Lors de sa dernière visite à Mayotte les 24 et 25 juin derniers, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, avait annoncé la destruction de près de 1.000 habitations illégales et insalubres d’ici la fin de l’année. A l’heure actuelle, selon Psylvia Dewas, en charge auprès du préfet de Mayotte de la résorption de l’habitat illégal et insalubre, ce sont un peu plus de 400 bangas qui ont été démolis en comptant les vingt-sept logements détruits ce lundi matin. « Dix-neuf familles ont été enquêtées, indique Psylvia Dewas. Et sur ces dix-neuf familles, onze ont fait l’objet d’une proposition de relogement par la préfecture. Mais seulement trois d’entre elles ont accepté un hébergement à ce jour ».
Où vont être relogées les familles ?
Comme l’a rappelé Psylvia Dewas, en Petite-Terre il y a peu de propositions de relogement et d’hébergements, « Nous travaillons avec les associations pour capter des logements dans le privé. Pour effectuer des opérations d’évacuation et de démolition en Petite-Terre nous devons ouvrir des places pour héberger les familles provisoirement, le tout dans le cadre de la loi Elan. C’est pour cela que nous proposons des hébergements temporaires dans des logements appartenant au parc privé. Par ailleurs nous travaillons avec la commune de Pamandzi pour trouver des solutions ».
Aussi depuis jeudi dernier, une permanence sociale a lieu au sein du CCAS (Centre communal d’action sociale) de Dzaoudzi pour accueillir les familles et mettre en œuvre les hébergements. Fort heureusement, lors de la destruction ce lundi matin l’ensemble des familles avaient été évacuées du site. « Cette opération était attendue depuis longtemps à la fois par les élus mais aussi par la population. Même si l’arrêté pris par le préfet au mois d’avril a fait l’objet de plusieurs recours devant le tribunal administratif, le juge a finalement autorisé l’évacuation et la destruction de ce site. L’opération s’est déroulée dans le respect de la loi et l’ensemble des familles ont eu des propositions de relogement », complète la chargée de résorption de l’habitat illégal et insalubre. La préfecture indique aussi que cette opération va durer trois jours entre la destruction en elle-même et le ramassage des amas de tôles qui prend plus de temps.
Ainsi hier avait lieu un défilé de pelleteuses et de camions aux abords de la station-service TotalEnergies de Petite-Terre. « Ces habitations avaient été ciblées par la préfecture car elles ont été construites sur le domaine publique maritime ainsi que sur la plage, ce qui est interdit. Il s’agit de rendre la plage et le littoral plus propres. De plus, elles étaient insalubres et dangereuses pour les habitants et les riverains », a expliqué Psylvia Dewas. Elle a également indiqué que les affaires maritimes avaient saisi et détruit dix embarcations illégales la semaine dernière. « Les kwassa saisis servaient à la pêche illégale mais aussi à tout le trafic lié à l’immigration clandestine et aux activités illicites. Certaines de ces embarcations servaient de navettes pour faire venir des gens illégalement à Mayotte. Un kwassa possédait ainsi une fausse immatriculation. Son propriétaire avait reproduit frauduleusement une immatriculation d’une autre embarcation ».
Aussi, depuis le début de l’opération Wuambushu le 24 avril dernier, de nombreux moyens financiers et humains ont été alloués aux autorités afin de procéder pour le mieux aux évacuations. « Les renforts nous ont permis de mener les enquêtes plus vite, de trouver des solutions, et de notifier aux familles les propositions d’hébergement car cela demande beaucoup de moyens humains ».
Enfin, Psylvia Dewas précise que les arrêtés pris par le préfet vont être exécutés au fur et à mesure « On déroule dans le temps et on va continuer à prendre d’autres arrêtés ». Ainsi, l’évacuation et la destruction d’habitations à Hamouro, sur la commune de Bandrélé, qui avait fait l’objet d’un recours devant le tribunal a finalement été autorisée par le juge administratif le 21 juillet. L’opération devrait avoir lieu d’ici deux semaines, « avant la rentrée scolaire ».
B.J.