L’évocation du Maydev 2014 qui s’est tenu cette semaine a servi de prétexte à une projection de l’aménagement de Mayotte en compagnie de Mahamoud Azihary, directeur de la SIM.
C’est une phrase ambiguë, « Comment construire le mieux vivre à Mayotte ? », qui ouvrait le Maydev 2014, la grand-messe du BTP organisée par la SIM (Société Immobilière de Mayotte).
Ambiguë parce que le commun des mortels mahorais aurait envie de demander un « bien vivre » dans un premier temps. Mais l’homme à l’origine du Maydev est visionnaire, et l’aménagement du territoire est son dada : « les maires doivent comprendre que c’est à eux de définir leur type d’habitat, décider de l’aménagement des espaces de leur commune et penser en terme de mixité sociale et non plus de ghettos ».
Seules 8 communes sur 17 étaient représentées ce mardi 3 juin, « des techniciens plutôt volontaires », quant aux autres… « les maires n’ont pas encore compris que seul l’engagement personnel permet la réussite. Le Sieam n’était pas représenté alors que la problématique de l’assainissement est essentielle ».
Des matériaux toujours aussi chers
Si les autres années la messe avait eu droit aux grandes orgues, cette année, le Maydev s’est déroulé sans même tambour ou trompette, « cette édition n’avait pas besoin de battage, puisque contrairement aux deux Maydev précédent, nous ne sollicitions ni établissement bancaire, ni entrepreneur, ni fournisseur, ni maitre d’œuvre.
C’est l’occasion de tirer un bilan du dernier Maydev, notamment sur les coûts de construction. La diversification des sources d’approvisionnement, facteur de concurrence et donc de baisse des prix, n’est toujours pas d’actualité à Mayotte, « alors que les entrepreneurs réunionnais achètent du sable à Madagascar et en Afrique du Sud ».
Le petit marché mahorais et sa configuration actuelle rendent difficile les exportations vers les îles voisines en raison d’un coût de main d’œuvre plus élevé, et d’une monnaie forte qu’est l’euro. « Profitons-en pour acheter dans la région une matière première pas chère ».
Des investisseurs au secours de la logistique
Outre un problème de norme, « qui ne tient pas, l’Europe achète du bois en Afrique », se pose la question de l’absence d’une organisation privée, « transports maritimes inter-îles sous développés, pas d’avion cargo ».
Mahamoud Azihary appelle les capitaux risques à s’inviter à Mayotte, « les ‘Business Angels’ qui coordonnent les investisseurs potentiels ». Il souligne que ce sont les deux sociétés d’économie mixte, SIM et EDM (Electricité de Mayotte), qui ont massivement investi, et avec un rapport plus qu’intéressant pour la SIM : « nous sommes passés d’un capital de 459 000 euros et de 1,9 million d’euros de capitaux propres en 2005, à un capital social de 7,5 millions d’euros et 55 millions de capitaux propres aujourd’hui ». Un coefficient multiplicateur de 30…
Une proposition qu’il a fait remonter, notamment lors de la dernière assemblée de la Fédération nationale des Entreprises Publiques Locales.
Mais son regard reste posé sur le littoral et le front de mer de Mamoudzou, sa promenade et ses commerces accueillant les touristes, mais qui reste toujours à l’état de projet, «dont aucun n’a été budgétisé par nos élus ». Un sujet sur lequel il continue à se battre.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte