« Si les récifs coralliens et les mangroves ont joué un rôle fondamental dans l’atténuation de la houle, limitant les dégâts sur le littoral, ils ont néanmoins subi de lourds dommages », remarque le Parc naturel marin de Mayotte, dans son premier bilan après le passage du cyclone Chido, dans un communiqué le 26 mai dernier. « Face à la répétition et à l’intensification de ces événements climatiques, une gestion durable des écosystèmes marins s’impose comme une priorité pour l’avenir de Mayotte ».
Un rôle protecteur avéré mais une résilience fragilisée

« Les observations menées après le Chido confirment l’efficacité des récifs coralliens et des mangroves dans la protection du littoral. Alors que la houle atteignait plus de 9 mètres en pleine mer, elle a été réduite à 4 à 5 mètres à l’intérieur du lagon grâce à ces barrières naturelles », poursuit la communication du Parc, qui insiste sur le fait que les écosystèmes ont également subi les conséquences.
« De vastes zones de récifs ont été endommagées, certaines étant presque totalement décapées de leur faune fixée (coraux, éponges, gorgones). Les mangroves ont subi une défoliation estimée à 80 %, et de nombreux palétuviers ont été déracinés. Une quantité importante de macrodéchets, notamment des tôles, containers et épaves de bateaux, jonche désormais les fonds marins et les zones côtières, accentuant la dégradation des habitats ».
Des conséquences préoccupantes pour la biodiversité et les usages maritimes

« Les récifs coralliens qui abritent une biodiversité exceptionnelle, jouent un rôle crucial dans le maintien des stocks halieutiques, essentiels à l’économie locale et à la sécurité alimentaire des Mahorais. Leur destruction affecte directement l’ensemble de la faune marine, augmentant la vulnérabilité des espèces et réduisant la productivité des écosystèmes », alerte le Parc. « La pollution générée par l’afflux de déchets et l’érosion des sols impacte la qualité des eaux du lagon. Une augmentation de la turbidité et une sédimentation excessive peuvent empêcher la régénération des coraux et nuire aux herbiers marins, habitats indispensables aux tortues et aux dugongs ».
El Niño et le changement climatique aggravent la situation
Le Parc naturel marin relève aussi que les écosystèmes marins étaient déjà fragilisés par le phénomène El Niño (en plus du réchauffement climatique) qui a causé un blanchissement massif des coraux avec une mortalité estimée à près de 39%. « Le passage du cyclone Chido a ajouté une nouvelle pression à ces écosystèmes, déjà affaiblis, et ils doivent impérativement se régénérer pour retrouver leur rôle protecteur ».

« Cette double pression – l’effet combiné de la vulnérabilité accrue des écosystèmes et intensification des aléas climatiques – souligne l’urgence d’une action collective pour préserver la biodiversité et la sécurité des communautés locales », ajoute le Parc marin qui préconise la réduction des pressions humaines, comme la pollution, pour favoriser la régénération des récifs et renforcer la résilience du milieu.
Les actions du Parc et l’appel à projet des « Ambassadeurs »
Le Parc naturel marin de Mayotte travaille activement avec ses partenaires pour :
- Mettre en place des suivis scientifiques afin d’évaluer les impacts du cyclone sur les écosystèmes et adapter les actions de gestion.
- Accompagner les acteurs locaux vers des pratiques plus durables en intégrant pleinement les enjeux environnementaux dans la reconstruction post-cyclonique.
- Déployer des initiatives de sensibilisation auprès des habitants, scolaires et professionnels de la mer pour favoriser une prise de conscience collective.
« C’est tout l’enjeu de l’appel à projet « Ambassadeurs du lagon dans les villages », une initiative portée par le Parc, qui mobilise plus de 150.000 euros pour soutenir des actions de sensibilisation et d’engagement citoyen autour du milieu marin », précise le Parc marin.

Le Parc invite les habitants et les usagers du lagon à contribuer à l’évaluation des dégâts via la plateforme TsiÔno. En signalant les impacts observés sur les récifs, les herbiers et les mangroves, chacun peut aider à établir un état des lieux précis et orienter les futures actions de suivi et de restauration.
Malgré Chido, le patrimoine naturel conserve une part précieuse de ses richesses
« De nombreux écosystèmes du Parc naturel marin demeurent en bon état, à l’image de certaines mangroves et récifs coralliens épargnés », confie le Parc marin. « Ces zones préservées constituent un véritable atout pour la recolonisation naturelle des secteurs dégradés, à condition d’être protégées et valorisées ».
En réduisant les pressions humaines et en adoptant une gestion durable des milieux, Mayotte peut renforcer la résilience de ses écosystèmes marins, et préserver les services essentiels qu’ils rendent à la population : protection du littoral, ressources alimentaires, bien-être. Les équipes du Parc naturel marin de Mayotte, en lien avec leurs partenaires, encouragent une restauration dite « passive » des milieux. Cette approche s’inscrit dans ce que l’on appelle des solutions fondées sur la nature : des actions qui s’appuient sur le bon fonctionnement des écosystèmes pour répondre aux défis environnementaux et sociétaux, de manière durable et bénéfique pour tous.