La CCIM accompagne les entreprises pour rebâtir Mayotte après le cyclone Chido

Dix mois après Chido, la cellule RéAC promet de ne laisser aucune entreprise maoraise seule face à la reconstruction.

Ce jeudi matin, la grande salle de la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM) est comble. Chefs d’entreprises, représentants de l’État, structures d’accompagnement… tous ont répondu présent au lancement de la cellule RéAC : Régularisation administrative et comptable. Dix mois après le passage du cyclone Chido, qui a balayé l’île et mis à genoux des centaines d’entreprises, la relance reste un mot fragile, mais essentiel.

Une salle comble pour une économie à reconstruire 

Mayotte, chambre de commerce et d'industrie,
La grande salle du siège de la Chambre Consulaire était comble.

À la tribune, Boinali Ikibal, directeur Économie et Territoires de la CCIM, ouvre la matinée. Sa voix est posée, son message clair : « Notre territoire est dynamique en termes de créations d’entreprises et, malgré les crises, les entrepreneurs continuent de croire au potentiel de Mayotte ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une croissance du PIB de 6,75 % entre 2021 et 2023, et 1.749 créations d’entreprises rien qu’en 2023. « Mayotte est dans une phase cruciale de son développement : tout se construit aujourd’hui », poursuit-il, avant de reconnaître que « la crise Chido a exposé nos faiblesses. Comme toujours, nous ne sommes pas assez protégés face aux crises, et nous avons encore du mal à les anticiper ».

Un diagnostic sévère

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À Mayotte, après Chido, la perte des toits a paralysé l’appareil de production des entreprises du territoire.

La parole est ensuite donnée à Nassay Ibrahima, directeur adjoint du pôle développement économique et international, pour présenter les premiers résultats d’une vaste enquête menée par la CCIM auprès de 2.732 entreprises. Le constat est sévère. Près de 75 % des dirigeants interrogés déclarent une baisse significative de leur chiffre d’affaires depuis la catastrophe. Seules 27 % des entreprises ont repris totalement leur activité, tandis que plus de la moitié n’ont pu relancer qu’une partie de leurs opérations. Une sur cinq reste à l’arrêt.

L’étude révèle aussi qu’environ 7 % des entreprises sont désormais en redressement judiciaire. « Pour aller sur les territoires touchés, il a fallu se déplacer sur toute l’île, du Nord à Bouyouni jusqu’à Mamoudzou et au Sud, on a déployé six antennes sur le département », précise Nassay Ibrahima. Derrière ces chiffres, c’est tout un tissu économique qui vacille, composé majoritairement de petites structures. Le moral, lui, reste fragile : seuls 15 % des dirigeants se disent confiants pour l’avenir. Même la perspective des effets de la loi sur la reconstruction et la refondation de Mayotte divise : 36 % des chefs d’entreprises affirment y croire, 35 % n’y croient plus du tout.

La cellule RéAC, un guichet unique pour repartir

Mayotte, chambre de commerce et d'industrie,
Boinali Ikibal, directeur Économie et Territoires de la CCIM.

Mais face à ce constat alarmant, la CCIM refuse la résignation. La cellule RéAC se présente comme un guichet unique permettant aux entreprises sinistrées de se régulariser sur les plans administratif, fiscal et comptable, tout en leur donnant accès aux dispositifs d’aide, de financement et de formation existants.

« L’objectif est de permettre la relance des activités économiques, de favoriser la régularisation administrative et d’améliorer la coordination entre les acteurs », précise encore le directeur Économie et Territoires de la CCIM. Il reconnaît qu’auparavant, « on montait des cellules d’urgence sans pouvoir accompagner sur la durée une fois l’urgence passée ». Cette fois-ci, grâce à un partenariat étroit entre la CCI France, l’État et le Conseil départemental de Mayotte, le suivi se fera sur toute l’année.

À la sortie, sur les marches de la CCIM embrumées de chaleur, les discussions se poursuivent. Certains échangent leurs cartes, d’autres parlent déjà de projets à relancer. Un entrepreneur de Kawéni confie à voix basse : « Au moins, on se sent un peu moins seuls ». 

Mathilde Hangard

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