Une dizaine de jours après le passage du cyclone qui a dévasté l’île, Carla Baltus, ancienne présidente du MEDEF Mayotte, nous a accordé un entretien afin de faire le point sur les aides dont pourrait bénéficier Mayotte. Plusieurs organismes ont été sollicités pour fournir à l’Etat français une liste des aides qui seraient nécessaires pour la reconstruction de Mayotte. Carla Baltus, ainsi que l’ordre des experts-comptables se sont prêtés au jeu, fournissant une liste de doléances pour affiner la vision métropolitaine de l’aide nécessaire à destination des entreprises.
L’ancienne présidente du MEDEF nous rappelait que pour l’instant, les besoins essentiels pour une reprise d’activité des entreprises qui le pourraient, n’étaient pas remplis, l’eau et l’électricité n’étant que très rarement disponibles : « Il y a des boulangeries qui ont de la farine et qui voudraient produire du pain, mais elles sont privées d’électricité. ». Elle nous signalait aussi que les salariés ne sont pas encore en mesure de regagner leur lieu de travail, soit parce qu’ils sont blessés, soit par ce qu’ils essayent de sauver ce qui leur reste en reconstruisant leur maison : « On ne va pas se mentir, certains de nos salariés vivent dans des cases en tôles ».
Assez rapidement, les documents concernant les premières mesures d’aides aux entreprises ont été disponibles sur les sites gouvernementaux, n’étant finalement que des procédures automatiques et non-spécifiques. Mayotte attend maintenant la prise de mesures exceptionnelles en rapport avec la gravité de la catastrophe. L’ancienne présidente du MEDEF attend notamment la prise en charge à 100% de l’activité partielle au lieu des 60% prévu à l’origine, ainsi qu’une exonération totale des charges sociales au lieu d’un simple report : « Ce n’est que ce type de décision qui peut nous sauver ».
Face aux difficultés actuelles, les entreprises attendent aussi une prise en charge rapide des factures émises bien avant le cyclone auprès des administrations et services de l’Etat, dont beaucoup ont déjà atteint les dates limites de règlement, les faisant basculer dans le panier des factures impayées. Aux dernières informations, ces factures ne seront prises en compte au mieux début 2025, les fêtes de fin d’année et le bouclage des budgets mettant un coup de frein à toute activité.
Dix jours après le passage de Chido, c’est l’inquiétude qui domine, aucune mesure d’exception n’ayant été encore prise. Le MEDEF attend notamment la création d’un Prêt Garanti par l’Etat et un « plan Marshall » pour Mayotte dans les plus brefs délais, car chaque jour qui passe ajoute un peu plus à l’angoisse des gens qui ont déjà tout perdu.
Carla Baltus nous précisait aussi qu’il était nécessaire de mettre en place la mesure générale de non-requalification fiscale, détaillée sur Lettre ouverte au président de la République. Cette disposition consiste à protéger les entrepreneurs bénéficiant d’une défiscalisation, dont les termes prévoient que si le matériel défiscalisé venait à ne pas être exploité, la somme fournie en défiscalisation devra être remboursée par l’entreprise. On imagine bien que suite au cyclone, beaucoup de matériel bénéficiant de ce type de financement sera amené à ne pas être exploité pendant assez longtemps, amenant certaines entreprises à ne pas pouvoir continuer leur activité, en proie à des remboursements impossibles.