Le comportement des produits pétroliers vaut qu’on s’y arrête. Ils augmentent fortement à la pompe en octobre, +3,5, suite à des hausses des prix du gazole, +6 centimes après +13 centimes en septembre, de l’essence, +5 centimes, et de la bouteille de gaz, +1,5 euro. Ce qui porte la tendance sur un an à un spectaculaire +40,6% alors que la hausse au niveau national n’est que de 1,8% également sur les 12 derniers mois.
Alors que dans les Outre-mer, les prix sont encadrés par le préfet justement pour éviter d’en arriver à ces extrêmes depuis 2013. Un décret pris à la suite des grèves sur la vie chère en Outre-mer, et répondant aux « restrictions de concurrence constatées dans la filière conduisent » à Mayotte, « le décret prévoit ainsi les conditions dans lesquelles le préfet fixe par arrêté les prix maximums des produits pétroliers », pour citer le texte.
Constatant un différentiel prononcé d’augmentation de 7% supplémentaire à Mayotte par rapport au national en septembre, nous avions sollicité la directrice de TotalÉnergies Mayotte à ce sujet. Selon Karine Poisson, la hausse des coûts mondiaux de transport sont en cause, « cette hausse s’explique par l’explosion des taux de fret, ramené sur un petit volume importé à Mayotte ce qui fait grimper les prix », complétait-elle.
Suite à nos sollicitations, l’INSEE explique également le gap par la différence entre les prix 2022 où s’appliquaient les remises Etat, Total et conseil départemental, et ceux de 2023 sans remise. Par exemple, au 1er octobre 2022, le prix du supercarburant sans plomb avec les remises était fixé à 1,26 euros/litre. Au 1er octobre 2023, le prix maximum du supercarburant sans plomb s’élevait à 1,95 euros.
Enfin, il faut intégrer l’effet retard des évolutions de prix en Outre-mer, nous fait remarquer un statisticien. « En Outre-Mer, nous avons toujours un effet de décalage temporel avec le niveau national qui est régi par les prix du marché alors que la Préfecture intègre l’évolution du marché pour faire évoluer le prix au mois suivant ». Par exemple, les données publiées par l’INSEE fin octobre prennent en compte la forte hausse des prix pétroliers sur ce mois, alors qu’ils diminuaient en Hexagone. Ce qui a ensuite conduit à la forte baisse enregistrée au 1er novembre à Mayotte, et qui devrait inverser la tendance lors du prochain bulletin des prix à la consommation.
Pour autant, face à une hausse de 40,6%, se pose la question de revoir de nouveau la méthode de calcul des prix définie dans l’arrêté. Rappelons que face à la flambée mondiale des cours du pétrole, le gouvernement appelait en métropole les distributeurs à vendre le carburant à prix coutant !
Les prix des produits frais se sont refroidis cette année
Pour le reste des prix, ceux des produits manufacturés qui étaient à la baisse quasiment sur tout l’année, prennent +0,3 % en octobre. Sur un an, ils sont stables à Mayotte, alors qu’ils augmentent au niveau national, +2,2%. Les produits manufacturés pèsent pour 27 % dans la consommation des ménages. Les prix des produits de santé augmentent à Mayotte, +0,6 % et baissent au niveau national, -0,9 %. La baisse des prix de l’habillement et chaussures à Mayotte modère la hausse des prix des autres produits manufacturés.
Les prix de l’alimentation baissent de 0,4 % en octobre, après une hausse de 0,6 % en septembre, et la bonne nouvelle vient des prix des produits frais qui reculent de 2 %. L’alimentaire pèse pour 23 % dans la consommation des ménages. Sur un an, les prix de l’alimentation augmentent de 5,7 %, soit moins qu’au niveau national, +7,8 %, car pour une fois, les prix des produits frais ne croissent que de 5 % sur un an, davantage qu’au niveau national, +1,1 %, mais ils nous avaient habitué à une augmentation à deux chiffres.
Les prix des services diminuent de nouveau en octobre, -0,4 %, après -1 % en septembre. « Cette baisse est exclusivement portée par le recul important des prix des services de transports, -4,4 % », notamment le prix des billets d’avion en basse saison. Les prix des services de santé, de communications, de loyers et services rattachés sont stables. Les services représentent 40 % de la consommation des ménages, deux fois plus que l’alimentaire. Sur un an, les prix des services augmentent de 1,5 % à Mayotte contre +3,2 % au niveau national). C’est lié en partie à celle des autres services (+3,5 %), des loyers et services rattachés (+2,8 %) et des services de communications (+1,4 %), en revanche, les prix reculent pour les services de transports (-8,7 %) et les services de santé (-0,7 %).
En octobre, les prix du tabac augmentent de 0,2 % et prennent +6,4 % sur un an à Mayotte, contre +9,9 % en France.
A.P-L.