Après Chido, les jeunes de Mayotte préparent la relance du tourisme

Le Forum des Métiers et Formations du Tourisme s'est tenu mercredi 16 avril, Place de la République à Mamoudzou, pour préparer la relance du secteur après le passage du cyclone Chido. 

Ce mercredi 16 avril 2025, la Place de la République à Mamoudzou a accueilli la 3ème édition du Forum des Métiers et Formations du Tourisme, organisée par l’Agence d’Attractivité et de Développement Touristique de Mayotte (AaDTM). L’objectif : réunir jeunes, professionnels et institutions autour d’un secteur stratégique pour l’avenir du territoire.

Dès les premières heures de la matinée, le forum a attiré de nombreux visiteurs. Vingt exposants étaient présents, représentant toute la diversité des métiers liés au tourisme à Mayotte : hôtellerie, restauration, agences de voyage, gîtes, activités de loisirs, compagnies aériennes, et même des professionnels du secteur de la formation, pour attirer de nouveaux talents dans ce secteur. Si l’affluence était forte dès les premières heures d’ouverture, elle s’est estompée en fin de matinée, permettant des échanges plus posés avec les exposants.

Une jeunesse motrice et curieuse

Parmi les visiteurs, des lycéens et étudiants venus s’informer ou conforter leur choix d’orientation. À l’entrée du forum, Keyshia, 19 ans, étudiante en BTS Tourisme au lycée polyvalent de Kawéni, nous a décrit le secteur du tourisme comme une véritable école de la vie : « Je me suis inscrite car je voulais apprendre l’anglais et je voulais apprendre à parler aux gens, prendre la parole en public. Le tourisme aide à s’ouvrir aux gens. »

Mayotte, N'gouja,
Mayotte dispose d’un fort potentiel touristique grâce à ses écosystèmes variés, son lagon et son patrimoine culturel unique, encore trop souvent méconnus

Pour l’étudiante, le tourisme ne fait pas uniquement référence au déplacement et aux mobilités, mais il englobe de nombreuses thématiques autour du bien-être. « Le tourisme ce n’est pas que voyager, c’est aussi l’hébergement, l’agriculture, le sport, tout ce qui est autour et qui permet de se sentir bien, en harmonie avec un territoire et une terre », explique-t-elle avec une maturité déconcertante.

Awad, 18 ans, lui aussi, étudiant en BTS Tourisme au Lycée polyvalent de Kawéni, ajoute une dimension écologique au propos : « Je me suis inscrit dans cette formation car je voulais voyager et connaître les cultures. J’aime que la personnalité aille avec mon travail. Je voulais aussi comprendre comment l’environnement peut avoir des conséquences négatives sur l’environnement et l’équilibre que l’on peut trouver pour le protéger. C’est une balance entre la promotion du territoire d’un point de vue économique et la protection de l’environnement. »

Un secteur encore fragile et en quête de reconnaissance 

À Mayotte, quatre mois après le passage du cyclone Chido, la réalité est nuancée. Le directeur du centre de plongée Happy Divers, Antoine Tordeur, alerte sur la fragilité du secteur : « Le tourisme n’existe pas encore vraiment à Mayotte, on travaille dessus. Il y a une consommation touristique locale, mais l’État ne fait pas du tourisme une priorité. » 

Mayotte, police aux frontières, PAF, ponton, port de Mamoudzou
Le ponton du port de plaisance de Mamoudzou n’a pas encore été réparé, quatre mois après Chido

Les conséquences du cyclone Chido ont été dramatiques sur l’ensemble des infrastructures de l’île. Néanmoins, certains secteurs et certaines zones de l’île ont été moins touchés que d’autres. L’hôtel du Jardin Maoré, situé sur la plage de N’Gouja, bien qu’en rénovation dans une partie de ses installations, continue d’offrir ses services d’hôtellerie et de restauration. De même, le centre O’Lolo, sur la plage de Sakouli, où la beauté de ces lieux et l’afflux de visiteurs le week-end font oublier les ravages du cyclone survenus quelques mois plus tôt. À Mamoudzou, l’hôtel Le Maharadja affiche souvent complet. Toutefois, dans d’autres secteurs, les professionnels du tourisme font face à de grandes difficultés. Certains clubs de plongée n’ont pas repris leurs activités, en raison des dégâts subis sur leurs bateaux, ainsi que sur les infrastructures portuaires de Grande et Petite-Terre, notamment les pontons, rendant impossible l’embarquement et le débarquement des passagers.

À ce sujet, le gérant de Happy Divers ajoute que les aides de l’Etat à l’égard des structures de tourisme ont été extrêmement limitées après le cyclone, ne permettant pas aux structures touristiques « dans les clous » et « assurées » de se remettre à flot. Il mentionne également l’urgence d’accompagner les secteurs de la formation dans le domaine touristique pour susciter des vocations auprès des jeunes et former la populations aux métiers du tourisme pour l’attractivité de l’île. « Si on veut continuer de croire en la filière touristique à Mayotte, il faut mettre en valeur ces métiers auprès des jeunes pour que la filière puisse rebondir après Chido », conclut-il. 

Mathilde Hangard

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