Majicavo-Koropa : le ponton de pêche très attendu bientôt opérationnel

Après plusieurs années d’attente, les pêcheurs de Majicavo-Koropa disposeront enfin d’un ponton de pêche sécurisé, attendu d’ici la fin du mois. Cette nouvelle infrastructure facilitera le déchargement des prises et contribuera à mieux valoriser la production locale, un pas important pour structurer une filière qui fait vivre une partie du village.

Sur le front de mer de Majicavo-Koropa, sept pieux métalliques noirs, solidement enfoncés dans l’eau, ainsi qu’un module flottant, dessinent le tracé du futur ponton de pêche qui doit être mis en service d’ici la fin de l’année. Un projet, prévu de longue date, très attendu par les pécheurs afin de faciliter le débarquement des équipages et des poissons, de sécuriser le port en proie à une forte houle et à l’érosion, mais aussi pour structurer la filière.

Un fort besoin de structuration de la pêche

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Le front de mer de Majicavo-Koropa.

Ce lundi 3 novembre, en début d’après-midi, alors que les pécheurs sont en mer, quelques hommes jouent aux « dames » tandis que les enfants s’amusent rue de la plage. « Je pense que ce ponton va nous aider, c’est une bonne chose », raconte Yannick, un jeune homme d’une vingtaine d’années, les écouteurs dans les oreilles. « En plus de permettre aux pêcheurs de descendre et de rejoindre plus facilement leur bateau, ça va permettre aux navires d’être protégés et amarrés comme à Mamoudzou », relève-t-il, en référence à l’ancien port du chef-lieu, détruit par le cyclone Chido. « Il y a beaucoup de pécheurs dans le village. Le soir aux alentours de 18h ils sont de retour pour vendre leur prise du jour, cela attire beaucoup de monde », continue Yannick.

À Majicavo-Koropa, les hommes ont toujours pris la mer pour pêcher les poissons de récif tels les vivaneaux, les rougets ou les carangues, mais aussi des espèces plus larges comme les bonites, les thons ou encore les daurades. Cette activité traditionnelle permet de subvenir aux besoins des familles, en vendant le poisson de retour au village et directement au bord de la route nationale. Mais, comme pour le reste du territoire, cette pratique ancestrale reste largement non structurée, ce qui limite fortement le développement économique de la filière.

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Plan du ponton et de la rampe.

En l’absence de réseaux organisés, de coopératives solides ou d’infrastructures adaptées, les prises doivent être écoulées rapidement, souvent dans des circuits de vente informels. Sans chaîne du froid suffisante, la qualité du poisson se détériore rapidement, entraînant une baisse des prix et donc une diminution des revenus. L’absence de certification sanitaire empêche l’accès aux marchés plus structurés tels que les grandes surfaces, la restauration collective ou l’exportation, réduisant encore les débouchés possibles.

A ces difficultés s’est ajouté le passage du cyclone Chido, qui a détruit ou endommagé de nombreuses embarcations. La plupart des pêcheurs ont dû assumer eux-mêmes les réparations, faute de dispositifs d’aide facilement accessibles ou adaptés à leur situation. Le 25 mars dernier, un pêcheur surnommé « Ben Laden » expliquait que, selon lui, beaucoup de pêcheurs étant originaires d’Anjouan, ils avaient peu d’espoir de bénéficier d’un soutien. Malgré cela, il a réparé son bateau entre janvier et février, déterminé à reprendre rapidement la mer.

L’enjeu de la sécurisation du front de mer

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Les poissons pêchés sont vendus au bord de la plage ou le long de la route nationale.

« La finalité de ce projet est d’offrir un équipement de qualité et sécurisé aux pêcheurs afin qu’ils puissent accéder directement à l’estacade pour décharger leurs prises », explique Patrick Chadouli, directeur des infrastructures à la Ville de Koungou et pilote du projet du  ponton de pêche, « il permettra d’améliorer la prise en charge des produits de la mer et de valoriser la production des pêcheurs ». « Le ponton s’inscrit dans un projet global de sécurisation du front de mer de Majicavo-Koropa qui est fortement touché par l’érosion, il sera accompagné d’un enrochement », poursuit-il. « L’installation offrira aussi la possibilité aux secouristes d’intervenir en mer pour venir en aide aux embarcations en détresse et prendre en charge les blessés et les malades ».

En septembre 2022, à peine construite, la halle de pêche était partie en fumée dans un incendie criminel, mettant un coup d’arrêt à la structuration de la filière. Si aucune structure n’a été reconstruite depuis, Patrick Chadouli assure que le projet n’est pas abandonné, et que la Ville de Koungou s’appuie sur la communauté d’agglomération du Grand Nord de Mayotte (CAGNM) pour le mener à son terme. « Des diagnostics sont à faire notamment pour tirer les leçons de l’incendie précédent, mais les travaux devraient débuter dans les années à venir ».

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Un bateau à côté d’une mosquée, sur le front de mer de Majicavo-Koropa.

Le ponton de Majicavo-Koropa sera la seule installation de la sorte sur la commune de Koungou, mais la Ville a prévu de construire une rampe d’accès sur la plage de Longoni et de Trévani. « Le projet a pris du retard suite à de nombreuses études d’impacts à réaliser et nous avons obtenu les autorisations cette année, j’ai hâte de voir ce projet se concrétiser », se réjouit Patrick Chadouli.

Le prix du ponton de pèche s’élève a 1.230.599 millions d’euros, financés par la Ville de Koungou (696.374 euros) et la préfecture (534.225 euros).

Victor Diwisch

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