À Mayotte, les prix des billets d’avion s’envolent…

Lors du passage du cyclone, l’aéroport a été ravagé, provoquant l’isolement aérien de l’île pendant plusieurs jours. La reprise des vols commerciaux le 1er janvier a permis à des familles séparées pendant le cyclone de progressivement se retrouver. Malgré cela, certains habitants tardent toujours à rejoindre l’archipel, en raison de la cherté des billets d’avion.

Dévasté par Chido, le 101ème département français n’est plus aussi attrayant qu’avant. Pourtant, si vous voulez vous y rendre depuis Paris, les compagnies aériennes proposent des billets d’avion à des prix exponentiels, parfois largement plus chers que pour se rendre de Paris jusqu’en Nouvelle-Calédonie, où 16.732 kilomètres séparent les deux territoires, contre 8.039 kilomètres entre Paris et Dzaoudzi.

À Mayotte, prendre l’avion requiert une fortune 

Un aller-simple direct de Paris à Dzaoudzi, hors période scolaire, coûte 1.594 euros, sur Air Austral

À titre d’exemple, prenons la date du mercredi 5 février 2025. Pour un aller simple direct en classe économique de Paris à Dzaoudzi, aucun vol n’est disponible. En effet, seuls deux vols directs reliant Paris à Dzaoudzi sont opérationnels, et cela, bien avant le passage du cyclone. Le lendemain, soit le jeudi 6 février 2025, un unique vol direct opéré par Air Austral est proposé, à 1.594 euros, sans bagage.

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Pourtant deux fois plus loin de l’Hexagone, il est finalement moins cher d’aller à Nouméa qu’à Dzaoudzi

En comparaison, ce même jour, un vol de Paris en direction de Nouméa est disponible, moyennant une courte escale de deux heures à Bangkok, au tarif de 1.072 euros, soit plus de 500 euros de moins qu’un trajet pour Dzaoudzi.

Un billet pour un pays étranger coûte moins cher qu’un trajet vers les Outre-mer

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Un trajet direct de Paris à Dzaoudzi en classe économique coûte plus de deux fois plus cher que pour se rendre à l’île Maurice

Malheureusement, les passagers ne sont pas au bout de leurs peines, car les trajets les moins chers sont également toujours les plus longs. Pour se rendre à Mayotte, les tarifs les moins chers au départ de Paris concernent des trajets à une ou plusieurs escales, comme à La Réunion, d’autres trajets incluent de passer une nuit d’escale dans un autre pays, comme à Nairobi, au Kenya. Pire encore, les prix des billets d’avion entre l’Hexagone et un département français, comme Mayotte, coûtent plus chers que pour se rendre dans un pays étranger, à la même période. Par exemple, jeudi 6 février, un trajet direct en classe économique au départ de Paris Charles-de-Gaulle vers l’île Maurice, coûtera 765 euros, avec la compagnie aérienne Air France.

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À La Réunion, quatre vols directs par jour permettent de relier Paris à St Denis, à des tarifs plus raisonnables

Face à cette situation, les passagers sont excédés. À l’aéroport de Dzaoudzi, ces réactions se comptent à la pelle. « C’est scandaleux, c’est trop cher, même le moins cher est déjà trop cher, et on achète car on n’a pas le choix, sinon on ne peut pas partir », s’offusque un passager qui s’apprête à rejoindre Paris. « Avec Chido, on a déjà tout perdu, on n’a plus de maison, plus de toit, plus d’affaires, et les billets d’avion sont encore plus chers qu’avant », peste une passagère.

L’espoir de Zena Airlines ?

En règle générale, les tarifs proposés par les compagnies aériennes se basent sur le prix du carburant, les taxes aéroportuaires, la prestation proposée, la maintenance technique nécessaire mais surtout la compétitivité de la compagnie dans la zone desservie. Depuis une vingtaine d’années, les Mahorais s’attellent à dénoncer l’augmentation exorbitante des tarifs des billets d’avion vers et au départ de l’archipel. Le 14 octobre 2024, le président du Conseil départemental, Ben Issa Ousseni, estimait que cette situation de monopole aérien quasi-exclusif de la compagnie aérienne Air Austral avait largement profité au groupe, et votait en faveur d’une subvention de 500.000 euros, pour aider la compagnie aérienne Zena Airlines à obtenir son Certificat de Transport Aérien (CTA). À l’époque, la compagnie devait déposer une demande auprès de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), pour l’obtention d’un certificat, l’autorisant à transporter des passagers vers et depuis Mayotte. Depuis le passage du cyclone Chido le 14 décembre dernier, ce sujet est resté en suspens et la compagnie n’a pas encore fait atterrir de meilleures perspectives pour les Mahorais.

Mathilde Hangard

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