Le passage du cyclone Chido, le 14 décembre 2024, a laissé des séquelles durables sur le tissu agricole mahorais. Pour répondre à la gravité de la situation, la Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DAAF) a annoncé, lundi 13 mai, l’ouverture d’un dispositif de soutien exceptionnel à destination des exploitations agricoles et des petites et moyennes entreprises (PME) impliquées dans la transformation ou la commercialisation de produits locaux. Cette aide vise à compenser les pertes de fonds les plus lourdes, notamment sur les cultures pérennes, dans un territoire particulièrement vulnérable.
Une aide d’urgence sur fonds européens
Le soutien financier est mobilisé dans le cadre du Programme de développement rural (PDR) 2014-2022, via le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER). Il prend la forme d’une subvention forfaitaire d’urgence. Les critères d’attribution varient selon la nature des bénéficiaires et l’ampleur des pertes déclarées. Le dispositif est exceptionnel, tant par sa nature que par son urgence, à la mesure des destructions enregistrées pendant le passage du cyclone Chido, le 14 décembre 2024.
Les pertes agricoles liées au cyclone ont été reconnues officiellement par deux décrets : le décret n° 2024-1184 du 18 décembre 2024, déclarant l’état de calamité naturelle exceptionnelle à Mayotte, puis son renouvellement par décret n° 2025-251 du 20 mars 2025. Ces textes ont ouvert la voie à une réponse publique renforcée pour soutenir un secteur particulièrement stratégique dans l’économie locale.
Des conditions d’éligibilité précises
Le soutien s’adresse uniquement aux structures dont le siège est basé à Mayotte. Pour les exploitants agricoles, plusieurs conditions permettent d’ouvrir droit à l’aide : une déclaration de surface dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) en 2024, une affiliation au régime social agricole au 14 décembre 2024, ou une activité apicole ou avicole déclarée aux autorités sanitaires à cette même date. Côté PME, sont éligibles les entreprises qui peuvent démontrer qu’au moins 50 % de la matière première utilisée en 2024 provenait de l’agriculture locale. Par ailleurs, les structures concernées doivent exercer des activités de transformation ou de commercialisation de produits agricoles.
Les dossiers complets devront être déposés au plus tard le lundi 16 juin 2025 à 16 heures, directement à la DAAF de Mayotte, à Mamoudzou, ou dans l’un des points d’accueil mis en place dans les communes de Coconi, Hamiago et Mtsamboro, en partenariat avec le Conseil départemental, la CAPAM et le GDS. L’accompagnement à la constitution des demandes est assuré par les organisations professionnelles agricoles locales. L’ensemble des documents nécessaires, ainsi que les formulaires de demande, sont accessibles en ligne sur le site de la DAAF.
Une course contre la montre pour sauver les structures
En ouvrant ce guichet d’aide d’urgence, l’État et ses partenaires européens tentent de répondre à une urgence économique et sociale. À Mayotte, où le secteur agricole repose en grande partie sur de petites exploitations familiales et des circuits courts, les pertes occasionnées par le cyclone Chido menacent directement la survie de nombreuses structures.
La mise en œuvre rapide et effective du dispositif sera déterminante pour éviter un effondrement d’une partie de l’économie rurale locale. Ce soutien ponctuel, s’il est bien ciblé et accompagné, pourrait permettre aux professionnels sinistrés de rebondir et de préserver des activités essentielles à la souveraineté alimentaire de l’île.
Mathilde Hangard