Au lendemain de la rentrée scolaire, ce mardi 26 août, des parents d’élèves de plusieurs communes du territoire expriment leurs inquiétudes. Ils dénoncent des conditions d’accueil qu’ils estiment indignes, insuffisantes ou encore non sécurisées pour leurs enfants.
À Chirongui, un groupe de parents d’élèves a bloqué l’accès à la mairie pour dénoncer un emploi du temps jugé « inadapté » en maternelle, mais aussi l’insalubrité et l’insécurité présentes dans plusieurs établissements de la commune. À Ongojou, le collectif de parents d’élèves Ongojou Uni maintient le blocage de l’école primaire afin d’alerter sur l’état des salles jugées délabrées, le manque d’hygiène et de sécurité, ainsi que l’absence d’infrastructures adaptées. Du côté de Vahibé, ce sont l’école maternelle et l’école élémentaire Vahibé 2 qui restent fermées à l’initiative des parents d’élèves, ces derniers exigent des travaux urgents de réparation pour permettre aux enfants de retrouver leur classe dans de meilleures conditions.
À Vahibé, 5 mois après la rentrée de mars, « rien n’a changé »

Fortement endommagés par le cyclone Chido, les deux établissements de Vahibé n’ont rouvert que lors de la « seconde rentrée » post-cyclone, le 18 mars dernier. A l’école Vahibé 2, les conditions étaient particulièrement difficiles, seules 7 salles de classe étaient opérationnelles pour 16 professeurs et 1.200 élèves. L’école accueillait également les enfants de l’établissement voisin, totalement détruit, ce qui a conduit à l’instauration d’un système de 5 rotations quotidiennes, permettant seulement deux heures d’apprentissage par jour par élève. Contrairement aux écoliers de Tsoundzou, les élèves de Vahibé n’avaient pas été pris en charge par une autre structure pour assurer la continuité pédagogique. Les familles, heureuse d’amener enfin leurs enfants à l’école, mesuraient également l’ampleur des travaux à réaliser pour effectuer une rentrée scolaire dans de bonnes conditions fin août.
Plus de 5 mois après, les parents d’élèves ne constatent aucune amélioration et semblent à bout de nerfs. Les déclarations du maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, qui s’est exprimé sur la situation au micro de Mayotte la Première, ce mardi matin ne les ont pas rassurés.

L’élu a déclaré que « des voyous veulent empêcher que les enfants reprennent l’école à Vahibé », déplorant des dégradations matérielles, comme le sectionnement des tuyaux d’arrivée d’eau, et des actes de vandalisme, qui n’auraient pas permis aux entreprises d’effectuer les travaux nécessaires pendant les vacances scolaires.
Hier, lors de sa visite de l’école de Tsoundzou II, Ambdilwahedou Soumaïla, avait également souligné, « qu’après avoir vécu la catastrophe naturelle la plus dévastatrice de la nation, on ne peut pas parler d’urgence et derrière prendre cinq, six, sept mois d’instruction de dossier, ce n’est pas acceptable », regrettant un retard dans le versement des subventions promises par l’État qui mettent à mal la réalisation de la totalité des travaux, un chantier estimé à 12 millions d’euros.
« Nous voulons une école digne »

« Les querelles avec la préfecture pour les dossiers de subventions, on n’a pas besoin de ça et on n’entend pas cela, ce n’est pas une excuse pour nous », lance un parent d’élève qui a souhaité garder son anonymat. « Nous voulons simplement une école digne, à eux de trouver la solution. On n’en peut plus que nos enfants fassent des rentrées catastrophiques. On veut juste que les travaux se terminent dans les salles pour pouvoir faire la rentrée. Si on récupère les 12 salles de classes endommagées on peut passer d’1 h 45 de cours par élève à 3 h, ce n’est pas beaucoup mais c’est déjà mieux », ajoute-t-il.
« La réalité c’est qu’il n’y a pas grand chose à faire dans cette école. S’ils mettent le paquet, les moyens, la peinture, les portes, s’ils réparent les toilettes, lundi prochain on peut faire la rentrée », assure un autre parent d’élève qui propose aussi l’installation de modulables pour permettre aux élèves d’avoir cinq heures de cours par jour. « Nos enfants méritent mieux qu’un chantier ».

« Concernant les délinquants qui viennent perturber la rentrée, c’est à eux (ndlr : le maire et la préfecture) de sécuriser ces chantiers. C’est eux les responsables, lorsque nos enfants se font agresser sur la route, on porte plainte et il ne se passe rien », poursuit le parent d’élève, « ce n’est pas à nos enfants de payer le manque de prise de responsabilité ».
L’école maternelle de Vahibé est elle aussi fermée par les parents d’élèves. En raison de salles de classe jugées « inutilisables », la petite section maternelle a été supprimée. Les parents ont été invités à conduire leurs enfants dans une école de Tsoundzou pendant la durée des travaux. Un trajet impossible pour de nombreuses familles.
Victor Diwisch