains de leurs moustiques comportaient la présence d’une bactérie appelée Delftia tsuruhatensis TC1. Une présence plutôt surprenante bien que le microbe concerné, tout à fait naturel, soit présent dans l’Environnement mais rarement en milieu laborantin. Et lorsque cette souche bactérienne a été volontairement transmise à d’autres moustiques, il semblerait qu’elle ait empêché la propagation ET l’infection du parasite Plasmodium concerné. En gros, le Delftia tsuruhatensis amoindrit la croissance du Plasmodium dans l’intestin du moustique et cet avant-dernier, finissant normalement sa course pré épidémio-expansionniste dans les glandes salivaires de l’insecte, se voit quasi inoffensif.

Ceci est un parasite du paludisme type Plasmodium falciparum et gamètes apparaissant dans un échantillon sanguin prélevé dans une moelle osseuse
(DR/MalariaJournal)

Cette piste de l’éradication via voie bactérienne avait déjà été envisagée et testée, notamment en vue de diminuer fortement les cas de dengue, mais là où cette fraîche découverte se veut fort encourageante, c’est qu’il s’agit d’une souche totalement naturelle, présente dans l’eau par exemple, alors que les tests antérieurs s’étaient tablés sur des bactéries génétiquement modifiées. Selon le rapport scientifique publié : « Des expériences menées sur des rongeurs ont révélé que cette perturbation de la croissance du Plasmodium entraînait une réduction de la transmission. Seul un tiers des souris piquées par des moustiques porteurs de la bactérie ont été infectées, contre 100 % des souris piquées par des moustiques ordinaires ».

Dr Janneth Rodrigues (DR/Medecine Malaria venturine)

C’est donc une piste supplémentaire mais surtout fort prometteuse qui s’ajoute au panel de plus en plus étoffé en matière de lutte contre les maladies virales et, dans ce cas précis, parasitaires, générées par nos féroces diptères hautement fichés. Des études plus poussées, notamment en termes d’impacts sur d’autres espèces d’insectes indispensables à notre écosystème, sont en cours mais ces premiers résultats semblent plutôt encourageants face à ce fléau qui continue sa triste, fulgurante et foudroyante ascension à travers le monde. 

 

MLG

 

 

Sources OMS, Santé Publique France, Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health.

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