Lyliane Piquion-Salomé, présidente de l’association Interco’ Outre-mer, a débuté sa visite d’une semaine à Mayotte, ce lundi 28 avril, sur les hauteurs de La Vigie à Pamandzi, pour observer le chantier intercommunal de la voie de désenclavement du quartier, auprès du président de la Communauté de communes de Petite-Terre (CCPT), Abassi Archadi, du maire de Dzaoudzi-Labattoir, Mikidache Houmadi et de son confrère de Pamandzi, Madi Madi Souf.

Interrompus depuis le passage du cyclone Chido, les travaux sur le site doivent reprendre le 5 mai prochain, après une longue opération de nettoyage des débris et des ordures ménagères et un difficile acheminement des matériaux. La livraison est prévue avec 7 mois de retard. « Environ 10.000 personnes habitent dans le quartier, mais il n’y a pas d’écoles, de lieux publics, les enfants ont parfois 1 h 30 de marche pour rejoindre les établissements scolaires », explique à la présidente, Adrien Michon, directeur de la politique de la Ville et de la cohésion sociale de la CCPT. « C’est horrible« , constate Lyliane Piquion-Salomé, qui souhaite à travers sa visite se rendre compte de la réalité du terrain. « C’est un très beau site, mais il y a des problèmes considérables, et il faut y faire un certain nombre de travaux importants », ajoute-t-elle.
« Tout est prioritaire, c’est compliqué »

« Je suis venue ici pour rendre visite aux élus mahorais et observer les dégâts après Chido. En tant que présidente d’Interco Outre-mer je ne pouvais pas ne pas me rendre à Mayotte », continue Lyliane Piquion-Salomé, qui a ensuite visité le lieu d’accueil enfants-parents de Pamandzi, en contrebas de La Vigie. Un espace inauguré le 8 juillet 2024 qui permet aux parents et à leurs enfants, entre 0 et 6 ans, de mieux se connaître et de construire leurs relations, hors des murs de leur domicile parfois précaire. La maison propose aussi un soutien scolaire aux jeunes du quartier, mais aussi des ateliers divers (cuisine et couture), pour permettre aux parents d’avoir une activité économique.
« Je dois avouer que j’ai un coup de cœur pour Mayotte, j’y ai été accueillie très chaleureusement. Mon objectif est vraiment d’y être présent, des séminaires se sont tenus les semaines dernières, et nous avons compris que les difficultés sont énormes. Tout est prioritaire, c’est compliqué », poursuit Lyliane Piquion-Salomé.
« J’espère vraiment que les fonds de l’Etat seront débloqués rapidement pour que les travaux commencent à se concrétiser parce qu’il y a beaucoup de projets. Mayotte doit être priorisée en terme d’accompagnement ».
« Les Mahorais ne peuvent pas continuer encore longtemps à vivre dans cette situation, notre mission c’est de faire en sorte que les dossiers des intercommunalités soient bien ficelés pour mieux les défendre devant les instances et que les choses avancent. Il faut que Mayotte retrouve un mode de vie acceptable et plus agréable. Pour le moment la situation est indigne et il faut tous se mobiliser pour que ça change », insiste-t-elle.
Les défis de Petite-Terre

« Du côté de Petite-Terre, parmi les projets intercommunaux en cours, il y a cette opération d’aménagement urbain de La Vigie, une opération qui coûtera plus de 100 millions d’euros sur 20, 30 ans, mais aussi la création de la Zone d’activité économique (ZAC) des Badamiers qui est en phase d’appel à projet », précise Abassi Archadi, « on a besoin d’Interco’ Outre-mer pour faire remonter ces dossiers pour obtenir les financements ».
« Et ce n’est pas tout, il faut préparer la sécurisation du littoral car Petite-Terre est très impactée par la montée des eaux, les risques sismiques et cycloniques, et on doit lancer les études dès maintenant pour mieux se préparer. Il y a aussi des équipements et des écosystèmes à sauver comme l’usine de dessalement de Petite-Terre et la Vasière des Badamiers », remarque-t-il.
Lyliane Piquion-Salomé s’est également rendue à l’office de tourisme de Petite-Terre, qui représente un secteur très impacté par Chido. « On essaye d’accompagner au mieux les professionnels du tourisme, on identifie leurs sinistres et on fait remonter les besoins auprès de l’intercommunalité pour tenter d’obtenir des financements« , explique Bibi-Riziki Ousseni, directrice de l’office de tourisme de Petite-Terre. « Le secteur reprend petit à petit, les hébergements et les restaurants rouvrent, mais 80% des bateaux de plaisance ne sont plus en activité aujourd’hui, c’est compliqué », ajoute-t-elle.

Pour pallier cette problématique, la CCPT a lancé la construction d’un ponton au Four à Chaux, qui servira de quai de débarquement pour les pécheurs mais aussi les croisiéristes. Deux bateaux de croisière sont attendus le 12 et le 26 mai prochains, pour marquer la reprise du tourisme.
De son côté Lyliane Piquion-Salomé poursuit toute la semaine sa tournée des intercommunalités. Mardi avec la Communauté de communes du Sud (CCSUD), mercredi avec la Communauté d’agglomération de Dembeni-Mamoudzou (CADEMA) et la Communauté de communes du Centre-Ouest (3CO), jeudi auprès de la Communauté d’agglomération du Grand Nord (CAGNM) et enfin vendredi à nouveau avec la CCPT.
Victor Diwisch